Chapitre sept

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Cette fin d'après-midi, Gerard sortait de l'hôpital. Il appela immédiatement Frank. "Allô ? C'est Gerard... t'es libre tout de suite ou on se retrouve plus tard ?" "Tout de suite. On vient te chercher à l'hôpital ou t'es déjà loin ?"  "Non, je suis encore là. J'attends sur le parking." Ca voulait dire quoi, "on" ? Quelques minutes plus tard, une voiture vert sapin arriva tout près de Gerard. Frank ouvrit la fenêtre arrière avec la manivelle qu'ont encore les antiquités telles que celle-ci et lui dit de monter. Elle ne payait pas de mine et ne sentait pas le frais, mais cela ne le dérangeait pas. "Salut, moi c'est Ray" fit le conducteur, alors que Gerard s'asseyait à côté de Frank. "Gerard" répondit-il. "Ca te dérange pas que Ray passe la soirée avec nous ? Comme ça on squatte sa voiture et on pourra même passer la nuit chez lui, si ca ne dérange pas tes parents." "Ça me va, répondit Gerard. Je ne pense pas que mes parents s'en fassent..."

"Vous voulez aller où ?" demanda Ray. Il était seulement dix-sept heures et il n'y avait pas grand chose d'ouvert. Ils décidèrent de se poser un peu au parc en attendant que les premiers bars ouvrent, qu'ils iraient manger au McDonald quand ils auraient faim puis se laisseraient guider par la nuit.

Vers dix-huit heures trente, Gerard commençait déjà à avoir faim. Ils prirent donc la direction du plus proche restaurant et y restèrent bien après qu'ils aient fini de manger. Ensuite, ils allèrent dans un bar que Ray avait l'habitude de fréquenter. Gerard le connaissait, bien évidemment, mais d'habitude il allait vers ceux qui étaient plus loin de chez lui. Il commencèrent par une bière, comme Frank lui avait dit qu'il lui offrait le repas et les boissons au premier bar, il décida de ne pas abuser. Il commencerait à fêter en bonne et due forme dans le bar suivant. "Ça vous va si on reste dans le coin ? demanda Ray. J'ai pas trop envie de me retenir juste pour conduire... J'habite tout près, vous pourrez dormir chez moi cette nuit si vous voulez. " "Avec plaisir" répondit Gerard. Ils enchaînèrent avec les mêmes boissons pour chacun. Alors que Frank et Ray étaient déjà bien lancés, ils s'étonnaient de la résistance à l'alcool de Gerard. Il allèrent dans un autre bar, de l'autre côté de la rue. Gerard rattrapa vite ses amis et les dépassa même en un rien de temps, et quand il commençait à boire, il avait bien du mal à arrêter.

Ils firent la tournée des bars du quartier, Gerard buvant le double voire le triple des autres à chaque fois. Frank et Ray ne s'en souciaient pas au début, ils pensaient qu'il voulait juste penser à autre chose qu'à l'hôpital. Ils parlaient de bêtises en tous genres, riaient à tout va. Ils oubliaient l'heure. Ils titubaient dans la rue et Gerard avait du mal à marcher et de plus en plus à parler. Il était soutenu par Frank, que la situation faisait rire, Gerard et Ray aussi. Gerard riait tant que ça semblait être la première fois de sa vie. Les gens ouvraient les fenêtres pour leur crier de se taire à cause de l'heure, mais aucun des trois ne s'en souciait. Gerard n'avait pas eu tant de plaisir humain depuis la mort de son frère. Il était persuadé d'être enfin arrivé à faire son deuil, il pensait qu'il allait pouvoir être heureux à nouveau.

Puis tout d'un coup, Gerard s'écroula au sol. Frank, dont le temps de réaction était influencé par l'alcool, ne comprit pas immédiatement ce qui se passait il s'agenouilla auprès de son ami, ne sachant quoi faire. Ray et lui paniquaient un peu, il l'allongea sur le côté. Il eu raison car Gerard vomit, à moitié inconscient. Frank essaya tant bien que mal de remettre son ami debout, le porta jusqu'au deux pièces de Ray qui par chance était à deux pas. Il l'installa dans le lit, tremblant et maladroit. Il le couvrit, le replaça sur le côté et alla chercher un seau quil plaça près de la tête de lit. Épuisé, il s'allongea par terre et s'endormi immédiatement. Ray alla se coucher sur le canapé.

Quand Gerard se réveilla, il avait du vomi sur ses vêtements et au coin de la bouche. Il était dans un lit qu'il ne connaissait pas, dans une chambre inconnue. La porte était entre ouverte. Il se leva, les cheveux en bataille et la tête douloureuse. Il marcha dans le petit appartement à la recherche de quelqu'un ou quelque chose qui lui rappellerait ce qui s'était passé la veille. Il n'avait pas le moindre souvenir, il avait juste déduit par le vomi qu'il avait certainement bu. Il marcha jusqu'à un salon et s'assit sur le canapé pour réfléchir. Il se rappela avoir été à l'hôpital, peu à peu la cause lui revint aussi à l'esprit. À ce moment là, Frank arriva avec deux grands verres d'eau, l'un à moitié vide. Il devait avoir entendu Gerard se lever. "F-Frank ?" "Prends un verre d'eau, tu en as besoin." Gerard ne posa pas de question, il prit le verre et le bu d'une traite. La mémoire lui revint peu à peu, mais  les souvenirs étaient tous mélangés. Il y avait la voiture, les infirmières, les visites de Frank, le McDo, leur rencontre, Ray, l'incident au parc, le premier bar... Alors qu'il essayait de tout réorganiser en silence, Frank s'écria : "Gerard... Tu saigne ?! Ta tête !" Gerard colla sa main à la racine de ses cheveux, là où semblait regarder Frank. Mais c'était sec. Cependant, ses cheveux étaient collés ensemble. "Ca doit dater d'hier soir, suggéra-t-il. Il s'est passé quoi ?" "T'était vraiment bourré... t'es tombé par terre et t'as du te tapper la tête... Et t'as vomi. Tu devrais aller te doucher, je vais te montrer la salle de bain." Frank le guida jusqu'à la salle de bain et lui prêta un linge. "Oh et si jamais, Ray est parti travailler, alors fait comme chez toi."

La douche fit le plus grand bien à Gerard. Il sorti de la cabine, frotta ses cheveux avec le linge puis l'enroula autour de sa taille. Il jeta un œil au tas que formaient ses vêtements sur le carrelage. "Je ne peux pas porter ça, pensa-t-il. Ils sont pleins de vomi." Il alla au salon et demanda à Frank s'il avait quelque chose pour lui. "Oui, c'est chez Ray mais j'ai des affaires à moi aussi, fit Frank. C'est un peu ma deuxième maison." Frank et lui retournèrent dans la chambre à coucher. "Tiens, c'est un peu grand pour moi mais ça devrait t'aller" fit Frank en lui tendant des habits propres.

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29.12.2016, 21:47

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant