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JULIAN

— Arrête tes conneries Evan. C'est totalement faux ! On en a déjà parlé des centaines de fois.

— Mais il nous reste un an et après tu verras, tout va changer.

— Combien de fois on s'est dit ça. Je vais te rafraîchir la mémoire : après notre première fois. Tu te souviens comme on a commencé à être jaloux l'un de l'autre ? On s'est même battus. Et quand tu as dû partir chez ton père passer des vacances.

— M'en parle pas, quelle horreur, j'en veux encore à mes parents de m'avoir obligé à partir.

— Tu n'arrêtais pas de dire qu'on allait te lâcher à ton retour et pour te prouver que non: Lise et moi on ne s'est pas vu pendant quinze jours. Jusqu'à ton retour. Ok les retrouvailles en valaient la peine. Mais merde, comme si le temps, et nous, ne t'avions pas assez prouvé que rien ne pouvait nous arriver à tous les trois !

Et c'est vrai.

Mes parents avaient eu vent de notre relation. Anna ne l'avait pas fait exprès. Lors d'un dîner ma mère avait demandé à Lise si elle avait un petit copain et Anna avait rigolé ( elle était un peu pompette et pour elle notre relation n'avait plus rien d'anormal) et répondu à la place de Lise, qui avait rougi violemment et plongé les yeux dans le contenu de son assiette,

— Elle en a même deux. N'est-ce pas les acolytes ?

Georges s'était offusqué :

- Anna. Tais toi.

Trop tard, le mal était fait. Mes parents nous avaient dévisagés tous les trois, passant de l'un à l'autre. Notre silence embarrassé avait suffi à ce qu'ils comprennent. Ils avaient essayé de m'interdire de revoir Lise. Résultat : des disputes et des cris en pagaille et une fugue d'une nuit. Cette dernière avait permis de les calmer, enfin, et à rétablir un semblant de dialogue.
Ils ne comprenaient pas.
Personne ne le pouvait, même pas Anna qui faisait comme ci. Je crois qu'il n'y a que pour Kris pour qui ça semble naturel. De toute façon, peu de personnes savent. Il y a bien eu des rumeurs mais comme je fais semblant de flirter avec pas mal de filles de l'école, elles se sont tassées. Grâce au basket, j'étais devenu très populaire ces dernières années. Evan lui fait semblant d'être gay.

Qu'est-ce qu'il n'accepterait pas pour Lise.

Perso, je n'aurai jamais accepté. Bon OK, j'aurai cédé aussi. Lise a de très très bons arguments... Très percutants.

EVAN

Julian a beau me citer toutes leurs preuves de loyauté : plus le temps passe et plus je suis jaloux. Lise est toute ma vie, Julian est mon meilleur ami, comme un frère pour moi, sauf que quand il pose ses mains sur elle: je le hais.
Il le sait : un soir en rentrant de chez Lise, il y a déjà plusieurs mois, je l'ai insulté. Il a riposté et nous en sommes venus aux mains jusqu'à ce que, à bout de souffle tous les deux, on se soit assis par terre. Je lui ai tout déballé : toute la rancœur, les pensées nocives qui m'empoissonnaient la vie. Il a avoué ressentir la même chose et on en a conclu qu'on avait deux choix : l'un de nous devait s'effacer, sauf qu'aucun de nous ne le souhaitait ni même ne le pouvait. On en a parlé à Lise, on ne l'avait jamais vue vraiment en colère et heureusement.

 Elle nous avait hurlé dessus :

— Vous êtes les mecs les plus cons que la terre ait portés ou quoi !? Jamais ! Vous m'entendez jamais je ne choisirai l'un de vous ! J'ai déçu mes parents, je les ai choqués, j'ai perdu ma virginité avec vous car je croyais en nous et vous... Vous voulez briser ce que l'on a construit ! Allez-y !

Elle avait arraché sa chaîne et nous avait balancé son "alliance" en nous criant de nous casser et de ne plus jamais revenir.

On s'était retrouvés, comme des idiots, dans le jardin :
— Bon on fait quoi maintenant ? m'avait demandé Julian.

— On n'a pas le choix, si ?

— Non je préfère encore te voir avec elle que renoncer à elle.

— Pareil pour moi et avoue que si on retire la jalousie notre relation est d'enfer.

— Clairement.

On s'était serré la main et avions essayé de retourner dans la maison mais elle devait nous épier car elle avait ouvert la fenêtre de sa chambre et crié :

- N'essayez même pas ! Je dirai à Kris quand je serai prête à vous voir.

Et elle nous avait fait mariner une semaine. Elle n'était même pas venue au match de Basket de Julian.
Après ça Julian et moi on avait ravalé notre fierté "d'homme possessif".

LISE

Il avait fallu plusieurs mois et cet ultimatum complètement ridicule ( et qui m'avait mise hors de moi! Comme si je pouvais choisir) pour que j'avoue à Kris que nous avions passé le cap. Evan est quand même son frère. Je n'arrivais pas à me calmer et quand Kris avait appelé, je lui avais demandé de passer à la maison. J'avais besoin de quelqu'un à qui parler et mamy était partie en vacances.
Elle était au courant de tout depuis notre première fois! Mes "hommes" avaient jeté leur capote dans le wc et n'avaient pas tiré la chasse. Je n'ose imaginer la tête de ma grand-mère quand elle était tombée, nez à nez, avec ces machins flottants. Elle était redescendue en riant et m'avait demandé si je n'avais rien à lui dire. Comme je faisais l'innocente, elle m'avait parlé de sa trouvaille et je lui avais tout déballé. Elle n'avait même pas été choquée.

— Tu sais en Inde, et pas que là-bas d'ailleurs, l'âge pour se marier c'est 14ans mais ses pauvres gamines sont parfois mariées de force ! Alors si tu as choisi librement et en toute conscience de, enfin tu vois. Bon j'ai la preuve que vous vous protégez donc ça va. Si tu as besoin d'en parler je suis là. Car j'imagine comment ta mère a dû réagir. Enfin elle n'avait qu'un an de plus que toi elle quand elle a, enfin, ne lui dis pas, elle pense que je n'en sais rien. Un conseil: si tu tiens un journal cache le ailleurs que sous ton matelas. Mes lèvres s'étirent à ce souvenir et à celui de la réaction de Kris.

— Lise ?

— Je suis dans la véranda.

Je l'avais entendue saluer mes parents et échanger des banalités pendant cinq minutes avant qu'elle me rejoigne.

— On va dehors, m'étais-je écrié dès qu'elle était entrée dans la pièce.

— Le sujet doit être grave. Je sais déjà que vous vous êtes disputés avec Evan: il est d'humeur massacrante!

— Euh pas exactement.
Et je lui avais raconté ce qu'elle ignorait d'une traite sans lui laisser le temps de m'interrompre. De notre premier baiser à notre première fois. Ça avait laissé le temps à son visage de passer par presque toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. J'avais fini en larmes, elle m'avait prise dans ses bras et simplement dit :

- Et bien ça c'est du scoop.

J'avais été tellement heureuse d'avoir son appui. Car parfois, même si les garçons me comblaient de bonheur, je me sentais seule. Pouvoir enfin parler d'eux avec d'autres personnes qu'eux, sans peur du jugement, avait été une vraie libération.

Three Forever ( En Cours De Correction) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant