CHAPITRE 28

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Aujourd'hui,...

J'ai encore beaucoup de mal à croire que ma plus grosse peur s'est finalement produite. Miguel s'est volatilisé de ma vie aussi vite qu'il l'avait introduite quelques mois plus tôt. Me laissant complètement seule et désemparée ! Les semaines qui ont suivi son départ ont été une torture pour moi. J'ai eu du mal à me convaincre que tout cela était bien réel. J'ai également eu beaucoup de difficultés à me défaire du passé et de ces beaux moments à deux. Pourtant, il a bien fallu faire mon deuil. Miguel n'est pas revenu, comme il me l'avait promis.

Je comprends maintenant pourquoi je suis enfermée ici. Je devais me rendre à l'évidence. Le bonheur, l'amour, la joie, le bien-être...et tout ce qui a un rapport avec le plaisir ne sont pas pour moi !

J'aurais du le comprendre bien avant ! On ne peut pas du jour au lendemain, réaliser tous ses rêves ! Il y a bien trop de conséquences qui en suivent... C'est irrémédiable ! La vie ne peut pas m'offrir un tel cadeau ! C'était bien trop beau !

Mais je ne le regrette pas, j'ai pu goûté l'espace d'un instant à ce sentiment de bonheur. A cette joie, dont tout le monde devrait avoir un jour le plaisir d'éprouver. Le seul regret que j'ai, c'est de n'avoir pas profité de ce bien au maximum. Aujourd'hui, avec tout le recule, malgré la chance qu'il m'a été donnée, je m'aperçois que j'ai gâché certain moment de ma vie pour des âneries sans importance. Je n'aurais jamais du me laisser envahir par la peur. Ma peur a guidé Miguel à me quitter.

Dorénavant, si je sors d'ici un jour, je me promets de vivre ma vie comme si chaque journée était la dernière de mon existence. Je ne veux plus avoir peur de l'avenir ! A chaque jour suffit sa peine !

— Ah ! je crie ma douleur en me retournant face au plafond sur mon lit peu confortable.

Mon dos est toujours très endolori. Le repos n'y change rien ! Il va sûrement falloir me réopérer. Rien ne me soulage ! Pourtant, depuis que je suis enfermée ici, je prends des cachets à longueur de temps et je m'efforce à prendre soin de moi. Que faire d'autre dans cet endroit ? J'écoute et applique les recommandations de mon psy du mieux que je peux. Mais rien n'y fait ! La douleur persiste, et augmente même à certain moment de la journée par l'apparition de coups de couteau en plein dans les reins, ce qui entraîne une douleur aigue au milieu de ma poitrine.

— Bonjour Amélia ! me salue Jane en entrant dans ma cellule.

Je ne trouve pas d'autre nom pour qualifier ce lieu affreux. Désolée ! Même si je sais à présent que je suis à l'hôpital, cet endroit ressemble plus à un cachot qu'à une chambre hospitalière. C'est d'un sinistre !

— Comment allez-vous aujourd'hui ?

— Résignée ! je sors instinctivement.

Comment pourrai-je me sentir ? Je sais à présent que j'ai perdu l'homme que j'aime et qu'il ne me reviendra plus. Je suis destinée à vivre sans amour et sans bonheur dorénavant. Un tel miracle ne se reproduira plus dans mon existence. J'aurais du le savoir !

— Pourquoi dîtes-vous cela ?

— Miguel m'a quitté ! Et je ne suis pas dupe, au point de me border d'illusions...

— Il n'est pas revenu ?

— Non !

— Vous en êtes certaine ?

— Oui ! j'atteste fortement que j'en prends peur.

Je sursaute et elle aussi. Mais où veut-elle encore en venir avec ces insistances ? Elle ne voit pas que je souffre le martyre ? J'ai beau essayé de tenter de me souvenir des derniers mois de l'année passée, rien n'y fait, c'est le trou blanc !

— Vous croyez que je suis folle, c'est ça ? Vous pensez que je n'ai rien à faire en liberté ! Que j'ai tout inventé ! Que rien de ce que je vous raconte n'est vrai ! Enfermez moi pour toujours, vous avez raison ! je débite sans reprendre mon souffle tellement je suis triste et désorientée par les derniers événements dont je me souviens.

— Amélia ? Je ne pense rien de tout cela ! Je crois seulement que vous êtes un peu égarée, et que vous avez besoin d'aide pour retrouver votre chemin. Et si vous voulez bien, nous allons essayer de poursuivre ensemble ?

— Il n'y a rien d'autre à poursuivre ! J'ai compris ! Je ne suis pas digne d'être aimée ! C'est clair !

— On est encore loin d'en avoir fini toutes les deux ! Qu'avez-vous fait après avoir reçu le message de Miguel ?

— J'ai pleuré ! je prononce comme si elle aurait du le savoir.

Et à la grimace qu'elle me jette, j'ai la nette impression que ce n'est pas tout à fait à quoi elle s'attendait.

Que voulait-elle que je fasse ? J'étais déprimée et chamboulée ! Je ne savais pas où j'avais fauté. Et encore aujourd'hui, j'ignore pourquoi tout cela m'est arrivé. Oui, je me suis laissée envahir par la peur, mais je n'ai rien vu venir... A part... ces foutus cauchemars qui ne me laissaient pas dormir.

Et s'ils étaient vraiment là pour me prévenir de ce qui m'attendait et ce qui m'attend... Car depuis que je suis ici, toutes les nuits, c'est le même refrain qui tourne dans ma tête. Tous mes rêves se ressemblent, je me réveille en transe dans une pièce que je ne connais pas, avec la sensation d'avoir perdu quelque chose d'important, mais sans savoir quoi. Je suis comme possédée. Je jette tout à terre sur mon passage en hurlant des mots dont je ne comprends pas le sens, balayant toutes les personnes qui tentent de m'aider et que je connais d'un revers de main, quitte à leur faire du mal. Puis, je me laisse tomber au sol démunie, désemparée, et complètement détruite de l'intérieur. Et quand je me réveille enfin dans ce lieu, je suis encore angoissée et terrifiée par ce que je viens de vivre en songe, suffoquant même, à ne plus pouvoir respirer. Est-ce la mort qui me court après ? Mon destin est-il de mourir dans les jours qui viennent ? Où est-ce l'abandon de Miguel qui me fait ressentir de telles souffrances ?

Miguel était un pilier dans ma vie, mais était-il bien plus que ça ? Etait-il ma raison de vivre comme je l'ai tant dit auparavant ? Est-ce son abandon qui m'a fait tant de mal au point d'en perdre les pédales ? Comment une séparation peut-elle nous faire autant souffrir ?

— Amélia ? Je sais que vous avez peur de ce qui vous attend ! Mais vous devez aller jusqu'au bout !

— Mais vous ne comprenez pas ! Je ne me souviens plus de rien ! je m'énerve en me relevant d'un bond, provocant une horrible douleur en bas du ventre.

— Calmez vous ! essaye t-elle de m'apaiser pour ne pas changer.

Mais je ne veux pas, pas, cette fois-ci ! Je n'ai pas envie d'être réconfortée. Je veux juste comprendre ce qui m'arrive. Je veux savoir ce qui s'est produit ensuite, après que l'amour de ma vie m'ait abandonné. Si ce n'est pas trop demandé ?

— Allongez-vous ! m'impose t-elle en m'aidant à reprendre place sur mon lit. Fermez les yeux ! Je vais tenter de faire revenir à la surface certains événements de votre vie... Vous devez tout d'abord vous calmez ! insiste t-elle alors que je n'arrête pas de gigoter.

C'est très dur pour moi de rester immobile sur le dos. Je ne supporte pas cette position inconfortable, et je lui fais savoir en me relevant.

— Amélia ! Je sais que cette situation est très incommodante ! Mais vous devez me faire confiance ! Rallongez-vous !

Ce que je m'efforce de faire, mais cette fois-ci, elle met un gros oreiller sous ma tête, ce qui me permet d'être plus confortable.

Les yeux clos, je me concentre sur ce qu'elle me dit et sans que je puisse le contrôler, je me sens envahie d'une mélancolie discontinue. Mes yeux se mettent à pleurer avant même que les images surgissent dans ma tête. C'est déroutant !

Puis, je suis frappée de plein fouet d'une horrible sensation ! Mon corps se met à convulser et l'instant d'après il se paralyse terrorisé par ce que je viens de me remémorer. 

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant