Three Forever ( En Cours De Correction)

Confessions II

LISE

Je fais les cents pas à quelques mètres de la maison de Julian. Il habite à moins de deux kilomètres de chez moi, j'ai fait le trajet à pieds. Je n'ai pas couru, bien au contraire, l'angoisse qui m'étreint me donne plutôt envie de marcher à reculons, mais mon corps réagit comme si: je transpire et Dave Grohi s'acharne sur mon cœur. Je n'ai pas la force d'affronter Julian, et ce qu'il va nous dire, seule c'est donc avec soulagement que je vois Evan s'approcher enfin.

-  ça fait une éternité que je t'attends!

- Désolé.

Vu ses cernes et la rougeur de ses yeux il avait dû passer la même nuit que moi.

- On y va? S enquiert-t-il les yeux rivés sur ses converses.

J'ai envie d'hurler:

- Non.

et de m'enfuir.

Evan perçoit ma panique et me prend la main. Je la broie.

Quand Julian ouvre la porte, je me jete dans ses bras.
Je me suis promise de lui rendre les choses plus faciles et de ne pas pleurer mais apparemment je n'ai toujours pas vidé ma réserve de larmes.
Il me serre fort, Evan se joint à notre étreinte. Nous restons ainsi je ne sais combien de temps avant de nous écarter.

Julian maîtrise son émotion:

- Je suis désolé.

Il cherche ses mots:

- Je voulais enfin j'espérais que vous, tous les deux... vous seriez mieux.... sans moi et surtout sans ...

Evan l'interrompt:

- Tu as essayé de nous éloigner pour nous protéger! T'es vraiment un pauvre con!

EVAN

J'étais en colère, terriblement :

- Comment as tu pu penser une seule seconde que nous pourrions te laisser dans un pareil moment? Je sais pas exactement ce que tu as mais ça à l'air grave. Et... putain Julian pendant tout ce temps j'ai pensé que tu étais un salaud! Que tu n'en avais rien à foutre de nous. Mais ce n'est pas contre toi que je suis le plus en colère !

J'essaie tant bien que mal de contenir mon émotion.

- C'est contre moi! Au fond de moi j'étais content. Oui je me réjouissais d'avoir Lise pour moi tout seul et toi tu...

Je ne peux continuer. Julian me prend la main et lâche sa bombe:

- C'est un lymphome... mais je vais m'en sortir, je ferai tout pour. Je vous le promets. J'ai vraiment merdé, j'aurai dû vous en parler. Mais j'espérais avoir plus de temps avant d'avoir des symptômes visibles. Et oui, si vous aviez pu vous aimez sans moi, m'oubliez je croyais que ce serait plus facile.

Lise vient nous prendre la main:

- Jamais Julian, nous n'aurions jamais pu t'oublier, nous aimer sans toi!

Ces mots sont comme un coup de couteau en plein coeur mais je fais abstraction de cette douleur. A ce moment précis seul Julian compte.

- Lise a raison. Tu as oublié? Three Forever.

Il sourit.

- Ça risque d'être moche.

- Tu l'es déjà, plaisanté-je.

Il rit:

- Tu peux parler: t'as vu ta tronche t'as fait le casting de l'armée des morts avant de venir ou quoi?

Il retrouve son sérieux:

- Merci.

- Pourquoi? demande Lise

- D'être là, d'être venu.

Lise sourit et l'embrasse:
- comme si il pouvait en être autrement abruti!

Aucun de nous ne prononce un seul mot pendant un long moment. Les mains enlacées... nous sommes enfin réunis. Julian va se battre je lui fais entièrement confiance.

Et nous serons à ses côtés.

JULIAN

Comment avais je pu douter? Ils étaient là comme ils l'avaient toujours été. Je m'attendais à voir ce que les médecins, les infirmiers et mes parents ne pouvaient cacher: de la pitié.
Pour mes parents le désespoir aussi, ils me demandaient de me battre mais j'avais l'impression qu'ils avaient déjà baissé les bras.

Or Lise et Julian me regardent avec un espoir tel que je ne peux que croire, moi aussi, en ma guérison. L'inconscience de notre jeune âge penserez vous. Peut-être mais ce n'était pas cela.
Tous les deux sont persuadés que le destin ne pouvait pas nous faire un truc pareil.
Il nous avait réuni, nous offrant la chance de connaître une amitié et un amour unique et indestructible. Il nous imposait juste un obstacle.
Bon OK, il y avait été fort... Pourtant je ne voulais plus penser à lui je voulais oublier: la maladie, les futurs traitements, la mort qui planait au dessus de moi comme un vautour. Non! J'avais un besoin irrépressible d'oublier pour quelques heures.