CHAPITRE 25 suite

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Nous passons la nuit chez eux afin que je puisse un peu profiter de mes filleuls et neveux. Nous n'avons plus reparlé d'enfants jusqu'à l'heure de se coucher. Mais je n'ai pas arrêté d'y penser, et j'ai l'impression que Miguel aussi, même s'il ne veut pas le reconnaître. Avoir des enfants était pour lui une évidence, un désir profond, et moi, je viens remettre tout ça en question. Je ne sais pas comment notre couple pourra survivre si mes médecins lui annoncent qu'il m'est impossible d'enfanter, au risque de perdre la vie...

— Tu es très sage ce soir ? dis-je à l'attention de mon homme qui s'est mis à l'opposer de moi dans mon lit de jeune fille.

— Je réfléchissais !

Ce n'est pas du tout son genre de réfléchir. Il est plutôt du genre à faire les choses qui lui passent par la tête.

— A propos ? lui demandé-je en me mettant dans ses bras, comme pour me rassurer que je suis toujours la bienvenue.

— A nous ! A notre avenir...

— Miguel, je comprendrai si tu voulais me quitter... je prononce sans même m'en rendre compte.

J'ai la sensation que c'est ce qui va arriver de toute façon.

— Non ! Mais qu'est-ce que tu vas t'imaginer ? me coupe t-il en plein milieu de ma phrase en se relevant pour me faire face.

— Je me demandais seulement comment convaincre ta mère, que je suis l'homme qu'il te faut et qui te rend heureuse ! Pourquoi je voudrais te quitter ? Tu as perdu la tête !

— C'est le cas ! Tu es l'homme de ma vie ! Tu ne serais pas là sinon !

J'évite de répondre à l'autre question, qui je sais ne vas pas tarder à refaire surface.

— Oui, mais ta mère ne le voit pas ainsi ! affirme t-il avec raison.

— Elle est inquiète, avec le temps elle s'y fera !

Du moins, c'est ce que j'espère au plus profond de mon cœur. Je ne voudrais pas devoir choisir entre ma mère et Miguel.

— Tu connais bien mieux ta mère que moi, donc je te fais confiance sur ce point !

S'il savait ? Je n'en ai pas la moindre idée ! J'ignore si ma maman pourra un jour l'accepter, mais... C'est une évidence pour moi, elle n'aura pas vraiment le choix, si elle veut faire partie de ma vie. Je n'ai pas l'intention de perdre l'homme que j'aime par sa faute.

— Pourquoi tu m'as parlé de te quitter ? Tout va bien entre nous, n'est-ce pas ?

Je le savais ! C'était écrit ! Je devrais apprendre à me taire ! Et maintenant, je lui dis quoi ?

— Oui... Tout va bien ! Ne t'inquiète pas ! je tente de le rassurer. Je me suis juste dis... penser... que ton désir d'enfants était peut-être plus fort que notre amour ?

— Non ! Rien n'est plus fort que mon amour pour toi, ma belle ! m'annonce t'il droit dans les yeux.

Mais je ne sais pas ce qu'il me prend, j'ai besoin de plus de sécurité et insiste, peut-être un peu trop...

— Miguel, je sais que tu adores les enfants ! Il suffit de voir comment tu t'es comporté avec mes neveux aujourd'hui.

Je devrais arrêter de remuer le couteau dans la plaie, mais c'est plus fort que moi. Je ne voudrais pas le priver d'être père, car il ferait un papa génial ! J'en ai eu un bel aperçu cette après-midi. Il a été parfait avec les ados et les plus jeunes de ma famille. Ils sont tous tombés sous son charme et moi la première.

— Amélia, oui, j'aime énormément les enfants, je ne vais pas le nier. Mais je t'aime mille fois plus ! Je ne pourrais pas vivre sans toi, alors que sans enfant je le vis bien !

— Tu en es sûr ?

— Oui, absolument certain !... Et qui te dis qu'on n'aura pas d'enfant ?... Si on n'en a pas naturellement, on peut toujours adopter ?

— Tu ferais ça ?

Je tombe sur le cul ! Je n'aurais jamais pensé à cette solution... Et pourtant, elle vient, à elle seule, de résoudre ce dilemme.

— Je ferais n'importe quoi pour toi et pour ton bonheur !

— Je t'aime ! lui dis-je en l'embrassant tendrement.

Lorsque mes lèvres quittent les siennes, j'ai un froid glacial qui me parcourt l'échine. Ce qui me fait frissonner et trembler de part et d'autre de tout mon corps. J'ai déjà eu ce déconfort, cette impression qu'il va m'arriver quelque chose sans savoir quoi...

Cette sensation, je l'ai déjà ressenti à plusieurs reprises, c'était lorsque je me réveillais en plein milieu d'un cauchemar, dans lequel j'essayais de retenir l'homme que j'aime et lui me quittait sans se retourner.

— Tout va bien ? s'inquiète Miguel.

— Oui... non... j'ai froid !

— Amélia, c'est une fournaise ta chambre !

— Oui, je sais... mais je suis frigorifiée, je n'y peux rien !

Je me blottis contre lui, je suis congelée !

— En effet, tu as les pieds gelés ! me dit-il stupéfait, avant de me demander : Qu'est ce que tu as ?

— Rien... j'ai seulement un mauvais pressentiment !

— Quel genre de pressentiment ?

— Tu finiras par me quitter un jour ! je lui révèle le pourquoi de mon mal-être.

— Je ne pense pas que ça arrivera, mais sache qui si c'est le cas, je reviendrai quoi qu'il m'en coûte ! Car tu es et seras toujours la femme de ma vie ! Je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que je t'aime ! me réconforte t-il avant de m'embrasser fougueusement et sans retenu, que j'ai du mettre un frein, étant donné qu'on est chez mes parents.

Je sais qu'il m'aime ! Mais malgré tout, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur.

— Amélia... je t'aime ! Si un jour je disparais de ta vie, c'est qu'il y aura eu des circonstances atténuantes... mais je reviendrai, c'est promis !

Il ne devrait pas me promettre ça ! Il ne sait pas de quoi sera fait demain... Les larmes coulent de mes yeux sans que je puisse les retenir. J'enfouis ma tête dans le creux de son épaule afin qu'il ne se doute pas, de la tristesse qui envahit mon cœur à coup de fouet à cet instant présent.

Je suis absolument certaine que ce jour arrivera ! Quand ? Je ne sais pas ! Mais j'espère le plus tard possible !

Et je m'endors sachant qu'un soir il ne sera plus là à mes côtés et que je devrais, non, que je dois profiter de chaque instant comme si c'était le dernier, pour ne pas avoir de regrets.

PRENDRE MON ENVOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant