PRENDRE MON ENVOL

CHAPITRE 2

Retour en arrière,

Nous sommes la veille d'une nouvelle année, je me demande pourquoi je suis enfermée ici, au lieu de faire la fête avec les membres de ma famille, tous réunis pour l'occasion ? Il faut dire que c'est le seul endroit de la maison, dans lequel je ne risque pas d'être embêtée. Comme chaque fin d'année, j'attends un miracle venu du ciel qui n'arrivera certainement jamais ! Je ne suis pas digne d'être aimé, d'être heureuse ! Je l'ai compris, il y a longtemps ! Mais tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! C'est ce que je me dis, du moins, pour me réconforter. Car pour moi, l'espoir s'amenuise ! D'année en année, il est de moins en moins présent. Au fil du temps, j'ai l'impression que rien est fait pour me faciliter la tâche. Les décennies passent et ma vie reste inchangée, voire plus catastrophique ! A croire que je mérite ce qui m'arrive...

Je suis née dans une charmante petite ville, de Haute Savoie, aux pieds des montagnes, Cluses. J'ai déménagé à plusieurs reprises avec ma famille, mais nous sommes toujours restés dans la même ville. Ma mère voulant rester près des commodités, en cas de problèmes de santé de ma part. Je suis née avec une malformation de la colonne vertébrale et quatre côtes en moins, ce qui a entraîné et continu d'ailleurs, de me causer beaucoup de complications. Certains diront que ce n'est pas une fatalité, car je suis en vie, et d'autres, me diront que c'est le karma, mais moi, je pense que c'est simplement la vie.

Certains d'entre nous, naissent sous une bonne étoile, ce qui va leur facilité l'existence, et d'autres, comme moi, naissent par erreur, ce qui va entraîner tout plein de malheurs et de souffrance.

Dès le début de ma vie, j'ai du affronter plusieurs épreuves très traumatisantes pour une enfant. En effet, je me suis fait opérer du dos à plusieurs reprises pendant ma tendre enfance. Entre problèmes médicaux et acharnement de la vie, car oui, les ennuis ne se sont pas arrêtés juste au fait que j'avais une scoliose cyphose, le destin en rajoutait toujours de plus belles, au fur et à mesure, comme si j'étais maudite !

J'ai énormément souffert à chaque intervention chirurgicale, mais le plus dur, c'est de se dire que l'on mérite ce que l'on subit, car en plus des cicatrices sur tout le corps et la douleur, les incidents qui ont suivi auraient peut-être pu être évité, si seulement la vie ne voulait pas à tout prix me punir. Durant mes toutes premières années d'existence, j'ai dû me battre pour rester en vie. J'ai l'impression que j'ai été programmée pour mourir, mais que Dieu changeait d'avis à la dernière minute et ça à plusieurs reprises.

Pour commencer, j'avais à peine deux ans et quatre mois, quand je me suis fait opérer du dos pour la première fois. Pas besoin de vous dire que ça n'a servi à rien. Je bougeais dans tous les sens, et les greffes osseuses n'ont pas tenues ! Mais la douleur était bien là ! Je suis rentrée chez moi avec un plâtre sur tout mon buste, en plein été ! Je ne vous dit pas la galère, et quand j'avais envie de me gratter ? Impossible ! Heureusement, que je n'étais pas encore à l'école. Je ne sais pas comment j'aurais fait sinon ? Ma mère m'aidait en soufflant dans les petites extrémités afin de me soulager de mes démangeaisons. Une vraie torture !

Et quand est venue le jour de m'enlever ce fichu plâtre, mes parents et les médecins sont restés incrédules face à ce qui s'est produit. Toute la surface de la peau de mon dos est partie avec mon maudit plâtre. Inutile de vous dire que cela m'a été insupportable ! Je n'arrivais pas à dormir, ni a supporté le moindre tissu sur moi. Ma mère m'a fait voir une tonne de médecins, afin de trouver une solution à mon mal être, et a fini par en trouver un, au bout de quelques semaines, qui m'a administré une pommade cicatrisante, qui m'a fait un bien fou en quelques jours seulement !

J'étais redevenue la petite fille que j'étais. Et quelques semaines plus tard, je me suis mise à marcher pour le plus grand plaisir de mes parents. Il faut dire qu'ils pensaient que je ne marcherais jamais. Les miracles existent ! Il faut seulement y croire très fort !