Partie I: I

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La vieille dame se sent de plus en plus faible et comme vulnérable. Que dire, que faire ? Il lui faut maintenant narrer tous les évènements de sa vie pour partir en paix.

Elle se redresse sur ses avant-bras et défait son bonnet laissant apparaître ses raides et fins cheveux presque incolores. Autrefois pourtant ils étaient d'un volume et d'une brillance que beaucoup de dames jalousaient.

Elle se tourne vers sa confidente prête à raconter chaque épopée de sa longue existence et lui prend la main.

-Je ne sais par où commencer... balbutie-t-elle, tout cela remonte à si loin...

Margaux se contente de lui jeter un regard plein de confiance et de gentillesse avant de clamer :

-Débuter par votre plus lointain souvenir celui qui vous a le plus marqué

La mère de Lestrange rit avant de répliquer :

-J'ai tant de souvenirs ma fille mais une si petite mémoire malheureusement...

Elle soupire et projette son regard vers la fenêtre, ce qu'elle aime contempler les paysages. Mais en étant cloîtrer dans ce lit ce plaisir lui est maintenant clos. Elle ferme les yeux un court instant se remémorant tout ce qu'elle peut.

-Tout a débuté durant l'été 1702. J'avais déjà pu observer six printemps, le septième n'allait point tarder. J'adorais cette saison puisque ma sœur mon cousin et moi-même passions notre temps dans nos somptueux jardins entretenus par les meilleurs jardiniers du Languedoc. Je me rappelle encore de l'odeur du lilas caressant ma peau et que j'effleurais du bout des doigts. Nous formions un trio inséparable et très peu de disputes venaient ternir ce lien si fort qui nous unissait. Maxence était le seul et unique fils de ma tante, elle le chérissait certes mais se montrait parfois trop dure envers lui. Elle le voulait parfait, nul droit à l'erreur, excellence rimait avec Maxence. Lorsqu'elle le disputait pour de si petites bêtises et qu'elle l'envoyait souper dans sa chambre, Victoria et moi venions le réconforter en imitant son ton hostile et austère dans un même temps. Il essayait de ne pas rire car il s'agissait tout de même de sa mère mais ma foi nous l'imitions si bien qu'il lui était impossible de se retenir. Nous, les filles de Lestrange étions chéries comme de petites reines au château et nous mangions tellement que Victoria était devenue grassouillette. Je me moquais souvent d'elle en lui touchant son ventre et en la comparant à un gigot. La pauvre finissait souvent vexée mais ne se plaignait jamais auprès de ma mère. Ah ma mère, elle était si douce et si agréable à vivre. Je m'en veux aujourd'hui de lui avoir causé tant de tracas.

Elle s'arrête un moment et sourit. Elle veut revivre tout cela au plus profond d'elle, elle tente de tout faire ressurgir.

Elle songe.

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- Aller Isabelle, dépêchez-vous ou le poulain va naître ! cria Maxence tout en courant vers l'écurie

La rouquine était à la traine et ne semblait pas apprécier l'empressement de son cousin.

- Pas si vite ! Vous m'essoufflez tous les deux, je n'en peux plus... souffla-t-elle épuisée

- Aller ! Même Victoria est plus rapide que vous !

Maxence marchait à grands pas dans les hautes herbes encore un peu mouillés par l'arrosage quotidien.

- C'est vrai ça ! renchérit la plus jeune, je veux le voir ce poulain moi !

Isabelle fit de son mieux pour les rattraper.

- Et puis... ajouta cette dernière en essayant de reprendre son souffle, à l'heure qu'il est, nous devrions être en train d'étudier, nous allons être grondés !

Prodigieux Souvenirs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant