Chapitre cinq

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Le lendemain matin, les parents  de Gerard étaient rentrés et s'étaient décidés à venir le voir. Mais pas pour longtemps, ils devaient aller travailler. Ils prirent à peine le temps de lui demander comment il se sentait, avant de commenter ouvertement à quel point l'hôpital allait encore leur coûter cher. Gerard pensa qu'il les embêterait moins si il était mort... Quoique, un enterrement coûte cher aussi. Puis Donna jeta un œil à sa montre et salua à peine son fils avant de partir en courant au travail, suivie de son mari. Gerard se retrouva à nouveau seul dans sa chambre d'hôpital. Gerard haïssait les hôpitaux, en particulier celui où il se trouvait. C'était celui dans lequel était mort son frère, après l'accident. Pour lui, c'était de la faute des médecins. Même si ses parents lui avaient dit qu'ils avaient fait de leur mieux, pour lui ce n'étaient que des incompétents incapable de sauver un pauvre adolescent de treize ans. Treize ans, c'est beaucoup trop jeune pour partir... Il était si plein de vie, et on lui avait tout arraché d'un coup. C'était l'affaire de vingt-deux heures, vingt-deux éternelles heures pendant lesquelles Gerard suffoquait, ne sachant pas si son frère allait se réveiller ou pas, en blâmant ce chauffard qui avait renversé son frère.

Gerard aimait être seul, mais pas à l'hôpital. Là, il n'avait pas d'alcool, pas de cocaïne et pas son héroïne. Il ne pouvait que se saouler avec l'odeur, cette odeur constante insupportable qu'on les hôpitaux. Cette odeur qui lui montait à la tête, qui lui rappelait ces jours qu'il avait passés après son overdose. C'était après un jour difficile, il avait aussi été harcelé par Vandecamp. Il l'avait poussé à bout, il avait mélangé de la cocaïne à sa vodka. Beaucoup même. Il avait faillit partir, ses parents l'avaient trouvé à moitié mort dans sa chambre. En vérité, il était mort en même temps que son frère. L'accident l'avait tué, à l'intérieur. Du moins, ça avait tué son bonheur, sa joie de vivre. Il ne lui restait que la tristesse, la colère, le manque, la solitude. L'alcool, la drogue. La mort. Pourtant, il lui avait échappé de peu ce jour là, à cet ange noir libérateur qui était venu déposé un baiser sur son front, lui murmurant doucement  que ce n'était pas son heure.

En général, Gerard n'était pas suicidaire. Mais parfois, la vie était si dure avec lui qu'il voulait donner une chance à la mort de l'emporter. Il n'allait pas directement vers elle, il ne faisait rien de radical. L'idée ne lui était jamais passé par la tête de se pendre, se tirer une balle dans la tête ou se planter un couteau dans la poitrine. Il préférait garder une échappatoire. Peut-être était-il un lâche. Ou peut-être avait-il encore l'espoir que le bonheur lui revienne un jour. Peut-être juste la bonne personne, peut-être le bon jour, peut-être que quelque chose pourrait tout changer. Mais il n'y croyait pas trop. Il espérait beaucoup de choses quand il était petit, mais il avait vite réalisé que tout ce qu'il souhaitait ne se réalisait pas.

Une infirmière entra dans la chambre de Gerard, un dossier dans les bras. Gerard remarqua qu'elle avait en tout cas dix ans de plus que celle d'hier. "Bon... commença-t-elle. Mais... où sont tes parents ?" "Ils sont partis travailler, pourquoi ?" "Et bien, je devais les informer de ton dossier, comme ils n'ont pas pu se libérer hier... ce n'est pas grave, j'attendrai qu'ils reviennent." "Alors tu vas attendre longtemps..." pensa Gerard. L'infirmière, qui avait prévu du temps pour parler avec les Way, se retrouvait sans avoir rien à faire. Elle demanda à Gerard comment il se sentait, même si c'était une question stupide étant donné ce qui lui était arrivé. Elle demanda comment cela c'était passé, alors il lui raconta la même version qu'à Frank : un gang l'avait attaqué. Mais son regard avait vacillé, comme à chaque fois qu'il ment, et cela n'échappa guère à l'infirmière. Cela dit, elle n'insista pas, pensant qu'il ne fallait pas remuer le couteau dans la plaie. Gerard apprécia sa décision, il avait repéré son expression de doute sur son visage mûr. Elle tenta aussi de se renseigner sur sa situation familiale, mais il se contenta de dire que ça allait. Il commençait à se poser des questions : voulait-elle l'aider en connaissant ses problèmes ? Était-ce son devoir de se renseigner sur les patients ou faisait-elle pour son simple intérêt ? Gerard décidai de ne pas y penser et lui demanda s'il pouvait dormir un peu. "Bien sûr, fit-elle. Repose-toi bien et n'hésite pas à m'appeler avec le bouton sur la télécommande." Gerard ne répondit rien, il se tourna simplement vers la fenêtre à l'opposé de la porte et ferma les yeux pour se laisser emporter dans les bras de Morphée.

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27.11.2016, 23:58

Bonjour bonjour !

Ce chapitre est un peu plus court que les autres, de plus il n'est pas intéressant et j'ai hésité à le publier, j'espère qu'il vous a plu quand même... mais promis la suite sera bien. Notamment le chapitre dix...🙈

À mercredi ! Bisouus

-Deb🐝

The Only Hope For MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant