Swaagat

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LISE

Les six heures de vol et les plaisanteries des garçons n'arrivent pas à égayer mon humeur. Kris enfin l'ancienne Kris: ma meilleure amie, me manque. Je l'ai perdue...
A chaque fois que je pense à elle, à tout ce qu'elle m'a dit, une boule se forme dans ma gorge, mon ventre se tord et la digue menace encore de céder.

Honoré Balzac a dit : « ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude »

Il avait entièrement raison : toutes ces années j'ai douté de nombreuses fois de ma relation avec Julian et Evan mais pas une fois de mon amitié avec Kris. C'est cela qui est le plus éprouvant : ne plus avoir aucune certitude, tout est remis en question : je refuse de passer quatre années en kot avec elle comme nous l'avions prévu, la voir chaque jour aux cours... Impensable.

Tout mon avenir est chamboulé... Et tous ses arguments concernant notre trio... tournent encore et encore dans ma tête.

J'ai besoin de réfléchir à tout cela : seule.

Arrivés à Delhi ma décision est prise et l'Inde est vraiment parfaite pour cela. Férue d'histoire mais aussi de théologie j'avais lu: "Le Bouddhisme" de Victor Harvey et je suis dans ma première vérité : dukkha.

Je n'envisage pas de faire une retraite très peu pour moi mais j'ai besoin de m'éloigner des garçons quelques jours...

Je m'attendais à devoir me battre pour leur imposer ma décision et je ne me trompais pas.

- Sûrement pas ! Tu ne vas pas te balader toute seule dans un pays que tu ne connais pas !  s'insurge Evan quand je leur annonce ma décision.

- Tu ne parles même pas Hindi !  rajoute Julian.

- Je me débrouillerai, on a toujours réussi à se faire comprendre

- Oui mais on était ensemble ! Et tu es une femme !

- Evan je ne te savais pas si sexiste

- Je ne le suis pas, je dis juste que c'est plus risqué pour une femme seule de voyager. Tu penses faire du stop ? Si tu tombes sur un taré ?

- De toute façon ma décision est prise. Je ne demande pas le Pérou juste trois jours pour me retrouver.

- Pour ouvrir tes chakras, pratiquer le derma et toutes ces conneries, se moque Julian.

- C'est le dharma ! T'es vraiment très con quand tu t'y mets !

- Je suis con parce que pour une fois je refuse de me plier aux exigences de madame !

- Va te faire foutre !

- Oh mais je ne demande que ça : l'abstinence on a donné : je pratique pas encore le sexe tantrique.

- Oui et bien ça se voit: ça te monte au cerveau, craché-je, excédée.

Evan essaie de calmer le jeu:

- C'est bon vous vous donner en spectacle là, ça ne sert à rien de s'énerver.

Mais toute la colère que j'ai emmagasinée ces derniers jours me submerge, j'explose:

- Je fais ce que je veux! on a pas signé de contrat à ce que je sache! Rendez-vous dans trois jours à Agra , amusez vous! Et essayez de vous imprégner un peu de cette spiritualité dont vous vous moquez.

Je tourne les talons et m'éloigne à grands pas, j'entends Julian crier:

- C'est ça la zen attitude?

JULIAN

Nous amuser... mais bien sûr Madame! Facile à dire.

Il ne me faut pas une minute pour que la colère fasse place à l'angoisse, je jette mon sac sur mon épaule et prends le même chemin que Lise qui se mêle déjà à la foule. Evan vient se placer devant moi:

- Laisse la, fait-il en riant.

- Sûrement pas.

Il pose ses mains sur mes épaules dans un geste qu il veut apaisant mais qui fait remonter une bouffée de colère. Comment peut-il faire preuve d autant de désinvolture.

- Elle en a besoin.

- Et moi j'ai besoin d'être avec elle.

- Parce que tu crois que moi pas?

Je change de tactique:

- Delhi est trop dangereuse! Tu as vu le monde qu'il y a et...

- On est dans un aéroport, c'est normal qu'il y ait du monde. Elle se débrouillera. Je suis aussi flippé que toi mais tu sais très bien qu'elle s'en sortira: c'est une battante.

- Mais là elle n'est pas dans son état normal, rétorque-je.

Je n'ai vu Lise aussi malheureuse qu'une seule fois et c'était à cause de moi: cela faisait mal rien que d'y penser.

- Je sais, justement tu connais assez Lise pour savoir que si elle souhaite être seule c'est qu'elle en a réellement besoin. Trois jours: on a de quoi s'occuper et voyons le positif: aucun musée! Tu sais de quoi j'ai envie: d'un bon ciné: un film en VO plein de testostérone!

Je ne peux m'empêcher de sourire.

EVAN

Devoir apaiser Julian alors que je suis paniqué est loin d être une chose aisée.

J'ai moi aussi envie de courir après Lise et lui prouver qu'elle a besoin de nous. Mais cela aurait été purement égoïste. Trois jours ce n'est pas la mort...

On prend un taxi: le taximan entame  la conversion dès que nous sommes installés, dans un anglais parfait. Avec ses recommandations nous prenons la direction du Old Delhi.

Three Forever ( En Cours De Correction) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant