23 Janvier 1842. Matin, 9H15.
Lorsque le soleil pénétra les grandes baies vitrées de ma chambre, ses rayons d'or vinrent danser sur les murs et les meubles de ma chambre. Je décidai de quitter la contemplation dans laquelle j'étais plongée depuis plusieurs longues minutes. Le jour se levait à peine, pourtant, le sommeil m'avait quittée depuis des heures, laissant mon esprit vagabonder dans les méandres de mes pensées tourmentées. Les premiers oiseaux commençaient à chanter, leurs trilles perçant le silence matinal avec une douceur presque cruelle, car ils me rappelaient l'innocence perdue de la jeunesse, un temps où les décisions étaient simples et les choix sans conséquences.
Je réfléchissais aux demandes de ma mère, aux choix qu'elle me demandait de faire. Chaque mot qu'elle avait prononcé résonnait en moi comme une injonction impérieuse, un appel à la raison et au devoir. Déjà, la prémisse d'une réponse s'était présentée, timide et incertaine, comme un premier bourgeon hésitant à éclore au début du printemps. Cependant, je ne savais si j'aurais le courage de lui exprimer mes véritables sentiments. Ce n'était pas seulement une question de parole, mais de conviction, de cette force intérieure qui me faisait cruellement défaut en ce moment crucial.
C'était là que mon cœur me disait d'aller, vers ce choix qui semblait s'imposer comme une évidence. Mais ce choix impliquait tellement de données, de considérations complexes et parfois contradictoires, que je m'y perdais. Chaque option, chaque conséquence possible, se déployait devant moi comme un labyrinthe sans fin, et je craignais de m'y égarer. J'avais peur également. Peur d'être contrainte de choisir trop vite, de me précipiter dans une décision irréversible alors que je n'avais guère pris le temps de la faire mûrir.
Je poussai un soupir en sentant ma gorge se serrer, comme si le poids de mes pensées alourdissait chacun de mes mouvements alors que j'ouvrais les grandes fenêtres. La fraîcheur du vent contre mon visage me fit frissonner, me rappelant que le monde extérieur continuait de tourner, indifférent à mes tourments intérieurs. Je m'approchai de la rambarde de mon balcon, regardant au-delà des plaines embuées par la respiration de la nuit. Le paysage était encore flou, comme mes pensées, mais quelque part dans ce flou, une voie s'ouvrait peut-être. Une réponse attendait d'être découverte.
Je savais qu'il me faudrait affronter mes peurs, dépasser cette hésitation qui me paralysait. Il me faudrait trouver en moi la force d'assumer mes choix, d'accepter les responsabilités qu'ils entraîneraient. Car au-delà des demandes de ma mère, c'était ma propre vie qui était en jeu, ma propre voie que je devais tracer. Et pour cela, il me faudrait du courage, de la détermination, et surtout, une confiance inébranlable en ce que mon cœur me dictait.
Le souffle tremblant, je pris une profonde inspiration. C'était maintenant ou jamais. Mon esprit encore engourdi par les doutes, mes pas, d'abord hésitants, gagnèrent en assurance tandis que je quittai ma chambre, traversant les couloirs silencieux du château qui s'éveillait à peine.
Chaque détour, chaque marche descendue me rapprochait de la salle du trône. Les portraits de mes ancêtres aux regards sévères semblaient me scruter, jugeant chaque pas que je faisais. Je m'efforçai de ne pas laisser leur jugement imaginaire m'intimider. Arrivée devant les grandes portes ornées d'or et de sculptures détaillées, je marquai une pause. D'un geste mal assuré, j'ajustai ma veste de costume, ce que je m'apprêtais à faire était totalement insensé et pourtant, c'était ce que je désirais. Alors, je me raclais la gorge, pris mon courage à deux mains et poussai les grandes portes en chêne. Un craquement sourd retentit tandis qu'elles s'ouvraient lentement. Au fond de la salle, mes parents se tenaient debout. Ma mère, élégante et digne, me fixait avec une expression indéchiffrable. Mon père, assis sur le trône, arborait un air sérieux tandis que les villageois se succédaient pour exprimer leurs doléances. En me voyant approcher, les Souverains échangèrent un regard avant de reporter leur attention sur le peuple réuni. Malheureusement, il n'y avait aucun jour de repos pour les Souverains et je craignais que ma demande ne tombe dans l'oubli. Les villageois voulaient des réponses, des actes, savoir ce que deviendrait Arendelle, et mes parents tentaient de garder un semblant de contrôle sur la situation. Il me faudrait être patiente. Alors, j'attendis en silence que le peuple Arendellien en finisse avec leurs Régents.
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L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.
FantastikLorsque l'aventure de May Dawson commença, elle n'était âgée que de 16 ans. Sa vie était des plus tranquilles, parfois monotone, parfois injuste mais elle s'y complaisait ; bien qu'elle ne voyait devant elle qu'un avenir flou. Cependant, lors d'une...