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- C'est bien comme ça ? me demanda le propriétaire de la petite paire de mains.

Je soupirai d'aise et hochai la tête.

Pour tout vous expliquer, en ce moment, j'étais au paradis. En ce vendredi férié, ma petite famille composée de James, Nico et moi, bien sûr, avions décidé de partir à la petite maison de vacance pour profiter de l'automne. Et après avoir passé la journée à me promener dans les bois pour faire plaisir à Nico, à grignoter, à supporter la querelle entre James et son fils, je n'allais pas vous le cacher, j'étais épuisée. Donc, voulant moi aussi profiter de cette journée, mais quelque peu craintive de leur demander de me masser, j'avais hésité pour finalement me le faire proposer par Nico qui adorait jouer dans mes cheveux.

Il avait simplement voulu jouer dans mes cheveux, au début, mais j'avais su profiter de l'occasion et avait carrément installé ma tête sur ses cuisses, résultat, il me massait la tête de ses petites mains tandis que son père lui, me faisait une pédicure. Non, non, vous ne rêvez pas. Il me faisait vraiment une pédicure avec le vernis et tout. Bon, il ne le faisait pas comme un pro, mais il avait accepté de le faire quand je lui avais dit que mon ventre m'empêchait de moi-même le faire. Mais avant, il m'avait tout simplement dit d'aller dans un salon, ou d'appeler une professionnelle, mais bon, on était au milieu des bois, donc...

– Alors, tu as réfléchi, papa ?

Je fronçai les sourcils, réfléchis à quoi, cette fois-ci ?

- De quoi parles-tu ? demanda James dans sa langue maternelle.

– Mon cellulaire.

Pardon ? À dix ans, il voulait un cellulaire ?

– Tu n'as pas de cellulaire, dit James qui pensait que son fils comprendrait le message et laisserait tomber l'idée.

– Et j'en veux un.

– Tu t'en achèteras un quand tu auras les moyens, alors, répondit mon esthéticien amateur.

– Ce n'est pas comme si tu n'avais pas les moyens, renchérit Nico.

James qui avait ses yeux posés sur mes ongles, car, malgré lui, il était un perfectionniste et désirait réussir le mieux possible mes ongles, leva finalement les yeux vers son fils.

– Effectivement, j'ai les moyens et je pourrais t'en offrir des tonnes des cellulaires, mais Nico, la question est : as-tu vraiment besoin d'un téléphone ?

Je regardai le concerné qui ouvrit et referma la bouche avant de secouer la tête.

– Mais mes amis en ont tous, dit-il à court d'argument.

– Et tu n'as pas besoin de faire comme eux, dis-je en même temps que son père.

Il rougit, agacé du refus.

– Mais Ma, papa, pourquoi est-ce qu'ils en ont un, mais pas moi ?

Je me redressai après avoir regardé James. C'était à moi de lui donner une réponse que son père m'avait lui-même donnée il y a quelques années.

– Chéri, tu n'es pas obligé de faire comme les autres pour leur plaire. Tu dois toujours penser à ce que toi tu aimes ou que tu veux avant de choisir de suivre le chemin tracé par tes amis.

– Hum...

– En as-tu réellement besoin ? Tu as eu un nouveau iPad il y a peu et...

– Non, je n'en ai pas besoin, coupa Nico.

Je souris et regardai mon copain.

On connaissait cet enfant par cœur. Il avait bien sûr décidé de laisser tomber, mais ce n'était pas la fin. Habituellement, quand il n'arrive pas à tenir tête à son père, il recule, part et va carrément écrire des arguments. Oui, il était comme ça; comme son père. Alors, imaginez notre surprise quand il me refit signe de remettre ma tête où elle était précédemment au lieu d'aller se réfugier dans sa chambre pour faire sa liste de « pour ».

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