VIII bis

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- Béline apportez une bassine d'eau et des serviettes ! s'exclama Mme de Marquet paniquée

- Madame, les enfants sont derrière la porte et se posent des questions, que dois-je faire ?

Mme de Marquet était encore sonnée, ses cheveux en bataille en disaient long sur son angoisse.

Un médecin avait été prévenu et était arrivé aussitôt. Il s'agissait d'un vieil ami de la famille, preux et très servant. L'heure était tardive mais il n'avait pas hésité à se déplacer, il était encore en chemise de nuit et un bonnet recouvrait le sommet de son crâne.

Après un examen partiel sur sa patiente il avait jugé le cas si grave que seules deux options s'offraient à lui. La décision revenait à présent à la personne la plus proche de Mme de Lestrange.

- Mère, que se passe-t-il... demanda timidement Maxence qui attendait péniblement dans le couloir

Le pauvre enfant n'osait franchir la porte, les cris de douleur de la part de sa tante le faisaient déjà bien trop frissonner.

Victoria était en crise de larmes, elle pensait déjà que sa mère n'était plus de ce monde. Son aînée tentait de la rassurer au mieux mais hélas, la jeune fille était tout aussi apeurée. Seule Clothilde semblait garder son calme. La princesse était déjà habituée à la mort, à Versailles, nombreux étaient ceux qui mouraient consumés par la maladie ou les accouchements.

Mme de Marquet s'approcha de la porte, épuisée, elle stipula avec colère :

- Regagnez tous vos chambres, je ne veux pas voir un seul d'entre vous roder dans les parages. Suis-je claire ?!

Les enfants sursautèrent, ils ne comprirent guère sa réaction et cela amplifia leur crainte commune.

- Ma tante pourquoi êtes-vous si méchante ? balbutia Victoria entre deux reniflements

M. et Mme Böttger arrivèrent au même moment alertés par l'agitement au deuxième étage.

D'un regard, Johann sut qu'il devait éloigner chacun des petits. Mme Böttger prit sa fille dans le bras et l'emmena avec elle sans ajouter un mot. Son époux soupira face à son comportement qu'il jugeât bien égoïste.

- Où se trouve votre mari ? s'enquit-il auprès de Charlotte

- Un de mes serviteurs l'a emmené dans la cave où il l'a soigneusement ligoté. J'appellerai demain un officier de la région qui ouvrira un procès contre lui ! lui apprit-elle

- Je n'y comprends plus rien ! C'est votre compagnon qui a provoqué tout ce désastre ?

- Johann, je ne puis rien vous expliquer en la présence de si jeunes enfants, occupez les je vous en conjure.

Elle referma la porte, Béline avait entre-temps apporté la bassine et les serviettes.

Elle était passée par l'antichambre, nul ne l'avait vu.

Hortense criait à en perdre la raison, son vœux le plus cher était celui que ce cauchemar cesse même si la mort était le seul remède.

- Si je meurs, sauvez mon enfant Charlotte, sauvez le... peinait-elle à dire, je vous en prie, sa vie contre la mienne...

Son amie avait pris place sur son lit baldaquin et lui caressa les cheveux.

- Ne dîtes pas n'importe quoi Hortense, vous allez vivre. Vous allez survivre pour vos filles. Vous n'avez pas le droit de les abandonner. Vous êtes forte, allons vous avez fui notre couvent par amour malgré votre foi. Vous avez traversé la France entière puis parcourut la Suisse pour retrouver ma mère et ma sœur. Vous vous êtes faite passée pour une espionne pour franchir les frontières, vous avez sauvé Simon des galères. Ne vous éteignez pas après tous ces prodiges. Hortense, Hortense, regardez-moi, non ne fermez point les yeux ou vous ne pourrez les rouvrir !

Prodigieux Souvenirs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant