CHAPITRE 34

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Aujourd'hui,

— Vous l'avez pardonné ? me demande Jane alors que je viens à peine de terminer de raconter mes retrouvailles avec Miguel.

Mais plus j'y pense, et plus j'ai l'impression de passer au travers de quelque chose dans mon récit. Comme si un détail important m'échappait. Comme si mon esprit refusait de me le dévoiler. Je ne saurais dire qu'est-ce que c'est. Mais j'ai le sentiment étrange que c'est la clé de tous mes problèmes...

Je tente par tous les moyens de découvrir à côté de quoi je suis passée, mais strictement rien ne me vient, a part peut-être... Et si tout cela était du à mon mal de dos ? Depuis le début, je suis persuadée que ma douleur dorsale vient du fait que je force un peu trop dans mon nouveau métier. Mais si je me trompais ? Et si cette souffrance était du à toute autre chose ? Il n'y a pas que le fait d'avoir une scoliose qui donne ce genre de douleur, si ? Il faut que je me renseigne ! Mais comment ?

— Amélia, vous êtes toujours avec moi ?

— Oui ! je sursaute ne m'attendant pas à qu'elle intervienne.

J'étais absorbée par mes pensées que je l'avais complètement oublié.

— Alors ?

— Alors quoi ?

Je ne vois pas où elle veut en venir ? Il n'y a pas que le passé que j'oublie, le présent commence lui aussi à me fuir... C'est impressionnant !

— Vous avez pardonné à Miguel son escapade ?

— Bien sûr ! Je l'aime ! J'ai mis du temps, mais j'ai réussi à le faire ! L'amour est plus fort que tout ! Non ?... Mais quand j'y repense, je suis un peu triste par sa réaction.

— Il n'a pas sauté de joie en apprenant que vous le pardonniez ?

— Si ! Ce n'est pas celle là dont je parlais !

— Alors quand ?

— Il n'a plus jamais reparlé de notre bébé. Comme s'il n'avait jamais existé.

— Il ne voulait et ne veux peut-être pas vous chagriner plus que vous ne le fussiez déjà ?

— C'est possible...

— Passons à tout autre chose ! Oublions pour l'instant Miguel et votre bébé, vous voulez bien ? Concentrons nous sur vous ! Savez vous me dire pourquoi vous êtes ici avec moi ?

— Car je suis folle ! me vient ces termes comme une évidence.

Comment qualifieriez vous une personne qui perd la tête ? Bien évidemment, je tente de la récupérer, mais ce n'est pas chose simple. C'est même très difficile et éprouvant. A la fin de chaque séance avec mon psy, j'ai l'impression d'avoir couru un marathon tellement je suis au bout de mes capacités et épuisée à ne plus pouvoir bouger d'où je suis.

— C'est vraiment ce que vous pensez ?

— Oui !... Et non ! Mais je ne trouve pas d'autre terme pour me désigner...

— Essayer par m'expliquer pourquoi selon vous, on vous a transféré dans mon service ?

— J'ai oublié une partie de ma vie... Et nous tentons toutes les deux d'y remédier.

— En effet ! Seriez vous capable de m'en dire plus ?

— Sur ma vie ?

— Plutôt sur ce que je vous efforce à vous rappeler ?

— Non ! J'ai seulement cette sensation de tergiverser autour mais sans savoir ce que c'est. Mon esprit m'interdisant l'accès à l'information. Je ne sais pas comment vous l'expliquer autrement...

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant