CHAPITRE 33

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Retour en arrière,

Je n'arrive pas à me lever. Je n'ai qu'une seule volonté, celle de quitter cette terre une bonne fois pour toute. Ce que je ressens au plus profond de moi est indéfinissable. J'ai comme l'impression qu'une bombe est entrée à l'intérieur de mon corps et qu'au décès de mon bébé le détonateur s'est enclenché. Il peut à tout moment exploser. Je m'efforce, chaque jour, depuis des semaine, à combattre ce mal-être persistant qui ne cesse de me poignarder en plein cœur. Cette agonie lancinante s'incruste en moi comme une sangsue. Je ne vis plus ! Je me contente d'errer de droite à gauche dans mon appartement sans voir le jour qui me déprime encore plus.

Mon dos me fait toujours un mal de chien. Tous mes membres sont ankylosés. J'ai de plus en plus de mal à bouger, et pâtisser est devenu un parcours du combattant. J'ai mon cœur, mon corps et tous mes organes en miettes. Je ne suis bonne à rien ! Je n'ai plus la force de me battre, plus rien à faire dans ce bas monde. Qu'on m'emporte ! Je suis de trop !

— J'arrive... je crie à celui ou celle qui veut que je lui ouvre la porte, mais cela s'entend à peine.

Ma voix s'évapore un peu plus au fil du temps, tout comme ma vie. Ce qui n'est visiblement pas du goût de mon visiteur du jour qui se met à tambouriner davantage. Depuis ma visite à l'hôpital, j'ai droit chaque après-midi à la venue d'un membre différent de ma famille. Je crois qu'ils veulent constater par eux-mêmes dans quel état déplorable je suis, ou bien, tout simplement remarquer que je suis encore en vie. Je ne sais pas à vrai dire... Mais que cela me dérange est un fait !

— J'arrive ! je tente à nouveau de me faire entendre.

Mais rien n'y fait ! L'assaut sur ma porte se poursuit jusqu'à ce que je la débloque. Je l'ouvre, et mon cœur se met à tambouriner à son tour dans ma poitrine à une allure qui dépasse tous les entendements. Je reste statique, bouche bée. Je n'en crois pas mes yeux ! Ce n'est pas possible ! Je lui claque la porte au nez.

— Ce n'est que mon imagination ! Il n'est pas là ! j'essaye de me convaincre que ce que j'ai vu n'est pas réel.

— Amélia ouvre la porte ! Il faut qu'on parle !

— Vas t'en ! lui dis-je, en espérant que mon cauchemar se termine.

— Amélia, ma belle ouvre !

— Non ! Tu n'es pas là ! Vas t'en !

— Bien sûr que si ! Laisse moi t'expliquer ?

— Je ne veux rien entendre ! Laisse moi !

— Ok ! Je m'en vais mais je reviendrai ! Je t'aime !

— Non, tu m'as laissé ! Vas t'en ! répété-je encore en encore.

Et plus rien ! Seul le silence fait écho aux battements bruyants de ma poitrine en détresse respiratoire. Je me recroqueville, dans le noir, près de la porte d'entrée, mon regard fixé vers la petite lueur qu'offre la fenêtre du salon. Je tente de reprendre mon souffle qui m'a été coupé avec l'apparition du spectre de Miguel. Mais celui-ci a du mal à revenir à la normal. Il est très saccadé comme les pulsions de mon cœur. Je suis pétrifiée ! Je ne comprends pas comment mon esprit a pu inventer une telle illusion. Ça semblait si vrai !

Il est près de 20h30 quand Danièla fait son apparition dans l'appartement. Je cours vers elle, le terme exact serait plus, je rampe de mon lit dans lequel j'ai pu me reposer après l'effroyable visite reçue plus tôt vers la cuisine où elle doit nous préparer à dîner.

— Danièla, crié-je tant bien que mal à son attention en entrant dans la pièce à vivre. Je crois que je deviens folle ! dis-je affolée.

— Pourquoi dis-tu cela ?

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant