12 Janvier 1842. Soir, 18H30.
Comme la veille, la journée défila. Le cerf m'avait rejointe après qu'Eagles m'eut fait son rapport de la nuit qui, en définitive, n'avait rien donné. Hans cachait précieusement ses documents et il nous faudrait être patient pour en tirer quelque chose. Le Roi des Îles du Sud ne faisait confiance à personne, pas même à son propre personnel, alors mettre la main sur quelque chose d'intéressant relèverait de nôtre implication et de nôtre patience, plus que de la chance.
Ainsi, nous avions passé la journée à surveiller les agissements de Hans plutôt que ses troupes. Tandis que je me tenais au plus proche des tentes ennemies, j'écoutais ce qui se disait depuis des heures. Là, le Roi s'entretenait avec son Général et j'attendais avec impatience le moment où ils dégneraient sortir pour enfin obtenir des informations concluantes. Il me restait peu de temps pour récolter des éléments mais Hans était difficile à saisir. Le Roi ne quittait jamais sa tente placée au centre de son campement, alors, lui voler quoique ce soit s'avérait bien trop risqué. Mais j'y trouvais tout de même certaines réponses : la désorganisation apparente n'était que de façade. Les tentes mises en pagaille ne permettaient aucune introduction discrète dans le campement et le fait que Hans soit au milieu de tout cela ne pouvait être dû au hasard. Aussi, l'ivresse de ses hommes présentait l'avantage : ses troupes étaient bruyantes et rendait notre écoute difficile. Tout était minutieusement calculé.
Cependant, notre espionnage prit tout son sens alors que l'après-midi était déjà bien entamé. Enfin, le Roi sortait de sa cachette. Sa vision me fit reculer d'un pas. La dernière fois que je l'avais vu, j'allais perdre la vue sur son épée et les souvenirs dansant sous mes yeux me donnèrent envie de fuir. Mais je ne le pouvais guère, Arendelle comptait sur moi et la réussite de cette mission. Alors, je pris mon mal en patience et me rapprochai du cerf à mes côtés. L'animal, face au Souverain, se dissimula un peu plus dans la végétation et m'incita à en faire de même. Malgré nos tailles, nous tentâmes de nous faire les plus petits possibles et de suivre Hans.
Accompagné d'un Général, le Roi marchait parmi ses troupes. Le regard sévère, il jugeait ses effectifs d'un œil mauvais. Seul homme apprêté sur un campement à l'hygiène déplorable, Hans se confondait avec le Messie, pourtant il n'était rien de plus que le diable.
– Préparez les troupes pour ce soir, ordonna-t-il à son Général. Qu'elles soient apte à combattre selon mes ordres.
– Oui, Monseigneur, acquiesça l'Officier. Il sera fait selon vos ordres.
– Les Arendelliens ne comprendront pas ce qui leur arrivera, ricanna-t-il. Cette attaque avortera la Guerre, Arendelle tombera avec la tête de ses Souverains.
– Pensez-vous que passer par le Sud soit la meilleure option, hésita l'homme ? La neige est profonde de ce côté et les montagnes ralentiront notre progression. De plus, les berges de la rivière sont instables en cette saison.
– Nous ferons ainsi, cassa Hans. Nous frapperons dans leur sommeil, ils ne verront rien venir. Et s'ils parviennent à fuir, nos troupes à l'Ouest finiront le travail.
Horrifiée par le discours du Roi, j'échangeai un regard avec le cerf : je devais rentrer au plus vite et avertir mes parents. Sans demander mon reste, je fis demi-tour et courus de toutes mes forces. Le chef sur les talons, jamais je n'avais parcouru les dix kilomètres qui me séparaient du campement aussi vite. Avec une fougue encore méconnue, je bondis au-dessus des racines, et sentant à peine la neige sous mes sabots, un instant je crus pouvoir voler. En effet, ce ne fut qu'une dizaine de minutes plus tard que j'atteignis les premières tentes. Essoufflée par ma course, je ne pris guère le temps d'une pause avant de me détransformer et de pénétrer la tente du Conseil, laissant le grand cerf derrière moi.
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L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.
FantasyLorsque l'aventure de May Dawson commença, elle n'était âgée que de 16 ans. Sa vie était des plus tranquilles, parfois monotone, parfois injuste mais elle s'y complaisait ; bien qu'elle ne voyait devant elle qu'un avenir flou. Cependant, lors d'une...