L'Étranger rouge

II Rencontre

A L E X A

J'ouvris les yeux avec difficulté, ce matin, au son de mon cadran. La lueur du soleil encore bas dans le ciel me fit plisser les yeux.

 Ma sœur est en colonie de vacances, donc je ne pouvais pas la déranger. Nous dormons dans la même chambre, ce qui est parfois ennuyant. Mais pour cet été, je l'avais à moi seule.

Bref, à chaque matin, je m'étais donné comme objectif d'aller faire du jogging, pour me maintenir en forme. Sauf qu'aujourd'hui, tout était différent. L'Étranger est toujours dans les environs, je crois.

Hier, j'en avais parlé à mes parents et leur avait montré l'article que Hayley m'avait donné pour leur prouver que c'était vrai. Ils avaient eu l'air de ne pas trop s'inquiéter, mais ma mère m'a conseillé de faire attention et m'a dit qu'elle allait me prêter son téléphone cellulaire, étant la seule dans la famille à en posséder un. Bien sûr, nous avions le téléphone pour la maison.

J'ai donc décidé de courir ce matin. Mais, je vais changer mon itinéraire en passant par le centre-ville, où il y a la mairie, les magasins principaux, une petite église et l'école primaire.

Le lycée est un peu à l'écart, dans les bois, mais ce n'était pas exactement la forêt. J'admirais les lieux de cette école, où la nature est si jolie.

Je remontai rapidement mes cheveux dans un chignon, enfilai mes vêtements de sport, soit ne camisole grise en tissu sportif et des leggings courts et noirs.

Je mis mes chaussures usées et sales avant de sortir à l'extérieur en prenant soin d'apporter le téléphone cellulaire de ma mère et de le glisser dans la poche de ma camisole.

Je courus vers le centre-ville, pas si loin de chez moi. J'empruntai les rues les plus passantes et passai sur les trottoirs les plus fréquentés. Mais, selon ma vieille montre, il n'était que sept heures trente, et un samedi matin, tout le monde dort plus tard qu'à l'habitude.

Je m'arrêtai un instant afin de reprendre mon souffle juste devant la boulangerie. Au même moment, la porte s'ouvrit et une délicieuse odeur de pain frais grésilla dans mon nez et fit gargouiller mon ventre vide.

Un jeune homme que je n'avais jamais vu auparavant fit quelque pas vers la route en regardant sa facture. Il leva la tête vers moi et fit un sourire étonné. Je lui rendis la même expression et restai immobile un instant.

- Salut, me dit-il.

- Heu... Salut. On se connait?

Il rit un peu, laissant sa voix grave et doucereuse me traverser l'esprit et faire frémir mes entrailles. Il n'était pas si merveilleux, mais pas laid non plus.

Ses yeux étaient époustouflants. De la forme, à la couleur étrangement dorée. Un curieux mélange de vert et de brun, mais très pâle. Ses cheveux bruns foncés étaient plutôt courts, mais épais, et sa mâchoire, carrée.

- Ça m'étonnerais. Je suis arrivé il y a deux semaines.

- Ah, je ne t'ai jamais rencontré avant.

- Je m'appelle Warrick.

Il haussa les épaules. Je ne poussai pas mon interrogatoire plus loin, de peur de faire mauvaise impression devant quelqu'un d'aussi imposant et pourtant plutôt charmeur.

- Et toi? Comment t'appelles-tu?

Sa question me rendit mal à l'aise. Comme s'il me demandait de lui dévoiler toute ma vie et tous mes secrets. Mais il ne me demandait que mon prénom. J'étais tellement nerveuse avec toutes ces histoires de tueur et d'Étranger.