Chapitre vingt-neuf

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« Allô ? » « Apprends-moi à conduire. » « Bonjour Frank, comment ça va ? Moi ça va bien, merci de demander. Est-ce que je peux t'aider d'une quelconque manière ? » « Salut Ray, j'ai besoin que tu m'apprennes à conduire s'il te plaît. » « C'est déjà mieux. Tu es au courant que je ne suis pas expert donc je ne peux pas attester ton permis de conduire? » « Je veux pas le permis, juste savoir conduire une putain de bagnole. » « Faudra que tu m'explique, là. Tu comptes pas conduire sans licence, quand même ? » Frank soupira bruyamment mais ne répondit pas. « Frank, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu peux tout me dire, tu le sais hein ? » « Je peux pas tout t'expliquer comme ça, au téléphone. Il faut qu'on se voit. Mais oui, je compte conduire sans permis. » « C'est un crime ça, constata Ray. Et en général, quand quelqu'un se fiche de commettre un crime, c'est qu'il en a un autre plus grave en tête. Frank, est-ce que tu vas tuer quelqu'un ? » « Quoi ? Non ! Non. Bien sûr que non. J'ai juste pas le temps de faire les papiers. C'est tout. » « Ça m'aurait vachement surpris. Mais t'as quand même bien changé depuis... enfin, on sait jamais quoi. » « Depuis que j'ai plus de nouvelles. » « C'est pour lui, c'est ça ? » Encore une fois, Frank ne répondit pas. Il n'avait pas besoin de le faire ; Ray savait tout. Ça le déroutait parfois, cette sorte de clairvoyance envers lui. Il ne pouvait jamais rien cacher à son meilleur ami. « T'as le temps maintenant ? T'es chez toi ? » « Alors t'es d'accord ? » « Frank, tu sais que je ferais n'importe quoi pour toi. » « Merci... » « J'arrive, viens directement sur le trottoir. » Sur ces mots, et sans laisser le temps à Frank de le remercier une fois de plus, Ray raccrocha. Frank prit une grande inspiration alors que les battements de son cœur accéléraient. Il redoutait l'explication qu'il devrait donner à son ami, mais il savait qu'il comprendrait et qu'il l'accompagnerait quoi qu'il advienne, et c'était ce qu'il aimait le plus chez lui.

Avant de franchir la porte, Frank soupira. En avançant dehors, il essayait de calmer sa respiration qui s'emballait, puis il vit son meilleur ami sortir de la voiture verte, laissant la porte ouverte derrière lui. Ils se prirent dans les bras et Frank monta. « Je t'explique vite ici les bases, on verra comme tu te débrouilles avant d'aller plus loin, ok ? Ensuite tu nous conduira au Peters où je te payerai une bière et où tu me diras ce qui te tracasse. Ensuite je te reconduirai chez toi et on recommencera demain. D'accord ? » Frank hocha la tête en signe d'approbation, mais n'arrivait pas à parler tant ses cordes vocales étaient serrées. « Ok... commence par mettre ta ceinture. Puis place tes mains sur le volant... à dix heures dix, comme ça... voilà, dit Ray en lui montrant la position idéale. Tu commences bien. Détends-toi, voilà. Bon. Ensuite tu tournes la clé pour le contact... ouais. » Ray lui indiqua les pédales et lui expliqua les vitesses rapidement, puis lui demanda de faire un tour sur la petite route qui part de sa maison, vu que personne d'autre n'y conduisait. « Tu y arrive plutôt bien, pour dire que c'est la première fois- attention, ça c'est un arbre, tu dois l'éviter... voilà. » Il continuait de l'encourager, et Frank apprenait vite. Au bout d'une demie heure, il arrivait à maîtriser plus ou moins le volant et les pédales. Pas tout à fait les vitesses, mais sa conduite était assez fluide aux yeux de Ray pour conduire jusqu'au Peters. Le Peters était un pub où les deux garçons aimaient se retrouver pour parler des choses qu'ils avaient sur le cœur. « Si tu le sens plus, dit le frisé alors que Frank avait déjà prit la route de la ville, tu peux parquer la voiture et je prendrai le volant. Je veux pas d'accident. » « Ray... » « Oui ? » « Comment on parque une voiture ? » Le plus vieux des deux se frappa le front de la paume de sa main. Comment avait-il pu oublier une chose si importante que de garer la voiture ? « Bon... c'est un peu compliqué d'essayer direct sur le terrain... » « Euh... on fait quoi alors ? » « Hmmm... je vois pas d'autre moyen que de t'arrêter au milieu de la rue. » « Alors c'est ce que je vais faire. » Le Peters n'était pas loin, Frank ne dût pas conduire trop longtemps. Arrivé à la hauteur du pub, il enclencha les clignotants, indiquant au chauffeur derrière lui qu'il ralentissait, puis stoppa complètement la voiture, en sorti et laissa son ami prendre sa place pour manœuvrer.

*****

« Alors... commença Frank, hésitant. Je crois que je te dois des explications, hein ? » la bière arriva, ainsi que la limonade de Ray. « Disons que j'apprécierais, mais te sens pas obligé. » « Si, quand même... bon... par où commencer ? Tu sais que ça fait vraiment longtemps que j'ai pas de nouvelles de Gee... je sais pas, peut-être qu'il est passé à autre chose après tout... mais je crois pas. J'ai comme un truc au fond de ma poitrine qui me dit que non, qu'il est en danger... enfin, je sais pas trop. Bref. Donc, j'ai envie- ou j'ai besoin, je crois - de le retrouver et j'ai incroyablement peur de ses parents et je sais qu'ils ne me laisseront jamais rentrer chez lui. Donc ce que je vais faire c'est aller le chercher au lycée en voiture- mais pendant les cours, sinon ses parents seront là. Après, s'il est d'accord quand même, on trace la route et on part loin. Je sais pas trop où. On verra. On laissera pas de traces. » « Mais tu vas faire quoi de ta mère ? Elle est au courant ? » « ...Non. Elle me laisserait jamais partir. Je lui enverrai des lettres tout le temps. Mais je ne peux pas lui dire. » « Et moi ? » « Toi aussi, tu auras mes lettres. Et je reviendrai quand les choses iront mieux, c'est promis. Mais je peux pas le laisser, je sais qu'il a besoin d'aide. » « Je viens avec vous. » « Quoi ? » « Je viens avec vous ! Si la route est longue, tu auras besoin de te reposer. Et je vous prêterai ma voiture. Et je conduirai, c'est moins risqué. » « Mais... ton travail ? Tes parents ?» « Frank, je suis vendeur dans une épicerie bio. Je peux trouver mieux partout. Et mes parents, je ne les vois déjà pratiquement plus de toute façon. » « Je sais pas quoi dire... » « J'espère que t'avais pas l'intention de te débarrasser de moi parce que je ne te laisserai pas faire ! » « Ray... » Ray lui fit un clin d'œil et lui indiqua de se taire.

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17.01.2018

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant