Chapitre 40

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02/02/1990. 02/02/2008. 18 ans.
Cela faisait déjà 1h que j'étais réveillée, que je traînais dans mon lit.
En temps normal, j'imagine que chaque personne le jour de ses 18 ans s'est réveillée et a sauté partout, voulant faire savoir au monde entier qu'elle avait sa majorité. Moi non, je ne voulais pas bouger de mon lit, voir personne à part ma mère. Mais ça c'était évidemment trop demander...
Normalement, j'aurai du être contente d'avoir 18 ans mais là j'avais carrément envie de chialer. Le premier anniversaire que je fêtais sans ma mère et sa joie. Le premier et malheureusement pas le dernier.
Actuellement, j'avais juste envie de passer ma journée devant un film aux côtés de Mohammed sans que personne ne nous dérange.
Un petit sourire se dessina sur mon visage en pensant à Mohammed. Nous ne filions pas l'amour parfait, loin de là. Plusieurs fois nous nous étions disputés à cause de sa jalousie presque maladive ou de la mienne ou à cause de nos caractères têtus. Malgré tout, certes je ne lui avais jamais dit clairement, mais mon cœur ne battait que pour lui.
Mes yeux n'étaient que pour lui, bien que parfois il pensait que je m'attardais sur d'autres gars, ce qui était faux les quatre quarts du temps.
Je soupirais. Peut-être qu'il était temps de me lever. Tout d'abord, je jetais un coup d'œil à mon portable. J'avais une tonne de messages d'anniversaire. Seuls quelqu'uns attirèrent mon attention.

{De Mohammed à Ethel} :
Joyeux anniv' mon Mini Pouce. J'dis rien en SMS j'attends cet aprèm...

{De Ali Baba à Ethel} :
Ma reusss ! Bonne majorité de toute La Banane ! On fête ca fort ce soir !

{De Laïka à Ethel} :
18 ans askip ? Nooooon joyeux anniversaire ! Salope t'as 18 ans !

{De Alpha à Ethel} :
Toute l'équipe de Paul Bert et de Paris sud te souhaite joyeux anniv' ma grosse ;) (ils avaient juste pas envie de payer 2€ de forfait vu qu'ils te voient ce soir...)

Je souris mais ne répondis pas. Aucune envie d'envoyer un message hypocrite les remerciant alors que mon moral était dans mes chaussettes. Ils avaient quand même réussi à me faire sourire. Je replongeais ma tête dans mon oreiller. J'aurais aimé y rester toute la journée et attendre que ce jour passe. Malheureusement, c'était impossible à réaliser.
Ma journée était déjà tout organisée, j'allais rejoindre Mohammed, passer l'après-midi avec lui et le soir fêter mon anniversaire et faire la fête jusqu'à être raide. Programme simple et efficace, pas besoin de réfléchir, ce qui m'arrangeait.
Dans un effort inhumain, je sortis de mon lit et descendis mes escaliers.
Ella et Pierre, avec qui elle était officiellement en couple, étaient sagement installés sur le canapé.

-Joyeux anniversaire ma nièce ! cria Ella.
-Joyeux anniversaire !

Je leur lançais un sourire forcé. Le "ma nièce" m'avait juste rappelé que je n'entendrai plus le "Joyeux anniversaire ma fille" de ma mère.

-Merci.

Je ne calculais pas plus que ça et filais dans la cuisine.
Alors que je mangeais mes traditionnelles tartines, Ella débarqua une boite rouge d'une fameuse marque entre les mains.

-Non ! m'exclamais-je gênée. Il fallait pas.
-Si, elles sont tellement belles ! J'étais obligée de te les acheter.

Elle posa la boite sur la table. Je l'ouvrais et sortis les chaussures. C'était une paire de basket basse et plates. Elles étaient toutes blanches et les coutures et les lacets étaient dorées.

-Elles sont canons ! Cimer !

Elle sourit et m'embrassa le front, bien que je détestais ça. Sauf quand c'était Mohammed. Elle sortit de la cuisine. Je souris seule et continuais de manger.

-Mini Pouce ! cria Mohammed en me voyant.

Il s'était levé de sa chaise pour m'accueillir.
Je souris, gênée. Il sourit et écarta ses bras, je m'y réfugiais immédiatement dedans. Il me couvrit le visage de bisous.

-Joyeux anniversaire mon bébé.

En guise de remerciement, je posais délicatement mes lèvres sur les siennes. Il m'embrassa une dernière fois le front et nous nous assîmes face à face, à la terrasse du café.

-Ça y'est on est un couple majeur ! rigola-t-il.

Je rigolais simplement. Mohammed but une gorgée de son coca et me regarda étrangement.

-Ça va ?
-Je passe pour la relou de service si je te dis non ?

Il haussa les épaules.

-Non. Si tu m'avais dit que tout allait bien j'aurais trouvé ça chelou ou hypocrite envers nous deux.

Je lui souris, heureuse qu'il soit compréhensif étant donné qu'il avait du mal à se rendre compte de certaines choses parfois. Je ne pouvais pas lui en vouloir, ce n'était pas facile de se mettre dans la peau d'une fille orpheline.

-Elles claquent tes baskets !
-C'est Ella qui me les a achetés, merci.
-Ça va mieux avec elle ?
-Faut croire. Au final je peux pas lui en vouloir, c'est sur qu'un lundi à 21h demander si je peux accueillir un pote qui s'est fait viré de chez lui c'est pas tentant, après elle aurait pu accueillir Ken une nuit au moins.
-Au final Ken s'en est sorti, mais j'avoue que j'étais en stress pour lui. Juste le soir où personne peut l'accueillir il se retrouve à la rue.
-Mais Eva pouvait pas l'accueillir ?
-Eva c'est une bourgeoise du 16e, t'imagines la gueule de ses parents si elle demande que son petit copain, "kaïra" du 15e qui s'est fait viré de chez lui puisse dormir chez elle ?

J'acquiescais et rigolais. Nous passâmes l'après-midi à la terrasse de ce café. Il avait réussi à me faire passer mon cafard et m'avait mise de bonne humeur. Vers 18h, Mohammed me raccompagna chez moi pour que je puisse me préparer pour le soir, la fête de mes 18 ans.

Depuis l'adolescence \\ SNEAZZY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant