III

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- La fièvre ne baisse pas madame... confia l'un des médecins, à l'heure qu'il est, le seul conseil que je puis vous prodiguer est celui de prier.

Mme de Marquet ne lâchait pas son fils du regard. À quoi bon prier ? Le ciel lui avait déjà ôté plusieurs années de son enfance ainsi que la vie de son père. Prier l'avait conduite dans un couvent où très souvent elle avait cru devenir folle. Elle refusait de le faire, elle se battrait pour sa survie, elle n'abandonnerait rien.

Elle posa sa main sur le front du jeune garçon. Il avait perdu toutes couleurs et ne semblait plus rien attendre.

A l'autre bout du couloir tournait en rond M. de Marquet. Il n'osait pas entrer, il n'osait pas se confronter au regard de son épouse. Comment lui annoncer tant d'un coup ?

- Je suis sûr que Maxence va s'en sortir, le rassura son cousin M. de Lestrange, après tout nous sommes tous robustes dans la famille...

François lui accorda un léger sourire mais n'en resta pas moins angoissé.

Des talons s'écrasèrent une nouvelle fois sur le sol, semblant claquer toute leur colère et leur mépris.

- Messieurs, il est temps pour nous de nous réunir ! déclama Mme de Lestrange qui se pressa vers eux

- A quel sujet ma chère ? l'interrogea son époux

Elle fixa d'un mauvais œil M. de Marquet. Hortense n'avait jamais réussi à bien cerner cet homme. Elle se demandait même comment lui et son mari pouvaient provenir de la même famille.

- Au sujet de Thomas, son autre fils... cracha-t-elle en désignant du doigt le principal concerné

- Quelle garce... murmura le coupable en pensant à la bonne

- Béline n'y est pour rien, je vous ai surpris bien avant !

Ils se réunirent dans le fameux bureau de M. de Lestrange. Sa femme raconta chaque détail qu'elle avait pu lire dans la lettre. M. de Marquet ne tenta point de se défendre, les faits étaient concrets. Néanmoins il restait de marbre face à toutes ces accusations.

Au fil de la conversation, le visage de son cousin tourna peu à peu au mépris.

- Comment avez-vous pu manquer à ce point de respect envers ma sœur ? tempéra-t-il

- Je ne pensais pas que cela irait aussi loin... se défendit l'accusé

M. de Lestrange tapa du poing. Il était rare de le voir en colère, mais la famille était bien trop sacrée pour lui.

- Vous avez osé tromper Charlotte après tout ce qu'elle a traversé pour vous ? s'écria-t-il, c'est ainsi que vous la remercier, en lui faisant un enfant dans le dos ?

- Je...

- Elle a fui son couvent, traversé la moitié du globe pour payer votre libération mais surtout...

Il prit quelques instants pour reprendre son souffle.

- Elle vous a offert un fils. Moi je n'ai point eu cette chance mais Dieu sait à quel point je Le remercie chaque jour de m'avoir donné de si magnifiques petites filles et une femme si aimante. Il m'est inutile de vous demander les raisons de cette tromperie, je ne veux point les connaitre. Il n'empêche qu'aujourd'hui, vous avez un deuxième enfant à charge et qu'il vous est forcé de l'accueillir au sein de ce foyer.

- Je ne puis... répondit-il

Son cousin se rapprocha férocement de lui, les dents grinçantes et les yeux plein de haine.

- Vous ne pouvez ? répéta-t-il, mais par contre écarter les jambes de cette putain vous pouviez le faire !

Il leva la main sur M. de Marquet mais son épouse s'y opposa.

Prodigieux Souvenirs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant