PRENDRE MON ENVOL

CHAPITRE 6

C'est l'anniversaire de ma meilleure amie et pour l'occasion nous sortons, un petit resto et après j'ignore ce qu'elle veut faire, on avisera comme à l'accoutumer. J'ai beau regardé dans ma penderie, je ne vois rien qui puisse mettre mon corps en valeur ! A vrai dire, comment le pourrais-je ? Même avec la robe la plus élégante au monde, j'aurais l'air d'un sac à patates plein de bosses. Aucune tenue ne se fond à la perfection à mon corps, il est bien trop difforme et tortueux pour que les vêtements m'aillent.

J'opte, en conséquence, pour une petite robe empire rouge, qui masque une grande partie de mon corps, une paire de collant noir opaque et des chaussures noires brillantes à petit talon, car je ne veux pas me ridiculiser. J'ai beaucoup de mal à marcher avec des escarpins vertigineux, et en plus, ce n'est pas du tout bon pour mon dos. Quand on a un problème comme le mien, on doit faire en sorte de ne pas le saccager davantage par des actions inutiles, telles que porter des talons, ou bien fumer, ce qui dégraderait à coup sûr mes difficultés respiratoires déjà présentent au quotidien, mais également boire de l'alcool, porter du poids, rester dans la même position des heures durant... la liste est bien trop longue pour vous la décrire entièrement.

J'enfile mon manteau et file vers la voiture de ma meilleure amie, Daniéla. Oui, c'est elle qui m'a conseillé de m'inscrire sur le site de rencontre. Pour le moment, je ne peux pas dire que cela soit une franche réussite, bien au contraire. Entre ceux qui me font passer un interrogatoire de police, ceux qui disent ouvertement qu'ils sont là seulement pour le sexe et ceux qui ne veulent que des femmes à forte poitrine, je n'ai plus grand monde à me mettre sous la main. J'ai l'impression que plus personne, de nos jours, ne recherche l'amour.

— Waouh ! Tu es magnifique ! me dit-elle quand j'entre dans sa voiture.

Qu'est-ce qu'elle peut être gentille, elle ne s'est pas vue ! Elle est canon ! Et comme à mon habitude, je n'y fais pas attention. Je prends cet éloge comme un banal salut.

— Merci, je te retourne le compliment !

C'est vrai, elle est très belle, pulpeuse, un corps de rêve, une vraie pin-up. Elle doit être le fantasme de beaucoup d'hommes et dire qu'elle est célibataire. Comment avoir mes chances de rencontrer quelqu'un auprès d'une telle femme ?

— Prête pour aller faire la fête ?

— Je croyais qu'on allait dîner ?

— Oui, dans un club ! A partir de 23h, ça se transforme en piste de danse.

— Ok, mais je ne danse pas !

— Si ! Si ! Tu vas te déhancher ! insiste t-elle.

Elle peut être très persuasive par moment, mais là, c'est peine perdue ! J'ai déjà du mal à tenir en équilibre sur mes deux jambes, alors dansé, je ne vous explique même pas.

— Non ! Je suis un manche à balai, je ne sais pas bouger mon corps !

— Si ! Je me rappelle t'avoir déjà vu te dandiner !

— Non ! Tes souvenirs sont flous, tu m'as déjà vu tenter, mais ce n'était aucunement de la danse.

— Ce n'était pas si mal, arrête !

Elle ne se rappelle vraiment pas ! Je me suis ridiculisée et pas qu'un peu. Les regards étaient tous braqués sur moi, quand je suis tombée comme une vieille cruche à terre, brisé en mille morceaux.

— Oui, pour être la rigolote de service !

— Mais non ! Toi, tu ne te rappelles que de la chute, mais avant que cela se produise tu dansais plutôt bien.

— Bon, on y va ? je lui demande ne voulant pas m'attarder sur le sujet. Je croyais que ta cousine nous attendait ?

Car quand Daniéla a une idée en tête, personne ne l'arrête.