Chapitre 17

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Dimanche 18 février – Noé


Miles n'était toujours pas rentré à la maison. Neth, la veille, avait passé tout son après-midi de libre avec moi dans l'espoir de me consoler, sauf que Nute avait fait la plus grosse part du travail. Je n'avais plus ressenti le besoin de pleurer. Je n'avais plus ressenti le besoin de m'isoler et de me plaindre. J'avais juste eu envie de rire avec mon meilleur ami, de reprendre un rythme comme si de rien n'était. Bien entendu, c'était difficile, surtout quand Nash était dans le coin, mais je n'en faisais rien paraître. Il avait, d'ailleurs, bien tenté de me faire parler. Mais il avait reçu la version courte. Nash était mon fils et mon frère l'avait découvert et était parti. Il n'avait pas insisté en comprenant que je ne voulais pas parler davantage.

En revanche, le sujet avait bien trop rapidement dérivé à Nute. Neth m'avait demandé s'il s'était passé quelque chose, m'affirmant qu'il m'avait trouvé étrange lors de son arrivée, et que lorsque mon invité était parti, il avait soupçonné voire senti que nous avions fait un détour dans la chambre à coucher. J'avais bien sûr nié, puisque mon meilleur ami n'avait rien à savoir de ma vie sexuelle –même si j'étais au courant de toute la sienne-, et n'avais pas mentionné que s'il n'avait pas sonné, tout aurait pu se passer.

Cette situation avec Nute, d'ailleurs, me tracassait. Tout me paraissait être comme dans le passé, avec Miles. Il était fiancé, et la tromperie dont Nute venait de faire preuve devait menacer sérieusement son couple. J'avais l'impression de m'interposer entre Alexy et lui d'une manière cruelle et détachée. Comme si tout était absolument normal. Sauf que j'avais bien conscience que ça ne l'était pas. J'étais en train de ruiner un couple à moi seul. J'étais en train de tirer un trait sur deux personnes amoureuses. Et ça me tuait.

D'ailleurs, la sonnerie de mon interphone retentit dans l'appartement, et lorsque j'allais répondre, sachant pertinemment de qui il s'agissait, je fus tout de même surpris d'entendre la voix si grave de mon ami. Je le fis entrer sans hésiter, non comme la veille, et il fut chez moi en seulement quelques secondes, l'air décontracté, mais accompagné, cette fois, de ses pupilles. Je m'écartai de la porte pour les laisser entrer, et j'eus le salut le plus poli et synchronisé des deux jeunes que je n'avais jamais connu avant aujourd'hui. Nute me tendit sa main droite avec un sourire charmeur et mes joues ne purent pas s'empêcher de s'enflammer. Je déglutis nerveusement et lui empoigna, me retenant de lui sauter au cou pour l'embrasser. La veille, j'avais refusé son échange, par principe –même si j'avais failli céder quelques secondes plus tard-, et j'avais l'impression d'avoir fait une énorme erreur.

-Tu devrais lâcher ma main, déclara soudainement Nute.

Je baissai les yeux pour comprendre que cela devait faire quelques temps que je le dévisager avec cet air étrange tout en resserrant petit à petit mon emprise sur sa main. Demandant aux enfants de ne pas faire de bruit parce que Nash dormait –car oui, il était encore couché-, Nute m'entraîna dans la cuisine et ferma la porte à sa suite. Il s'inclina légèrement, et je pus juste sentir ce souffle se répercuter sur mes lèvres avant de comprendre ce qu'il faisait. Je me reculai brusquement, étonné, et écarquillai les yeux en grand. Il eut un rictus, et paraphrasa une parole que j'avais prononcée la veille.

-Je n'embrasse pas ceux que je n'aime pas.

-Ce n'est que de l'affection, entre nous.

-Noé, tu sais très bien que...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la sonnerie de l'interphone retentit de nouveau dans l'appartement. Le sursaut que j'eus, provoqué plus par l'étonnement que par la terreur, me fit me cramponner à la chemise de Nute. Il rit, et, craignant de faire attendre trop longtemps cet inconnu qui devait trembler de froid dehors, allais répondre. « Luke et Lane ». Ces prénoms me donnèrent le tournis, mais la joie m'irradia aussitôt. J'appuyais sur le bouton de déverrouillage, et Nute me rejoignit tandis que j'ouvris ma porte d'entrée, l'air mécontent.

Dangereusement Engagés [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant