Ici dans ce chapitre apparaitra un personnage ayant réellement existé. J'ai néanmoins décidé de modifier toute son histoire pour qu'il puisse coller avec ma fiction. Ces modifications ne contestent en rien les plus importants faits historiques du 17e siècle.
Midi était passé depuis quelques temps. Les deux maîtresses de maison s'occupaient à lire ou à broder dans le salon qui faisait office de pièce principale.
Ce salon, grand et espacé était composé d'une grande fenêtre habillée d'un large rideau rouge aux filaments or. Un splendide carillon trônait dans un coin de la pièce, où ses sonneries de cloches, vives et gaies indiquaient les heures passées.
Des portraits de famille habillaient les murs. Au-dessus de la cheminée taillée de manière baroque, pouvait être admiré le portrait du père de madame de Marquet et de monsieur de Lestrange. Cette peinture montrait un homme déterminé grâce à un regard plein d'assurance. Placé de profil et se soutenant à l'aide d'une canne, sa posture indiquait qu'il était puissant et fier de l'être. Il était vêtu richement et sur sa tête, une perruque tel le Roi lui-même aurait pu porter.
Juste à côté, celui de sa femme, beaucoup moins somptueux, elle était assise et avait un regard platonique, taciturne. Les yeux rougis, on pouvait déjà voir le destin qui lui était réservé. A la gauche du patriarche, un autre tableau représentant trois enfants âgés entre huit et onze ans. Il ne pouvait s'agir que de madame de Marquet, de monsieur de Lestrange et leur grande sœur Héloïse, madame Dunoyer. Au centre, le garçon souriant semblait encore innocent. Vêtu d'une simple chemise, il ne paraissait pas moins beau pour autant. A sa gauche, sa grande sœur. Madame Dunoyer était la plus fragile des trois mais aussi la plus pure. Le regard neutre, on pouvait constater sur cette toile qu'elle ne semblait pas à l'aise et très renfermée sur elle-même. Les épaules relevées, la tête baissée, seule son regard était bien cadré. A la droite de monsieur de Lestrange, la cadette, Charlotte, la plus rebelle des trois. Ses yeux étaient rivés sur autre chose car son regard n'était pas posé vers le spectateur. Les sourcils légèrement froncés, un sourire malicieux aux lèvres, le caractère de la dernière était déjà bien présent.
Ces trois tableaux représentaient la famille de Lestrange et en dessous se situait leur emblème, un "L" majuscule fait d'or.
Des bruits de pas résonnèrent, un domestique fit son entrée dans le salon. Madame de Marquet releva aussitôt la tête et décrocha de son ouvrage qu'elle avait tantôt commencé.
- Qu'il y a-t-il Lucien ? demanda-t-elle
Le domestique s'avança lentement mais surement, fit une révérence et tendit un cachet à la jeune femme.
- Madame, voici une lettre provenant de Versailles.
Madame de Lestrange cessa sa lecture et lança un regard interrogateur à son amie. Cette dernière lui répondit par un sourire rassurant et prit la lettre.
- Si cela vient de Versailles, cela ne peut provenir que de Louise. affirma-t-elle
Elle fit signe au domestique qu'il pouvait disposer. Madame de Lestrange posa son livre sur la table de chevet se situant près d'elle.
- Voudrait-elle que nous la conviions à un séjour comme celui de l'année précédente ? questionna-t-elle
- Ou peut-être juste nous donner de ses nouvelles !
Madame de Marquet se leva de son siège, laissant une légère profondeur sur le coussin et se posa près de la baie vitrée. Elle commença à lire la lettre à haute voix.
-Chère Hortense, chère Charlotte,
Comme tous les étés, je viens passer un mois dans votre résidence afin que nous puissions nous voir à l'abris des regards de la cour. Je passerais comme chaque années le premier jour du mois. Je ne pourrais point rester très longtemps car il me faudra rejoindre le centre du Languedoc pour y déposer ma fille Clothilde, au sein d'un couvent.
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Prodigieux Souvenirs [TERMINÉ]
Historical FictionTOME 1 Été 1702 au Vivarais, les deux amies Charlotte de Marquet et Hortense de Lestrange sont désormais mariées aux hommes qu'elles souhaitaient et élèvent comme elles peuvent leurs enfants. Malheureusement rien ne se déroule comme prévu. Les trom...