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JULIAN

Une solution, je devais trouver une solution. Je leur devais bien ça. Mais comment effacer dix-sept ans d'amitié, d'amour ? Avais-je vraiment le choix ?

EVAN

- Comment ça tu ne viens pas ?

- Tu as bien entendu Julian : je ne viens pas. C'est pas la mort quand même.

- Parle pour toi! C'est la troisième fois en deux mois, m'énervé- je.

- Mais vas-y tout seul !

- N'importe quoi, ça ne me dérangerait pas d'aller chez Lise seul mais tu sais bien qu'il en est hors de question. Elle ne voudra jamais : "c'est la règle !" (merci Clara de m'avoir refilé ta manie des guillemets)

- Et bien, on a qu'à changer cette règle : on la déteste de toute façon.

- Pas Lise ! Elle y tient beaucoup elle dit que ce serait le début de la fin car notre jalousie ne serait plus contrôlable. (et elle n'a pas tort)

- Evan, tu fais chier ! Fais ce que tu veux, mais moi, je n'irai pas. On va avoir nos examens dans deux mois et entre vous et la basket, il me reste quoi comme temps pour étudier ? Je n'ai pas la science infuse comme toi.

Je ne comprenais pas ce qu'avait Julian.
Depuis quelques semaines, il était différent, morose, susceptible. Je tentais de le persuader :

- Mais on va s'aider comme toujours. Ça a fonctionné jusque maintenant alors pourquoi changer une équipe qui gagne ?

- Et après quand je partirai étudier à Namur tu viendras aussi m'aider chaque soir ? Tu l'as dit, et tu avais raison, les choses vont changer.

C'est vrai que je les ai bassinés avec mes angoisses or, entendre Julian les confirmer alors qu'il a toujours cru en nous... C'est comme s'il m'avait balancé un uppercut. Je ne sais plus quoi dire.

- Réjouis-toi tu vas l'avoir pour toi tout seul, m'achève-t-il.

Les mots de ma mère me reviennent encore une fois en force : "aimer deux personnes à la fois personne ne le peut ! "Je devrais me réjouir de ce qu'il venait de me dire mais je ne pouvais pas : car pour Lise, c'est tout l'inverse : elle ne peut concevoir de n'aimer que l'un de nous deux.

LISE

De l'air, il me faut de l'air !
Je sors en courant de la salle, arrivée dehors, je me plaque contre le mur et me laisse glisser au sol. La tête entre les genoux, je prends de profondes inspirations pour essayer de contrôler mon cœur. Il menace de s'extirper de ma poitrine pour que je puisse, moi-même, le broyer entre mes mains et arrêter d'avoir aussi mal.

- Lise ça va ? S'enquiert Kris, elle ajoute : - le salaud !

- Je ne comprends pas ce qu'il a ces derniers temps mais là, il a été trop loin. Qu'est-ce qui lui a pris ? continue Evan.

- Je n'en sais rien, mais il va devoir s'expliquer. Et toi qui rêves de lui casser la gueule à nouveau : l'excuse est toute trouvée, répond Kris.

Je me bouche les oreilles en criant :

- Arrêtez, arrêtez !

- Oh pardon, s'excuse Kris en m'entourant de ses bras.Evan s'assied à côté de moi et me caresse la joue. Je me rends alors compte qu'elle est trempée.

Je pleure !

Évidemment que je pleure, je viens de voir un des hommes de ma vie faire tournoyer une autre fille que moi et l'embrasser. Non ! C'était bien plus que ça, il lui mangeait littéralement la moitié du visage ! Et tous ces sifflets, ces "trouvez-vous une chambre".

L'émotion est trop forte. Mon estomac se retourne, je me relève et me précipite, juste à temps, pour vomir dans une poubelle.
Evan me rejoint, il me tient les cheveux et me masse doucement le dos. Quand j'ai enfin fini de me vider, je le repousse violemment et prise d'une rage incontrôlable, lui hurle :

- Tu le savais ! Il t'avait dit quelque chose ? Comment as-tu pu me cacher ça ? Mais réponds !

Il secoue la tête et tend les mains vers moi :

- Comment veux-tu que je te réponde si tu me hurles dessus. Non, bien sûr que non, je n'étais au courant de rien. Il s'en est tenu à la même version qu'avec toi : il avait besoin de temps pour étudier.

- Tu parles ! étudier l'anatomie de la bouche de cette pouffe ! Il l'a choisie elle ! Pourquoi ?

Je sanglote à présent. J'ai l'impression d'être brisée à l'intérieur. Evan me tient longtemps dans ses bras. Kris, Gaëtan ( son nouveau copain),Clara et Lex nous ont rejoints.
Super ! Je vais avoir droit à des regards plein de pitié et la série de phrases toutes faites qu'on dit quand une fille est trompée.Mais peut-être me connaissent ils assez pour savoir que ce n'est pas pour moi et qu'à ce moment précis je n'ai besoin que d'une personne : et elle me tient dans ses bras. Oh non, j'avais besoin de Julian aussi.

Pourquoi me, ... Non ! Nous fait-il cela ?

EVAN

Je serre Lise dans mes bras, je voudrais être capable de lui ôter toute cette souffrance.J'aurai pu me réjouir de l'avoir pour moi tout seul, mais elle est tellement anéantie. Personnellement, je n'arrive pas à mettre de l'ordre dans mes sentiments, me retrouver seul avec Lise c'était, ... Je l'avais tellement imaginé, c'est ce que je voulais et en même temps perdre Julian, son amitié.
Comment pourrais-je rester ami avec lui ?

Perdre nos moments à trois me peinent beaucoup plus que ce que je l'aurai cru. Lise s'écarte.

- Je voudrais rentrer, dit-elle doucement.

Malgré ses yeux verts rougis, ses longs cheveux en bataille, elle est toujours aussi belle. Elle n'est plus la petite fille qui était mon amie et dont je suis tombé amoureux. A présent, elle a tout d'une femme. Elle ne s'est jamais rendu compte à quel point les regards sur elle ont changé. Quand d'autres garçons la matent, elle ne s'en aperçoit jamais.
Julian et moi ne voyions que cela. Elle nous appartenait, pas comme un objet, un trophée, juste comme une partie de nous, un prolongement de nous.

C'est difficile à expliquer... Nous avons toujours été liés, tout découvert ensemble, nous sommes trois mais ne faisons qu'un.

Et là j'ai l'impression d'être amputé.

Three Forever ( En Cours De Correction) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant