CHAPITRE 10

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Retour en arrière,


J'ouvre la porte de ma jolie boutique. Je suis tombée amoureuse de cet endroit en moins de cinq secondes, un vrai coup de foudre. La propriétaire était ravie de pouvoir me louer ce lieu, resté à l'abandon pendant des mois, la crise étant passée par là. Cela fait quelques années maintenant, que les boutiques ferment les unes après les autres dans cette rue, pourtant très touristique. Aucun visiteur de la ville de Viseu n'échappe à cette ruelle. Elle est un des emblèmes de cette localité. Elle se trouve au pied d'un monument architectural vieux de plus de cinq cents ans, une Cathédrale avec ses majestueuses voûtes, qui surplombe la cité. On ne peut pas passer à côté ! Mais heureusement pour moi, depuis le début de l'année, la tendance s'est inversée, le marché est reparti à la hausse, et de nouvelles enseignes ont fait leur apparition.

Dans mon for intérieur, j'ai toujours voulu ouvrir ma pâtisserie dans cette ville, Viseu, et surtout dans cette rue mythique « rua direita ». Mon rêve inaccessible va enfin se réaliser ! Viseu a été élu à plusieurs reprises l'endroit où l'on vit le mieux au Portugal. Moi, j'en suis convaincue ! On n'a pas l'océan à portée de main, mais on a bien plus que ça, on a la chaleur humaine. J'adore ce lieu ! Cette zone étroite et piétonne, nous dépayse complètement. On ne se croirait pas au cœur, en plein centre ville, non ! On se croirait plutôt dans un petit village où tout le monde se connaît et se côtoie. Un vrai cocon familial, dans lequel j'espère trouver ma place, mais ce n'est pas gagné !

En tout cas, moi, je m'y plais déjà ! Vivre ici est un renouveau, même si ce coin fait partie de moi depuis ma tendre enfance. Il n'y avait pas une année qui passait, sans que mes parents nous emmènent, mes frères et moi, voir les nouvelles boutiques de la « rua direita ». C'était un lieu incontournable pour les vacanciers, et c'est toujours le cas, j'aime à le penser. Malgré les ouvertures des deux grands centres commerciaux, je ne peux m'empêcher d'y revenir tous les étés et j'espère intérieurement que je ne suis pas la seule dans ce cas. Ce chemin, cette ville, reste à mes yeux, un endroit incomparable, un secteur qui me rappelle au combien j'ai été heureuse dans ce pays. Je croise les doigts pour que mon rêve de petite fille se réalise sans encombre.

Avant d'entrer dans ma petite boutique, je contemple ma vitrine, et me demande comment je dois faire pour la mettre en valeur ? J'adore pâtisser, c'est un fait ! Mais j'ai un énorme défaut, je ne sais pas me vendre. Comment faire acheter, donner ce n'est-ce l'envie aux clients de franchir les portes de ma pâtisserie ? Je n'en ai pas la moindre idée ! Il faut pourtant que je trouve une solution ! Je dois tout d'abord faire en sorte que mes gâteaux deviennent attrayants, et ça, c'est déjà un grand challenge. Moi, qui ne jure que par le goût et en oublie parfois de sublimer mes œuvres... ça ne va pas être de la tarte ! Il faut me rendre à l'évidence, j'ai du souci à me faire !

— Oups ! Pardon ! s'excuse en bon portugais, un passant qui me rentre dedans.

Un charmant jeune homme, je dois l'avouer, qui, soit dit en passant, me dit quelque chose... Je l'aurais déjà vu, mais où ? Je n'arrive pas à m'en souvenir. Pourtant, beau garçon comme il est, je devrais pourvoir m'en rappeler.

Il me fait un sourire, un peu gêné, mais qui n'enlève rien à son charme. Puis, il recommence de plus belle, et là, tout son visage resplendit, et mon corps défaillit par tant de beauté. Je suis hypnotisée.

— Excusez-moi ! On ne se serait pas déjà rencontré ? prend t-il les devants.

Alors, lui aussi, a la même impression que moi ! Mais d'où on se connaît ? Je me creuse les méninges, mais rien ne vient.

— J'allais vous poser la même question ?

— Les grands esprits se rencontrent ! atteste t-il.

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant