CHAPITRE 32

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J'ai réussi à avaler un peu de mon plat de pâtes. Je suis contente. Depuis que je sais que Miguel fait à nouveau parti de ma vie, j'ai la sensation de revivre. Il est la bouffée d'air frais qui me manquait. Je ne sais comment l'expliquer, mais mon existence vient de prendre un nouveau tournant. Je me sens plus forte et plus entrain à affronter ce qui m'attend. Je suis plus sereine, même si j'appréhende toujours les souvenirs qu'ils me manquent... Pourtant, j'ai toujours ce mal-être inexplicable, cette douleur lancinante au fin fond de ma poitrine qui se propage comme une coulé de boue à tout mon organisme, quand j'ose à peine penser à mon avenir.

Ai-je un futur ? Ai-je droit ce n'est-ce d'y penser après ce que j'ai fait à mon bébé ? Comment effacer cette douleur qui m'assaille de part et d'autre de mon cœur en pensant que je suis l'unique responsable de ce drame ? Et comment Miguel a pris la nouvelle ? Me déteste t-il ? Est-ce pour cela qu'il n'est pas encore venu me voir ?

Tant de questions sans réponse occupent mon esprit à présent. Je dois tout faire pour m'en rappeler, il le faut ! Sinon, je vais rester enfermée ici pour toujours !

Ce désarroi va-t-il me quitter un jour ?

Je croyais revoir Jane aujourd'hui, mais ce n'est pas le cas. La nuit est tombée depuis des heures déjà. Je tourne en rond dans mon lit afin de trouver le sommeil. Mais je n'y parviens pas pour ne pas changer. Je me revois des semaines plus tôt, allongée près de Miguel, dans ma chambre, chez mes parents, attendant que le père Noël passe. Je me souviens que je ne tenais pas en place, j'avais hâte que le jour se lève pour aller découvrir mes cadeaux. Pire qu'une enfant je vous jure !

Plus les heures défilent et plus je prends conscience, que je refuse de fermer l'œil de peur que je réalise à mon réveil qu'il ne s'agissait en réalité que d'un rêve.

— Vous dormez Amélia ?

— Non !

Je me retourne pour faire face à mon interlocutrice qui n'est autre que mon psy. Que vient-elle faire à cette heure-ci de la nuit ?

— Vous venez tard aujourd'hui ?

— Pas plus tard que les autres jours ! m'annonce t-elle sûre d'elle.

— Comment vous vous sentez ce soir ?

— Mieux !... Ne rigolez pas ! je la dispute alors qu'elle laisse échapper un petit sourire.

— J'en suis ravie ! Que pouvez-vous me dire sur ce réveillon de Noël ? Le premier avec l'homme de votre vie ? Si je m'en souviens bien ?

— Oui !... C'est encore très flou !... Je n'ai pas encore de vrais souvenirs, seulement des petites parties...

— Ce qui nous intéresse, c'est de savoir où à lieu cette fête ?

— Chez mes parents.

— En France ?

— Non ! Ici même, au Portugal, dans mon charmant petit village.

— Bien ! Qui était présent ? Vos frères je présume ?

— Mes parents... je sors comme une évidence, puis après un instant de réflexion, je découvre qu'il y avait également : Ma grand-mère était présente aussi.

— C'est tout ?

— Oui ! Je crois...

Mais quand elle insiste de cette façon, je sais qu'il doit y avoir d'autres réponses à donner, là, en l'occurrence, il devait y avoir d'autres personnes présentes, sinon, elle se serait contentée d'acquiescer à mes dires. Donc je tente de me replonger dans ma mémoire quelques instants. Et au bout d'un certain temps une nouvelle silhouette fait son apparition, une femme.

— Amélia, tout va bien ? Vous voyez quelqu'un d'autre ? Un de vos frangins serait-il venu fêter Noël en famille ?

— Non ! Mais une femme...

— Qui ça ?

— Je l'ignore !

— Une personne que vous ne connaissez pas vient dîner chez vos parents le soir de Noël ? C'est un peu étrange, non ?

— Je ne sais pas qui ça peut-être ! Je vous assure !

Etrange ? Ça l'est ! Mais le plus bizarre c'est que cette dame semble vraiment me connaître, au point, de venir me saluer dans ma chambre dans laquelle j'étais en train de me reposer.

— Serait-ce la fameuse Mariana ?

— Mariana ?

Qu'a-t-elle encore à me parler de cette fille ? Je ne vois pas qui cela peut être !

— Le nom que vous ne cesser de crier pendant vos cauchemars ! Ça ne vous dit rien ?

— Non ! Je ne pense pas que ça soit elle ! Mais je peux me tromper. J'ignore qui elle est !

Comment être sûre de ce que je raconte ? Je pensais que Miguel m'avait quitté et je m'aperçois finalement que ce n'est pas le cas. Je ne sais pas qui est Mariana, ni cette femme dont je me rappelle très bien l'avoir vu chez mes parents à table, puis dans ma chambre. Si ces deux là sont la même personne, je ne peux pas l'affirmer, vu que rien est clair dans mon esprit.

— Pensez-vous qu'elle soit un membre de votre famille ?

— Non ! Une amie peut-être...

— La votre ?

— Plutôt celle de mes parents... ou bien de Miguel, je termine en revoyant mon homme serrant cette dame dans ses bras, puis j'ajoute avec une certaine certitude dans la voix : Oui, c'est ça ! Il s'agit forcément d'un membre de la famille de Miguel.

Ça ne fait plus aucun doute dans mon esprit, que cette bonne femme appartient à la famille de mon amant. Mais je ne saurais dire quelle est la nature de leur relation.

— C'est sa sœur alors ?

— Non ! Miguel n'a pas de sœur, juste un frère.

— Une grande amie ?

Je secoue la tête.

— Je ne sais pas comment vous aider Amélia..., sa tante ? Sa belle mère ? Sa mère, non, vu que vous m'avez dit qu'il l'avait perdue, il y a des années de ça...

J'ai une illumination tout à coup ! Et tout s'éclaircit enfin dans mon esprit. Je sais d'où vient cette femme et qui elle est. C'est la tante de Miguel, la sœur de la femme qui l'a élevé, plus précisément, c'est :

— Sa mère biologique...

— Mais vous m'avez dit qu'elle...

— ... était morte ? je la coupe. C'était le cas ! Si Miguel a disparu pendant des semaines c'est car son père lui a révélé un lourd secret de famille. Tout me revient !

Je suis assaillie d'images en tout genre. Ma tête est sur le point d'exploser et mon cœur de rendre l'âme, tellement ce que j'y découvre me terrifie, m'angoisse,... et en même temps me donne le sentiment d'être vivante. Tout est contradictoire ! Je dois pouvoir faire un tri de tout ça...

— Amélia ! Vous devez rester calme ! Enormément de choses viennent de se produire. Nous allons tenter de remettre de l'ordre dans tout cela. Vous vous souvenez du retour de Miguel ?

— Oui ! Je l'ai pris pour un fantôme !

— Bien ! Alors, vous allez vous concentrer uniquement sur ce jour ! Oubliez tout le reste pour le moment ! Je vous écoute ? Comment est-il réapparu dans votre vie ?

Je ferme les yeux. Je me concentre sur ce qu'elle veut savoir, et tente de lui donner ma version la plus claire de l'histoire de ma vie, ou devrai-je dire de notre vie, à Miguel et à moi. 

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant