VIII

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Le dîner fut servi dans la plus spacieuse des pièces : la salle à manger. Une salle rappelant typiquement la mode baroque.

Un chandelier fait de bougies en or et brodé de perles d'argent illuminait la pièce entière. Du marbre faisait office de sol. Une grande table rectangulaire siégeait au milieu sous le chandelier. La table était en onyx et le service en vermeil. Tout resplendissait mais le plus impressionnant restait les grandes fenêtres vêtues d'un cadre doré où un magnifique paysage illuminait toute la pièce. De grands sapins pouvaient être aperçus. Le printemps naissant laissait apercevoir les jeunes feuilles y poussant.

Au centre, la table présentait des mets plus appétissants les uns que les autres. Quatre servants siégeaient près d'un plateau où un porc cuisait tranquillement. Mme de Marquet marchait devant tous et présenta la majestueuse salle :

- Autrefois mes parents organisaient de fabuleux banquets ici. Parait-il que mon grand-père y aurait invité notre défunt roi Louis le treizième. Notre religion ne semblait point gêner à l'époque. Notre demeure était sans cesse vivante. Lorsque les nobles souhaitaient s'exclure en province, c'est dans notre château qu'ils trouvaient la paix. J'aurai aimé connaitre ces grands bals. Malheureusement, l'abolition de l'édit de Nantes nous a condamné à vivre reclus et cachés.

Mme de Marquet convia ses hôtes à s'asseoir et fit de même avant de poursuivre :

- Bien que mon frère et moi soyons convertis, nous n'invitons plus personne car à dire vrai nous ne connaissons pas grand monde. Nous recevons parfois la noble famille voisine où nous acceuillons avec eux nos musiciens privés.

- Votre frère ne vit plus ici ? s'enquit Mme Böttger qui se servit une coupe de vin

- Si, mais ses affaires font qu'il ne rentre pas souvent ...

- Père devrait bientôt revenir ! s'exclama Victoria, pas vrai mère ?

Mme de Lestrange acquiesça.

- Ah je vois ! Ces deux filles sont donc vos nièces ? Je me disais bien qu'il y avait un air de famille. Votre fils et Victoria se ressemblent.

Les deux enfants se regardèrent. Leur chevelure était similaire et leurs yeux rieurs prouvaient qu'ils provenaient de la même famille.

Le repas se déroula ensuite dans un plat silence où seule l'argenterie résonnait au creux des assiettes.

Une servante ouvrit sauvagement les grandes portes et accourut auprès de Mme de Marquet. Elle n'eut malheureusement guère le temps d'annoncer quoi que ce soit que les portes claquèrent à nouveau.

- Pardonnez-moi de déranger ce repas mais j'aimerais m'entretenir avec mon épouse ! s'exclama une voix rauque que Mme de Marquet reconnut immédiatement

Elle s'essuya expressément la bouche et quitta la table tout en s'excusant.

Mme de Lestrange devint soudainement pâle ce qui n'échappa pas à l'œil de son aînée.

Charlotte entraina son mari vers le salon où on le faisait autrefois patienter les visiteurs ou invités. Un salon assez étroit et quelconque. Un sofa marron et une table basse vermeil faisait office de décor. Il n'y avait aucune fenêtre pour aérer cet endroit froid et renfermé.

Une dispute houleuse naquit alors entre l'ex couple.

- Pourquoi une telle scène ? fulmina la ténébreuse, souhaitiez-vous une nouvelle fois m'humilier ?

M. de Marquet lui saisit les mains. Un geste de nature romantique mais qui ici semblait comme forcé et agressif.

- Je voulais simplement rappeler à votre entourage que nous étions liés et ce jusqu'à la mort !

Prodigieux Souvenirs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant