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Après mes paroles, il n'avait rien dit et moi non plus. Un long silence s'installa dans la chambre, mais étonnamment, ce n'était un silence qui me donnerait envie de m'enfuir en courant, tout était calme.

– Tu m'as beaucoup manqué, tu sais?

Je sentis qu'il tournait la tête vers moi.

– Je ne dirai pas le contraire pour moi. Tu m'as énormément manqué. Je souris. Tu réussissais tout le temps à énerver Khaleb.

Mon sourire était toujours là, mais je me demandais si c'était la seule raison pour laquelle je lui avais manqué.

Si j'apprenais que c'était la vérité, je serais blessée, pensai-je avant de me rendre compte de ce que je venais de dire.

Quand cesserai-je d'avoir le béguin pour lui? Je n'avais pas le droit et jamais il n'y aura quelque chose entre nous.

– Je peux te poser une question? Et ne me sors pas la phrase du «tu viens de le faire» s'il te plait, murmura-t-il.

Je souris, amusée par son découragement.

Je le savais qu'il avait marre de cette phrase pour la simple et bonne raison que mon frère et son frère s'amusaient à la lui dire.

– Oui, bien sûr.

Je le sentis bouger dans le lit, mais craignant de tomber nez contre nez à lui, je ne regardai pas.

– Pourquoi les cheveux bruns? Je ne veux pas l'excuse que tu donnes aux autres. Je ne suis pas comme eux.

Il m'avait très bien fait comprendre qu'il était loin d'apprécier ce que je faisais avec mon corps. Il n'aimait pas la teinture ni l'idée que j'avais été mannequin.

Mais lui dire la vérité à propos de ça?

– Pourquoi veux-tu autant savoir?

– Je cherche simplement à mieux te comprendre, avoua-t-il.

Quand était-ce la dernière fois que l'on m'avait dit cela? Ma famille essayait toujours de me comprendre, elle parvenait à le faire le plus souvent, mais jamais une personne autre qu'eux ne s'était intéressée à moi au point de vouloir me comprendre.

– Tu veux me comprendre, répétai-je, touchée.

– Si tu m'en offres l'occase, évidemment.

Je me tournai enfin vers lui et le regardai. Il était sur le côté, appuyé sur son coude et me regardait avec toute son attention.

– Et tu me laisseras l'occasion de moi aussi te comprendre?

Un rictus apparu sur son visage.

– Je suis assez simple, je te dirais. Il n'y a pas beaucoup à comprendre.

Je ris, moqueuse de sa réponse.

– Toi? Simple?

– L'inconnu ne semble-t-il pas complexe? Ignorance est complexe, mais une fois la connaissance acquise, tout semble plus accessible, plus simple, me dit-il en plongeant ses orbes pénétrants et très attentifs dans mon regard.

J'avais envie de me couvrir tellement que j'avais l'impression que son regard voyait en moi comme un livre ouvert, qu'il me mettait à nu.

Je repensai à ses mots et sans hésiter, je fus en accord avec ce qu'il venait de dire.

– Je me suis teins les cheveux parce que je suis encore terrifiée.

Je m'arrêtai pour regarder sa réaction, mais son regard ne changea pas. Il n'y avait pas de pitié dans son regard, il me regardait de son regard impassible. Je n'aurais pas cru être contente de le voir me regarder ainsi.

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