Chapitre huit

84 8 0
                                    

Évidemment, Gerard n'avait pas expliqué à Frank la raison pour laquelle il était bourré à ce point. Et comme il n'avait pas demandé non-plus, il n'en parla pas. Quant à Ray, il ne l'avait pas revu.  Il rentra chez lui un peu plus tard dans l'après-midi, remerciant Frank de lui avoir prêté ses vêtements. Il lui avait dit qu'il pouvait les garder puisque de toute manière ils n'étaient pas à sa taille. Il sauta dans le premier bus qui passait et quand il arriva chez lui, ses parents lui lancèrent un regard étonné : "Tu n'étais pas à l'hôpital toi ?" Gerard se contenta d'aller dans sa chambre ; il savait que c'était inutile de discuter avec eux. Il s'assit sur son lit après avoir fermé la porte et posa son sac à côté de lui : il allait ranger ses affaires qu'il avait dans son sac à dos. D'abord, il prit les habits sales et les mit dans sa corbeille à linge sale. Il ferait la lessive ce soir. Ensuite il sorti son cahier de dessins qui était là, sans qu'il sache qui l'avait remis dans le sac. Il était plein de rouge à lèvre à cause de cette imbécile de Jessica Dean. Il tourna les pages et regardait les dessins qu'il avait fait au paravant. Il y avait une rose, un corbeau, des paysages, des croquis de ce qu'il voyait ou de ce qu'il imaginait. Et puis il y avait le portrait de Frank, inconsciemment dessiné. Ce dessin qui lui avait valu de se faire traiter de pédé. Il arracha la page et la chiffona en boule avant de la jeter au sol et d'enfouir sa tête dans ses mains. Il respira profondément. Il savait qu'il n'était pas un "pédé" comme le disaient ces idiots, et d'ailleurs il ne voyait pas ce qu'il y avait de mal à être gay. C'était juste l'intention qui lui faisait mal.

Il essuya une larme et se remit à ranger : il devait occuper son esprit avant qu'il ne se mette à penser à tout ce qu'il y avait de mal dans sa vie. Mais peu à peu, les larmes se mirent à brouiller son regard et il s'écroula sur le sol. Plus il s'efforçait à penser à des choses positives, plus il était triste. Il ne savait pas pourquoi, mais c'était ainsi à chaque fois. Dans chaque lumière il y avait une ombre. Chaque chose positive avait un côté négatif. Il décida qu'il devait parler à quelqu'un, et la seule personne capable de l'écouter c'était Frank. Il chercha son télephone pour l'appeler, mais ne fut pas capable de mettre la main dessus. Il pensa qu'il avait dû le faire tomber de sa poche la veille. Il ne se souvenait plus de l'adresse exacte de Ray et il n'avait pas envie de sortir en larmes. Il ne pouvait pas risquer de tomber sur Vandecamp et ses toutous. Il les entendait déjà leurs voix se moquer de lui, ça ne ferait que l'enfoncer encore plus. Il se contenta de la fin d'une bouteille de Jack pour se réconforter.

Il resta dans son lit jusqu'au soir, puis sorti de sa chambre pour manger. Sa mère lui avait laissé un reste de pâtes. Il mangea sans vraiment avoir faim.

*****

Le lendemain, Donna toqua violamment à la porte de sa chambre de façon à le réveiller : "Gerard, t'as de la visite." Alors que Gerard se redressait dans son lit et espérait trouver Frank, Celyn ouvrit la porte : "Salut..." Bien sûr, comment Frank aurait pu savoir où il habitait après tout ? Il ne lui avait jamais dit. Il n'était même plus sûr de pouvoir retrouver Frank à présent. "Je peux entrer ?" demanda la jeune fille en avançant avant même que Gerard lui ait donné son avis. Sa mine se décomposait au fure et à mesure que Celyn s'approchait de lui. "Tu sais, t'as pas besoin de m'apporter du travail à chaque fois, encore moins un dimanche..." Celyn s'assit sur le lit à côté de Gerard. "C-C'était... pas du travail..." Gerard ne comprenait pas. C'était quoi alors ? Constatant le regard interrogateur dans les yeux fatigués de Gerard, Celyn s'approcha lentement de lui en tremblant. Elle n'était visiblement pas sûre de ce qu'elle faisait, mais elle voulait  montrer le contraire. Elle ferma les yeux tout en continuant de s'approcher, milimètre par milimètre, jusqu'à ce que Gerard comprenne et la stoppe. Elle rouvrit les yeux. "Tu fais quoi, là ?!" lança Gerard. La lycéenne fondit en larme et s'excusa : "Je... Je suis désolée... J'étais sûre que..." Puis elle se dit à elle-même : "Je suis tellement débile..." et parti en courant.

Gerard nageait en pleine confusion. Une fille avait tenté de l'embrasser ? De quoi était-elle sûre ? Donna entra en furie : "Qu'est-ce que tu lui as encore fait ?! Tu n'auras jamais de petite amie en traitant les filles si mal !" Mais Gerard savait qu'il n'avait rien fait de mal. Il n'avait même pas été méchant, et si ça avait été le cas il ne s'en était pas rendu compte. Et puis, se trouver une petite amie était le dernier de ses problèmes. Sa mère lui lança un regard assassin avant de tourner les talons.
Gerard ne savait pas comment se comporter vis-à-vis de Celyn quand il retournerait au lycée et ne savait même pas comment prendre le fait qu'il puisse plaire à une fille. Même seulement Celyn, il ne comprenait tout simplement pas. De toute manière, elle ne l'intéressait pas. Aucune fille d'ailleurs. Ni les garçons, il était bien seul. Il était bien avec Frank aussi, mais il n'en était pas amoureux. Il l'aimait juste bien en tant qu'ami.

Cette attention qu'on lui portait depuis quelques temps était inhabituelle pour lui. Tout semblait avoir commencé quand il avait rencontré - enfin foncé dans Frank. Comme si c'était magique, tout semblait plus beau depuis.

Le téléphone sonna. Donna décrocha, puis appela Gerard peu après : "Gerard, c'est pour toi, des copains ils disent..." S'époumonait-elle. Gerard sortit de sa chambre et prit le téléphone. "Allô ?" "On à ton téléphone..."

Enfin, pas toujours si beau.

-----

05.01.2017, 1:21

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant