CHAPITRE 5

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Tout à l'air de me sourire pour une fois ! Dans une heure, j'ai un entretien d'embauche. Quand je m'y attendais le moins, après des dizaines de CV envoyés par semaines, je reçois un appel d'une entreprise auprès de qui j'ai postulé au tout début du mois, par le biais de Pole Emploi. Mon premier rendez-vous professionnel depuis le début de l'année, ou devrai-je dire depuis des mois. Cette société est à la recherche d'une standardiste pour l'accueil, ce qui me conviendrait absolument malgré mon diplôme de gestion. Je ne vais pas faire ma difficile !

Et comme un bonheur n'arrive généralement jamais seul, du moins c'est ce que l'on dit. Ce soir, je dois aller boire un verre avec un charmant jeune homme, rencontré sur le site internet. Il s'appelle Florent, il a vingt-sept ans. Oui, il est plus jeune que moi, il faut dire que j'attire que des damoiseaux ou des très vieux. Donc, je n'ai pas vraiment le choix. Il est vendeur de fruits et légumes. Il est brun aux yeux bleus, pas très musclé mais avec un petit charme. Il n'est pas très grand pour un garçon, il mesure à peine 1m70, ce qui me va parfaitement, vu ma petite taille.

J'ai hâte de faire sa connaissance ! Daniéla m'a informé qu'on pouvait être déçue lors des premiers rendez-vous. On s'imagine des choses sur les personnes avec qui on discute pendant des jours, alors qu'en réalité, ils sont complètement différents. Donc, je vais à ce rancard, sans savoir, qui je vais réellement rencontrer. Un homme, c'est sûr, mais du reste, je le découvrirais le moment venu.

Je suis heureuse de constater que mes efforts payent, que ma vie prend un nouveau tournant. J'espère seulement que tout se passera pour le mieux !

Je finis de me préparer à la va-vite, car je n'ai pas vu le temps passé. Il ne faut pas arriver en retard, surtout que j'aime être ponctuelle. Je déteste que les gens m'attendent. Après avoir enfilé un pantalon noir et un chemisier rose poudré, je me précipite vers la salle de bain exiguë, où je manque de me prendre le lavabo en pleine face, en glissant sur je-ne-sais-quoi. La chance m'aurait-elle abandonnée ? Non ! Il ne m'est rien arrivée, plus de peur que de mal. Je me redresse, je me remets de mes émotions, puis je me maquille légèrement afin de cacher mes boutons disgracieux. N'ayant plus beaucoup de temps devant moi, j'opte pour faire une queue de cheval à ma crinière de lionne.

Enfin, prête, et avec mon dossier sous le bras, je me dirige vers ma voiture. Si tout va bien, je serai à l'heure à mon entretien, voire même un peu en avance.

Je sors de mon véhicule dans la précipitation afin d'arriver à temps. Puis, je me mets à courir en direction de l'entreprise, quand je sens quelqu'un ou quelque chose me bousculer. Mon sac et tout son contenu se retrouvent à terre. Je jette un petit coup d'œil à mon obstacle, il s'agit d'une grande enseigne qui tourne sur elle-même. C'est bien ma veine ! Je suis maudite ! Je me penche en avant pour ramasser mes affaires quand une voix m'interpelle :

— Je peux vous aider ?

Et, avec les nerfs à vif d'être en retard, je n'accepte pas son renfort.

— Non ! Ça ira !

Ou peut-être est-ce ma maniaquerie qui prend le dessus, j'aime que tout soit à sa place, et je n'achète que des sacs à main avec plusieurs compartiments, comme ça, je sais où se trouve chaque chose, je n'ai pas besoin de renverser ma bourse pour trouver mes clés par exemple. Je sais, c'est complètement absurde, mais on ne se refait pas ! Alors que ma vie est un chaos en permanence, l'ordre est la seule chose que je peux contrôler dans mon existence, voilà, pourquoi je suis une maniaco-dépressive.

— Desculpa !

Je dois rêver, il a parlé portugais ? Non ! C'est mon imagination qui me joue des tours ! Ce n'est pas possible autrement !

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant