IV

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- C'est mon anniversaire ! C'est mon anniversaire ! répéta Victoria en secouant dans tous les sens, sa grande sœur qui somnolait encore

La rousse agacée par tous ses gémissements la repoussa à l'aide de son bras et la fit tomber à la renverse. La petite ne se laisse pas démonter et tira les draps ramenant Isabelle à elle. L'aînée se cogna sur le sol et porta une main à sa tête tout en dégageant ses boucles rousses.

- Je sais que c'est votre anniversaire Victoria ! vociféra-t-elle, vous le rabâchez depuis presque une semaine

La cadette, déjà vêtue de la tête au pied d'étoffes brunes tourna en rond.

- J'ai le même âge que vous ma sœur, vous ne pouvez plus me donner d'ordre ! ricana-t-elle

Isabelle se releva et déplissa sa chemise de nuit, puis se vautra sur la plus jeune tout en lui ébouriffant les cheveux.

- Mais vous oubliez que dans deux mois je vieillis moi aussi d'un an ma chère et tendre petite sœur !

Victoria se débattit de son emprise tout en riant puis courut dans le vaste couloir dédié aux enfants. Sa sœur était à ses trousses, elle n'en avait pas terminé avec elle.

La plus rapide accéléra et dans son élan, poussa une femme de ménage qui quant à elle renversa sa bassine d'eau. Victoria se retourna précipitamment mais n'arrêta pas sa course et étouffa un léger rire dans sa manche.

- J'ai de plus grandes jambes, je vais bien vite vous rattraper ! s'écria Isabelle non loin derrière

Cette dernière fit à son tour chavirer une domestique, et qui plus est Béline.
La bonne fit deux tours sur elle-même, tentant de ne pas renverser son plateau. Elle ne cacha pas son agacement et claqua :

- Mesdemoiselles, regagnez immédiatement vos chambres !
Aucune des deux ne prit en compte sa remarque. Béline souffla et remit son bonnet de laine en place, déposa son plateau sur une commode qui prônait le couloir et se lança à leur poursuite.

- Isabelle vous êtes en guenille, cela n'est point acceptable ! enchaîna-t-elle

À tour de rôle, les trois ralentirent et tournèrent à l'angle puis continuèrent leur périple où chacune renversait meubles, vases et tableaux.
Puis la cadette eut la bonne idée de prendre place sur la rambarde de l'escalier en colimaçon, là où elle se laissa glisser ce qui inquiéta la bonne.

- Vous allez me rendre folle ! Je peux vous assurer qu'après vous je ne me chargerai plus d'aucun enfant ! Vous êtes si bornées ! jura-t-elle en prenant soin de descendre les escaliers de manière convenable

Arrivée en bas, la cadette souhaita reprendre son souffle et observa les alentours : Isabelle n'y était plus.
Elle décrocha un sourire malicieux et se frotta les mains ; c'était elle la plus rapide.
<< Après cette course, elle ne pourra plus dire que je ressemble à un gigot, j'ai plus d'endurance qu'elle ! >> pensa-t-elle

- Ahah ! clama sa grande sœur
Elle sauta sur son dos et la fit basculer en avant.
- Vous pensiez m'avoir semé, mais je m'étais bien cachée, maintenant dîtes le ! ordonna-t-elle
- Non je ne le dirais pas ! objecta sa victime

La rouquine mit tout son poids sur son dos.

- Dîtes-le : Isabelle, je suis inférieure à vous, vous êtes mon unique maître. prononça-t-elle en prenant une voix faiblarde

Il était rare de la voir si joueuse et libérée.

- Il suffit ! ordonna Béline en se roulant sur Isabelle pour la séparer de la plus jeune
- Mais ma bonne, nous jouons ! se défendit Victoria
- Des filles de noble famille ne se roulent pas par terre. gronda alors leur tante en prenant place devant elles

Prodigieux Souvenirs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant