Dangereusement Engagés [Boy x Boy]

Chapitre 18

Dimanche 18 février – Nute

J'avais demandé à Anna et Aaron d'aller dans une chambre voisine pendant le temps où Miles et Noé s'expliqueraient dans le salon, et Nash les avait sagement emmenés dans sa chambre, déclarant qu'il ne fallait jamais se mêler des histoires des grands. Tess m'avait fait signe de m'éclipser, déclarant qu'il n'y avait probablement rien à craindre, et que ce serait mieux si les frères s'expliquaient entre eux. Lane avait déjà disparu dans le bureau de Noé après avoir salué son beau-frère qui ne lui avait pas vraiment répondu, et moi, le propriétaire des lieux me congédia dans sa chambre avec un sourire probablement forcé. N'insistant pas, j'allais dans les lieux où je me retrouvai seul face aux murs tapis de turquoise, avec pour seule compagnie une fenêtre à peine plus large que la porte. Je jetai un regard rapide à la décoration à laquelle je n'avais absolument pas prêté attention la veille, remarquant quelques détails. Je n'avais pas remarqué, par exemple, que Noé affichait sur son mur un cadre représentant un paysage campagnard et idyllique. Deux personnes se reposaient sous un arbre gigantesque duquel les branches se dispersaient en plusieurs parties. J'avais presque l'impression que cette personne était l'un des frères Trusbell. Ses cheveux bruns flottaient au vent, et son allure de cowboy contrastait avec tout l'aspect tranquille de la nature.

M'abandonnant à cette contemplation, je me tournai vers l'autre côté de la chambre. Tout était absolument normal, dans ces lieux. Les draps avaient changé depuis la veille. L'ancienne couleur blanche s'était substituée à un bleu lagon, et des petits oiseaux semblaient vouloir sortir du tissu. Je posai une main sur l'une des colombes –si j'en croyais ma culture aviaire- et la glissait jusqu'à un dossier qui me fit tressaillir. C'était le seul détail qui donnait du désordre à cette pièce. Rien ne trainait sur les deux tables de chevets, les lampes étaient closes et mêmes les fils semblaient à leur place derrière elles. La commode ne possédait même pas la moindre trace de poussière. C'était comme si, la veille, Noé avait passé un temps monstrueux pour faire le ménage. Peut-être pour m'accueillir ?

Je secouai la tête, levant les yeux au ciel, et m'assis au bord de ce lit qui prenait une grande partie de la pièce, faisant attention à ne pas froisser trop les draps, et faillis percuter un dossier énorme et vert qui trainait sur un tas de documents qui m'étaient totalement inconnus. Je me tournais vers, remis tout en place, et restai un instant immobile face à tous ces classeurs et toutes ces feuilles volantes. Par pure curiosité, je pris le premier dossier qui me tapait dans l'œil et l'ouvrit à la première page sans attendre plus longtemps. Je me retrouvai face à face avec des visages de professionnels, des personnes bien réelles, toutes différentes, de tous genres et nationalités, qui travaillaient tous dans des lieux différents. Il s'agissait vraisemblablement des personnes principalement invoquées pour ses reportages. Il n'y avait jamais deux personnes qui venaient du même établissement ni même d'une ville similaire. Et j'étais vraisemblablement le seul à vivre à Washington. Il avait là-dedans une image de moi agrafée à une copie qui contenait toutes mes informations, depuis ma naissance, ainsi que quelques informations sur mon groupe et donc des autres membres qui m'accompagnaient perpétuellement lors de mes missions. Il y avait toute une partie de mon passé, passant par le drame qui frappa ma famille huit ans avant, ma relation avec Alexy... Je ne savais même pas comment il avait pu avoir toutes ces informations sur moi alors que la plupart n'avait été transmis à personne. Même mon supérieur n'avait pas été mis au courant de ma captivité. Ou peut-être que Noé avait joué un rôle, comme je le soupçonnai. Peut-être m'avait-il séduit pour obtenir ces informations sur moi. Peut-être m'avait-il fait parler pour juste avoir de quoi remplir son dossier. La rage irradia mes membres, et je sentis mes poings se serrer. Il était le seul à être au courant de certaines de ces informations. Sauf que quelque chose me fit tiquer : je ne lui avais jamais parlé en détail de ma famille : je ne me souvenais plus lui avoir transmis des informations sur Angie ni même sur Donovan. Mais comment pouvait-il avoir tout cela, et surtout, pourquoi avait-il besoin de tout cela ?