Chapitre six

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Pendant la semaine qui suivit, Gerard n'avait reçu aucune visite. Aucun camarade de classe - ce qui n'était pas une surprise -, pas Frank et pas même ses parents. Il avait célébré la première année de son frère au Paradis seul dans une des chambres de l'hôpital qui avait laissé mourir Mikey. Mais ce mardi, Quelqu'un qu'il ne s'attendait pas du tout à voir arriva dans sa chambre. "Salut..." Il s'agissait de Celyn White, une fille de la classe de Gerard. Il ne la connaissait pas vraiment, elle était du genre discrète. Gerard se demanda pourquoi elle était venue ici et en oublia de la saluer. "Salut" répéta la jeune fille d'un ton plus appuyé, ne sachant pas s'il l'avait entendue avant. "Salut..." répondit Gerard. Un long moment de silence suivit, Celyn debout et Gerard éternellement allongé sur son lit, ne pouvant pas facilement bouger à cause de son ventre. Celyn jouait avec ses doigts, sans savoir où regarder. Gerard soupira : "Qu'est-ce qui t'amène ?" "... Je... Je suis venue t'amener ce qu'on à fait au lycée... Comme ça t'es pas largué quand tu reviens... Si j'avais su avant, je serais venue plus tôt, mais on a pas eu d'explication..." "Donc, comment tu sais que je suis là ?" Celyn rougit. "Euh... Comme j'ai vu que tu venais pas depuis un moment, j'ai demandé au prof." "Ben merci..." Tiens, quelqu'un avait remarqué son absence. Une personne. C'était plus que d'habitude et il ne savait pas comment réagir à cela. Alors il ne réagit pas. A nouveau, le silence régna. Il était évident que Celyn était mal à l'aise, mais Gerard s'en fichait. La lycéenne regardait ses pieds, puis un coin du plafond, puis le lit de Gerard et à nouveau ses pieds, tout en tortillant ses doigts. Elle semblait chercher quelque chose à dire mais elle ne trouva rien, alors elle partit à reculons en soufflant un "Au revoir", fit un signe de la main et faillit se prendre le cadre de la porte en se retournant. Gerard la regarda marcher jusqu'à ce qu'il ne la voit plus.

C'était la seule personne à avoir été gentille avec lui depuis longtemps... À part Frank. Mais elle, c'était une fille, ce qui rendait la situation un peu plus étrange. D'habitude, les filles le fuyaient à cause d'une rumeur malsaine qu'avait lancée l'une d'elles en fin de Junior year. Rien n'était vrai, bien sûr, mais toutes ces délicates princesses s'enfuyaient presque en courant depuis. Et comme c'était juste après l'accident, quand il a commencé à se renfermer, tout prenait son sens.

Gerard était resté perplexe tout l'après-midi en réfléchissant à la raison de la venue de Celyn. Elle devait pourtant savoir qu'il n'était pas du genre à vouloir absolument rattraper ses cours, encore moins à la journée près... "Et si elle venait tous les jours ?!" À cette pensée, Gerard se renfrogna. Il n'avait pas envie de voir qui que ce soit du lycée tous les jours. Si elle revenait demain, Gerard lui dirait de partir. Il l'avait décidé. Et puis, cela ne servait à rien qu'elle fasse le déplacement si lui ne travaillait de toute façon pas. Mais de toute façon, pourquoi viendrait-elle tous les jours ? Elle était juste venue aujourd'hui, pas la peine de s'exciter de la sorte. Gerard essaya de s'endormir pour penser à autre chose à son réveil, de toute manière il n'avait rien d'autre à faire. L'alcool lui manquait, la drogue lui manquait. Il allait peut-être pouvoir rentrer ce week-end, il pourrait enfin les retrouver. Il ne pourrait cependant pas retourner au lycée de si tôt, ce qui ne lui posait aucun problème. Il avait juste envie de sortir de cette prison qu'était l'hôpital à ses yeux.

*****

Le jour de sa sortie, il se réveilla tôt, aux alentours de huit heures et demie. Il ne réalisa pas tout de suite que c'était le "grand jour". Il regarda sa montre posée sur la commode à côté de son lit, sur laquelle il trouva également une boîte de chocolats, qui n'était pas là la veille quand il s'était couché. "Salut", fit une voix masculine dans son dos. Surpris, il se retourna brusquement pour trouver Frank, assis sur la chaise des visiteurs. "Tu sors aujourd'hui, il paraît ?" Gerard, encore endormi, ne répondit pas tout de suite. Alors que les deux iris vert-noisette du jeune homme le scrutait, il cligna des yeux et souffla un léger "oui...". "Super, on fête ça ? Tu sors à quelle heure ?" Gerard ne savait pas quoi répondre. Il dit qu'il pensait sortir cet après-midi mais comme Frank n'allait pas passer sa journée à l'hôpital, il lui laissa son numéro de téléphone : "Tu m'appelle quand t'es dehors et on se retrouve ?" fit-il avec son petit sourire en coin. "Ouais, avec plaisir..." répondit Gerard, qui commençait peu à peu à se réveiller. "Réveil dur aujourd'hui ?" plaisanta Frank. L'autre ne lui répondit pas et se frotta les yeux en se redressant dans son lit en guise de réponse.

Frank continua de le regarder pendant que Gerard se réveillait petit à petit, il n'aurait su dire combien de temps cela lui avait pris. Il discutèrent un peu, de rien d'important. Puis l'infirmière arriva. "Bonjour Ge... oh, vous avez déjà de la visite ? Je suis désolée, mais vous ne pouvez pas rester pour le repas... Le restaurant a un nombre bien précis de plateaux à préparer." "Oh, pas de problème, je m'en vais, fit Frank. À plus Gee !" "Il a l'air de bien vous aimer, lui" fit l'infirmière. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de surnom, ça lui faisait bizarre. Il ressentait à nouveau qu'on lui portait de l'affection. Et puis, il avait le numéro de Frank - qu'il n'avait pas revu depuis un moment - comme ça, s'il s'absentait à nouveau sans donner de signe de vie, il l'appellerait. C'était son seul "ami" après tout. S'il pouvait l'appeler ami... Depuis le temps, il ne savait plus à partir de quel point on pouvait s'appeler "ami".

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28.12.2016, 22:51

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant