CHAPITRE 42

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Aujourd'hui, Dimanche 5 février, 4h40...


Ma psy a fait son apparition bien plus vite que l'éclair. On aurait cru qu'elle était encore dans l'hôpital, alors qu'on est en pleine nuit, tellement elle a fait vite pour nous rejoindre. Je n'avais pas encore terminé de raconter ma journée du mois d'août qu'elle était déjà parmi nous.

— Amélia, êtes-vous revenue sur votre décision ?

— De quelle décision parlez-vous ?

— Avez-vous pensé à un moment donner de mettre fin à votre grossesse ?

— J'ai eu des doutes. Beaucoup de doutes ! Les premières semaines ont été très dures. Je ne sortais pas, je ne vivais plus que la nuit, si pâtisser est vivre... J'étais complètement perdue ! Je ne savais pas quoi faire. Miguel n'était pas encore revenu de son voyage sur son identité. Le dilemme était tel, que je me suis demandée à plusieurs reprises si je faisais bien de garder cet enfant... Quel avenir l'attendrait sur terre si je mourrais en le mettant au monde ? Si Miguel ne revenait pas ? J'ai posé sur un bout de papier des centaines de fois les pours et les contres. Mais rien ne pouvait modifier ma décision, je voulais cet enfant, quoiqu'il m'en coûte. C'était le fruit de notre amour... je termine en regardant le père qu'aurait été Miguel pour notre bébé, de nouveau submergée par l'émotion.

Comment ne pas l'être ? J'ai tout fait pour mener à bien ma grossesse, mais ça n'a servi strictement à rien. Le résultat a été le même que si j'avais décidé d'avorter dès le premier trimestre, sauf le mal lancinant auquel j'ai du faire face, mais la souffrance mentale aurait certainement été du même ressort. Perdre son bébé alors qu'il n'est pas encore formé ou le perdre en tant que nourrisson, la douleur doit être exactement la même.

Je ne parviens toujours pas à calmer mes membres, ni mon cœur qui n'arrête pas de tambouriner avec fracas dans ma poitrine. Comment me remettre de cette nouvelle ? J'en suis incapable ! Je n'ai plus envie de parler de ça. Mais je sais que Jane et Miguel n'accepteront jamais de me faire sortir d'ici avant que je ne leur dévoile tout ce que je sais.

— Et Miguel, comment a-t-il pris la nouvelle ? Comment s'est-il senti lorsqu'il a appris qu'il allait devenir papa ?

— Il était mitigé entre le bonheur de devenir père et la peur de me perdre... donc je ne l'ai pas vraiment laissé le choix. J'ai pris la décision toute seule ! Il s'agissait de ma vie après tout ! Même mes parents étaient terrifiés à l'idée de me perdre et ne comprenaient pas ma décision. Si j'avais demandé l'avis à chaque membre de ma famille et ami, ils auraient tous votés, sans exception, pour l'avortement. Chose qui m'était impossible d'envisager.

— Vous n'aviez pas peur des conséquences, vous ? Votre vie était en jeu tout de même ?

— Si ! J'étais morte de trouille ! Mais le défi en valait la peine ! Si seulement...

— Mais elle avait plus peur pour le bébé que pour sa propre vie ! conclut Miguel en me coupant la parole involontairement.

— Si c'était à refaire, le referiez vous ?

— Je crois que non... Revivre toutes ces souffrances pour n'avoir rien en retour, c'est trop cruel ! Je n'aurais plus la force ! D'ailleurs, je n'ai plus la force pour quoique ce soit ! Les conséquences ont été désastreuses.

— De quelles conséquences parlez-vous ?

— Je crois que je n'ai pas besoin de vous le dire, vous pouvez le deviner toute seule ! Je vous ai raconté ma vie dans les moindres détails. Vous savez ce que j'ai du endurer pendant des mois, pour finalement avoir droit au bout du compte à de la souffrance, à la perte de mon... je ne parviens pas à aller plus loin.

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant