Chapitre 20 : Porter secours.

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20 Décembre 1841. Matin, 9H35.

Le temps s'étirait depuis le départ de la Reine d'Arendelle, partie sur le dos de Nøkk, son puissant cheval. Cette créature majestueuse traversait la Nordsøen avec aisance, bondissant sur les vagues sans jamais faiblir, et je savais qu'Elsa atteindrait les Îles du Sud bien plus vite que moi. Malgré la crainte que m'inspirait cet être magique, sa grâce me fascinait.

Avec un soupir, je posai mon regard sur Spirit qui récupérait lentement près de moi. Je caressai doucement sa crinière noire avant de lui offrir une pomme, qu'il croqua délicatement, arrachant un léger sourire à mes lèvres, malgré ma faim grandissante. Je sortis un fruit de mon sac et le mangeai lentement, observant les éléments se déchaîner à l'extérieur de la grotte, tout en pensant à Elsa qui, elle, affrontait cette tempête en mer.

Les remords et la culpabilité me serraient la gorge, rappelant que tout cela était de mon fait, sans qu'aucun retour en arrière ne soit possible. Épuisée et affaiblie, ma jambe me faisait souffrir, et la perspective de voir Elsa déverser sa colère sur moi me glaçait. À son arrivée, je ne ferais pas face à la femme douce et altruiste, mais à la Reine, implacable et froide.

Impuissante, je laissais le temps passer. Le retour à Arendelle ne dépendait plus de moi. Je n'avais qu'à attendre, veillant sur Spirit, pansant ma blessure, et essayant, autant que possible, de retrouver un peu de force.

***

20 Décembre 1841. Midi, 11H38.

Deux heures plus tard, après un bref répit, j'avais pu reprendre un peu de force, et Spirit également. Je sentais Elsa se rapprocher, ressentant sa colère mêlée d'inquiétude, qu'elle contenait avec difficulté. Par fragments, ses pensées me parvenaient, probablement une litanie intérieure alors qu'elle devinait que j'avais dû user de mes pouvoirs.

Donne-moi ta position, répétait-elle, furieuse. Je vois les Îles du Sud.

Cette phrase me serra la gorge, et je me tournai vers Spirit, cherchant un réconfort. Elsa me faisait peur, une fureur aussi vive, je ne l'avais jamais entendue ainsi. Consciente de la gravité de la situation, je savais qu'il ne valait mieux pas jouer avec ses nerfs ; blessée, épuisée, et traquée par Hans, j'avais cruellement besoin de son aide pour rentrer. Résignée, je tentai d'établir une connexion assez forte pour lui transmettre mon plan, même si mes forces s'amenuisaient.

Suis ma chouette, murmurai-je dans ses pensées, sachant que mon oiseau la retrouverait.

Je perçus un instant son hésitation avant que notre lien ne se brise, trop faible pour le maintenir. J'appelai alors ma chouette, qui guiderait Elsa jusqu'à moi. À présent, je savais qu'elle arriverait bientôt ; je me redressai, rassemblant mes affaires pour ne laisser aucune trace. Spirit, lui aussi, se remit debout en secouant la tête, me tirant un sourire – il semblait plus en forme que moi.

Mon sac prêt, je m'étirai, oscillant entre la joie de revoir Elsa et la crainte de sa colère. Bientôt, j'entendis des sabots marteler le sol boueux. La chouette n'étant toujours pas en vue, cela ne pouvait être Elsa. Mon cœur se serra ; Hans nous avait retrouvés. Je sortis de la grotte, bâton en main, les yeux aveuglés par la pluie, mais je distinguai rapidement Hans parmi quatre cavaliers, les poussant à accélérer.

Affolée, je rentrai précipitamment, enfourchai Spirit et tentai d'oublier la douleur dans ma jambe pour fuir. Mais à peine avions-nous quitté notre abri que Hans se dressa devant moi, entouré de ses hommes. Figée sur Spirit, je serrai mon bâton pour dissimuler mes mains tremblantes.

– Tu n'as pas été simple à suivre, gronda-t-il par-dessus le bruit de la pluie. Tenter de fuir sur mes terres était imprudent. Tu es peut-être entrée ici sans peine, mais tu ne quitteras pas mon Royaume sans ma permission, conclut-il avec un sourire carnassier.

L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant