Chapitre quinze

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Pendant les quelques jours qui suivaient, Frank était aux petits soins pour Gerard et continuait d'apprécier chaque nuit. Son invité était ravi que quelqu'un s'occupe ainsi de lui et n'avait plus retouché ni à l'alcool, ni à la drogue. Il était en manque, naturellement, mais Frank faisait tout son possible pour qu'il s'occupe l'esprit autrement. Quand les professeurs venaient donner les cours, Ils les suivaient tous les deux. Mais le temps était venu pour Gerard de retourner au lycée, donc chez ses parents. Cela l'attristait de quitter Frank, mais ils allaient se revoir. Cette pause avait même réussi à le re-motiver pour les études, aussi grâce aux paroles de son amis. Il quitta alors le sous-sol de la maison pour rentrer chez lui.

Frank commençait déjà à lui manquer, ses petites attentions, ses sourires, sa cuisine, mais surtout la chaleur qu'il apportait la nuit. Gerard avait prit l'habitude de se coller à lui, cela le réconfortait et lui rappelait qu'il n'était pas seul. Dorénavant, il serait à nouveau unique occupant de son lit, dans sa petite chambre.

Ses parents n'avaient que faire de sa présence, mais il n'y pensait pas. La seule chose qui occupait son esprit - à part Frank - c'était Celyn. Qu'allait-il se passer, est-ce qu'elle allait continuer à le "harceler" ? Peut-être allait-elle se joindre aux autres contre Gerard... Mais après tout il s'en fichait, il avait Frank maintenant, c'était tout ce qui comptait. Il pensait n'avoir besoin de rien d'autre pour remonter la pente sur la quelle il avait glissé et s'était brûlé à cause de la vitesse. Celle qui s'était créée suite au décès de Mikey. Frank le rendait heureux et fort, comme le faisait son frère, cependant il ne ressentait pas de l'amour fraternel envers lui. Gerard n'en était pas sûr, mais il croyait se souvenir que c'était de l'amitié.

Le soir de son retour chez lui, Donna lui avait fait des pâtes. Pour une fois, ils allaient passer le souper tous les trois. Gerard se faisait questionner sur la raison de son overdose. Il ne répondit pas ; il savait que ce n'étaient pas des questions qui venaient de ses parents mais elles étaient proposées par les docteurs, il les avait entendus. Il savait aussi que ses parents n'étaient venus qu'une seule fois à part quand son père l'a amené. Il savait autre chose.

"Mais enfin, Gerard, répond quand on te parle ! s'énerva Donald. Qu'est-ce qui t'a pris ?!" "On essaye de t'aider mais tu parles pas, tu veux quoi de plus ?" ajouta Donna. "Vous voulez même pas m'aider ! Vous faites semblant... Vous pensez même plus à moi depuis que-" "Comment peux-tu dire une chose pareille ?! On est tes parents !" "Ah Ouais ? Eh ben des fois ça se voit pas." Gerard fit glisser son assiette sur la table et fonça dans sa chambre. "Gerard Arthur Way, reviens ici tout de suite ! hurla Donna en lui courant après dans les escaliers. On doit discuter !" Mais Gerard savait qu'ils ne s'intéressaient pas vraiment à lui. C'était peut-être même juste pour éviter de repayer les soins à l'hôpital.

Il s'enferma dans sa chambre. "Respire, se dit-il. Touche pas à ça... pour Frank." Il avait très envie de se faire un ou deux rails, ou au moins de vider la fin de la bouteille de vodka qui restait sur son bureau, mais il savait qu'il ne devait pas. Il se calma comme il put tout en s'abstenant de toucher à quoi que se soit. Il ne pouvait expliquer pourquoi, mais penser à Frank le tranquillisait. C'était mieux que la drogue tout de même. Il décida d'essayer de dormir, mais la présence de son ami qui avait le don de l'apaiser lui manquait. Il ne parvenait pas à s'endormir, il était en manque de coke, d'alcool et... de Frank.

Retourner au lycée après une insomnie, ce n'était vraiment pas le bon plan. Gerard était crevé et ressemblait à un zombie et n'était pas sûr qu'il retiendrait quoi que se soit des cours de la journée, mais il ne voulait pas rester seul chez lui : il serait trop tenté par tout ce qui était posé sur son bureau. Il arriva donc au lycée, descendit en même temps que les autres car il était à l'heure pour une fois, respira profondément et prononça son message d'encouragement dans sa tête. Il voyait déjà Vandecamp et sa bande devant la porte du lycée. Ils étaient placés de sorte à ce qu'il n'ait pas d'autre moyen de rentrer que de passer devant eux. "Super..." Il rabattu son capuchon sur ses cheveux noirs et enfouis ses mains dans ses poches. Avec un peu de chance, peut-être ne le reconnaitront-il pas ? Il baissa la tête et les ignora. Eux pas, au contraire.

"Eh Gerard ! On était malade ?" lança Vandecamp. "C'est dommage, ajouta sa copine. On a appris pleeeiiiin de choses..." "Des choses sur des gens..." continua Davis. Gerard était sûr que Celyn avait parlé, après tout, tout ce qu'elle avait à dire était qu'ils s'étaient embrassés, mais tout de même... ça ne regardait qu'eux deux.

Cependant, il voulait en avoir le cœur net. Après être passé à côté du groupe de chihuahuas enragés, il chercha Celyn des yeux. Il la trouva près de son casier. "Celyn." La concernée se retourna, surprise. "G-Gerard... salut." "Vandecamp... tu leur as dit quelque chose ?" Elle hésita. "À propos de quoi ?" "Tu leurs as dit des choses sur moi, sur ce qui c'était passé ?" "Euh... J'ai parlé qu'à Jess..." "Celyn, tu lui as dit quoi ?" "Jessica est ma meilleure amie, elle savait que je..." Elle s'arrêta, les joues en feu. "Que quoi ?" "Ben... Tu sais, que... que je t'aime, quoi..." Gerard leva les yeux au ciel. Ca avait l'air si dur pour elle mais il voulait savoir ce qu'elle avait raconté. Celyn continua avec difficulté : "C-c'est elle qui m'a dit de venir chez toi, elle m'a dit qu'elle était sûre que tu m'aimais bien..." "Tu parles d'une amie, pensa Gerard. C'est surtout pour foutre la merde." "Quand elle m'a demandé comment ça s'était passé, continua-t-elle, je lui ai raconté... qu'il y avait un garçon... alors elle m'a dit que c'était sûrement ton petit-ami, qu'elle le savait puis elle est partie... Je savais pas que t'étais gay, Gerard... C'est elle qui -" "Mais qu'est-ce que vous avez avec ça ?! Je suis pas gay !" "Tu sais, je... je vais pas te juger, hein... c'est pas une honte..." Gerard se contenta de partir sans lui adresser un mot de plus.

À présent, Vandecamp et ses toutous étaient sûrs que Gerard était homosexuel, et il pouvait être certain que dans peu de temps tout le lycée allait entendre la "nouvelle" et vu le profil de certains, ce n'était pas bon pour lui. Il savait à quelle vitesse les rumeurs se répandaient, il pouvait en témoigner.

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18.02.2017, 00:44

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant