Chapitre dix-huit

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La nuit venue, Frank proposa à Ray de rester dormir. "Avec plaisir ! je dors sur le sofa. Je vous laisse le lit !" répondit-il. Gerard se sentait gêné de laisser Ray seul sur le canapé pour profiter du lit, alors il lui proposa sa place mais il déclina gentiment avec un clin d'œil. Cela pouvait bien ne pas faire longtemps qu'ils se connaissaient, Gerard avait déjà remarqué l'extrême gentillesse du frisé. Il ne se couchèrent cependant pas immédiatement, seulement après quelques parties de différents jeux vidéo. La soirée s'éternisa jusqu'à ce que Frank proposa de dormir, vers trois heures du matin. Il était fatigué. Les autres aussi, mais ils ne l'avaient remarqué que quand leur hôte en parla. Ils décidèrent donc les trois d'aller se préparer pour une bonne matinée de sommeil.

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Ils se réveillèrent plusieurs heures plus tard, en tout début d'après-midi, comme le veut le dimanche. Le sommeil avait été profond, ça se voyait aux drôles de positions qu'avaient adoptées les trois garçons. Ray fut le premier à s'éveiller, suivi de peu par Gerard. Frank, de son côté, dormi bien plus longtemps. Les deux garçons déjà debout discutèrent un peu au salon, histoire de faire plus ample connaissance. Ray, qui faisait comme chez lui, servit le café. Puis la conversation se dirigea vers le sujet de Frank. Gerard fit part de ce qu'il avait vu sur ses poignets, il raconta que cela l'inquiétait et qu'il avait caché tout objet tranchant de la maison. Ray approuva sa méthode, mais il lui recommanda de remettre les couteaux à leur place : "Frank pourrait en avoir besoin pour faire la cuisine et il se douterait de quelque chose. Et je ne pense pas qu'il aille jusqu'aux gros couteaux juste pour soulager son addiction. Il m'en a parlé, et je comprends que tu t'inquiètes pour lui mais il n'ira pas aussi loin que tu ne le crains." Il marqua une pause, Gerard ne savait pas s'il devait dire quelque chose ou pas. Puis Ray continua : "J'ai essayé beaucoup de fois de le faire arrêter, mais tu sais, une addiction, ça ne se commande pas... et puis, on se connaît depuis toujours, il ne m'écoute plus autant qu'avant. C'est paradoxal, mais je crois que nous sommes trop proches pour qu'il en ait encore quelque chose à faire de ce que je lui dit..." "Dis pas ça, il t'écoute, c'est juste qu'une addiction, c'est dur à surmonter..." "Gerard, j'ai l'impression qu'il t'écoute plus que moi. Je crois que tu pourrais l'aider, il a l'air de vraiment tenir à toi... différemment qu'à moi. Je te le demande comme un service pour un ami, aide le s'il te plaît, et ne le laisse pas tomber. Il peut avoir des paroles blessantes parfois, mais c'est quand il ne réfléchit pas, c'est la personne la plus gentille que je connaisse et c'est celle à qui je tiens le plus. Surtout, ne le laisse pas tomber. On peut l'aider ensemble, hein ?" "Oui..." Ray lui sourit et le remercia. Cependant, une question flottait dans l'esprit de Gerard : "Ray...?" "Oui ?" "Ça veut dire quoi, qu'il tient à moi, différemment qu'à toi ?" À ce moment, Ray regretta d'avoir parlé. Comme il connaissait son meilleur ami, il pouvait dire quand il était amoureux. Et là, c'était encore plus, bien plus profond que les autres fois. Mais il pensait bien que Frank ne voulait pas que Gerard ne l'apprenne. Surtout que d'après ce qu'il avait comprit, il était hétéro. Il pataugea alors dans ses idées de rattrapage, puis au bout d'un moment d'hésitation - qui n'échappa pas au principal concerné - il offrit une réponse : "Je pense que c'est parce que vous n'avez pas la même relation, lui et moi, on se considère plutôt comme des frères étant donné que nous avons grandit ensemble, on est plus familiers, alors qu'avec toi, c'est encore le début, vous vous "découvrez" encore, alors forcément vous vous comportez différemment..." Gerard n'était pas vraiment convaincu de sa réponse, mais il dût s'en contenter car Frank débarqua dans le salon. "Bonjour..." fit-il, avant un grand bâillement qui aurait pu laisser les deux autres inspecter chaque recoin de l'intérieur de sa bouche s'ils en avaient envie. "De quoi vous parliez ?" Gerard, pas très fort en excuses improvisées, ne savait pas quoi dire alors laissa son nouvel ami parler. "On vient de se réveiller, on se demandait à quoi on aurait droit comme repas ?" "Vous avez déjà faim ?! Mais c'est à peine... il jeta un coup d'œil à l'horloge sur le mur. Quatorze heures trente... Ah, ok. C'est plus tellement l'heure d'aller chercher des croissants hein ? Je dois avoir deux-trois restes, je réchauffe ça et on se fait un vrai truc ce soir, ça vous va ?" Ses deux invités acquiescèrent.

Ils mangèrent donc le reste de pâtes et compagnie des derniers jours de Frank, et malgré le fait que ce n'étaient que des plats réchauffés, Gerard trouvait toujours ça meilleur que la cuisine de sa mère. Frank était d'ailleurs à ses yeux une des personnes qui cuisinaient le mieux au monde et il maîtrisait à la perfection la cuisine italienne. Gerard en était admiratif, il n'avait jamais réussi un plat qui soit un minimum élaboré.

Le soir, Frank proposa à ses deux amis de l'aider à cuisiner, ce qu'ils acceptèrent avec plaisir, malgré que ni l'un ni l'autre ne sachent particulièrement cuisiner. Il leurs donna alors les quelques consignes pour préparer sa spécialité : des lasagnes à l'aubergine. À table, l'ambiance était agréable et Gerard s'émerveillait de constater à quel point la nourriture est meilleure quand on participe à sa préparation.

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09.03.2017, 07:48

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant