Chapitre 34 : Appréhension.

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3 Janvier 1842. Après-midi, 12H30.

Sous l'annonce du troll, ma gorge se serra violemment tandis que ma glace se dissipait dans les airs, laissant derrière elle une longue traînée noire.

– Ne pouvez-vous pas y remédier, s'inquiéta Elsa, espérant nous faire gagner du temps ?

– Je ne suis point suffisamment puissant pour aider votre fille, Reine Elsa. Trouvez Eagles, il saura vous montrer la voie. Il lui faut renouer avec le passé, il sera le seul à pouvoir lui enseigner, murmura-t-il avec sérieux, n'observant que la Reine. Regagnez les Montagnes Noires, là vous le trouverez mais faîtes vite, la malédiction est vorace, elle se répand comme un poison.

Soufflant par le nez, la Reine inclina la tête avec dépit avant de se redresser. Incitée à en faire de même, je regagnai ses côtés, inquiète de la voir si déçue. Avec une douceur presque aussi préoccupante, ma mère passa son bras autour de mes épaules, me laissant entendre, sentir le moindre de ses doutes, la moindre de ses pensées.

– Merci, Grand-Pabbie, murmura-t-elle, déconfite néanmoins respectueuse envers la créature.

Veillez sur votre fille, Elsa, l'avertit le troll avec souci. Gardez un œil sur elle et sur l'avancement de la malédiction.

– J'y veillerai, promit la Reine en me lançant un regard entendu.

D'un geste humble, le Roi des Trolls s'inclina avant de reprendre son apparence originelle. Ainsi, la vallée retrouva son calme, nous demandant presque silencieusement de quitter les lieux. Avec cela, Elsa me fit signe de la suivre, nous ramenant vers les deux seuls autres êtres vivants. La suivant aveuglément, je sentis le froid m'envahir et l'espoir m'abandonner lentement alors que la rage revenait au galop. Les poings serrés, je luttais pour ne pas me faire envahir, pour garder une vision claire.

– Nous trouverons une solution, je te l'ai promis, souffla la Reine en me serrant contre elle. Eagles est le plus puissant sorcier que cette terre ait porté, il saura te guider et te guérir.

Peu convaincue, j'acquiesçai d'un signe de la tête et me laissai porter par le rythme lent des pas de ma mère. Ainsi, nous retrouvâmes nos chevaux et nous mîmes en selle sans plus de cérémonie. Grand-Pabbie avait raison : nous devions faire au plus vite. Je sentais les méfaits du maléfice se faire entendre et prendre de l'importance, je ne voulais devenir un danger pour la Reine. Pourtant, une voix au fond de mon esprit me torturait, me dictant toujours plus de mettre fin à cette quête, de ne plus suivre ma mère. Cependant, je parvenais encore à lutter mais je ne savais pour combien de temps.

– Tu es bien silencieuse, souffla Elsa en me lançant un regard. Est-ce que tout va bien ? Tu ne m'as pas dit un mot depuis des heures.

– Je vais bien, murmurai-je d'une voix à peine audible.

– Tu n'es pas très convaincante. Parle-moi, qu'est-ce qui te chiffonne ?

Sous l'inquiétude de la Reine, je poussai un long soupir : je n'avais pas envie de lui répondre. Je voulais garder le silence, ne plus penser. Je voulais uniquement trouver une solution et me débarrasser de ce maléfice dans les plus brefs délais.

– Ne garde pas le silence ainsi, je t'en supplie, articula difficilement la Reine. May, parle-moi.

– Permets-moi de le garder, s'il te plaît. Je n'ai pas envie de parler.

Soufflant par le nez, ma mère acquiesça d'un signe de la tête, me laissant à mes pensées désordonnées.

– Je ferai à ta guise, ma fille, chuchota-t-elle.

L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant