L'Étranger rouge

X Menace

A L E X A 

J'étais devant le miroir de la petite salle de bain du chalet, à me dévisager sans intérêt. Nous venons de manger, ce que j'ai énormément apprécié. Warrick est parti prendre de l'air. Je me sens mal pour lui, mais il ne semble pas remettre en question sa fidélité à l'Étranger.

Je me trouvais donc seule dans la maisonnette en compagnie d'un tueur en série. Justement, ce dernier arriva dans le cadre de la porte sur lequel il fit reposer son épaule.

- Alors? demanda-t-il.

Je l'ignorai en me regardant dans la glace. Je le déteste. Je ne peux pas croire qu'il... m'aime. Et encore là, ça reste à prouver.

- Tu m'ignores encore? 

Il me laissa le temps de répondre; ce que je ne fis pas. 

- Tu veux dormir dans la cave, peut-être?

Je le regardai en face en secouant la tête. J'étais sans mot. Le seul souvenir du sous-sol me donna la nausée. 

- Alors réponds, Alexa. C'est simple, pourtant.

- Je te hais.

Il s'avança vers moi en faisant un mince sourire. Haïr est un verbe tellement simple pour ce que je ressens réellement envers Jordan. Je le croyais doux, je le croyais fin... Je me suis trompée de beaucoup.

- Pas moi. Moi, je t'admire.

Je baissai les yeux au sol. Il craque carrément pour toi. Cette phrase dite par Warrick se mis à hanter mon esprit et à me donner des frissons.

- Même que c'est encore plus que de l'admiration.

Je sentis sa main frôler la mienne. Son toucher, loin d'être chaud et réconfortant comme celui de Warrick, était glacé et un peu trop dubitatif.

- Ne me touche pas, réussis-je à cracher.

Il resta immobile et je perçus la froideur de ses yeux me dévorer du regard. Je ne me trompais pas; lorsque je levai la tête, son regard était perçant et assez épeurant. 

- Je peux faire ce que je veux, dit-il d'un ton brûlant.

- Non!

Cela, au contraire de ma volonté, le fit s'approcher de moi et sa main se plaqua dans mon dos. À travers le léger tissu de la chemise, je sentais ses grands doigts s'enfoncer dans ma peau comme si elle était mise à nue.

- Enlève ta main, lui dis-je d'un ton plus que sévère.

- Fermes-la.

Jordan n'a jamais été vulgaire. Sauf qu'il faut avouer que "Jordan" n'était qu'un personnage. L'acteur dans la peau de mon ami de longue date est un jeune homme horrible et extrèmement cruel; un vrai sans coeur.

Son corps se rapprocha du mien et son autre main vint rejoindre celle dans mon dos. Je mis mes mains en avant, comme pour le bloquer.

- Tu crois que je vais me laisser faire? 

- J'aimerais. Mais je sais que tu n'es pas ce genre de personne.

- Alors décolle.

Un sourire anima son visage rond. Sa peau pâle reflétait la lumière couleur flamme de la salle de bain. Sa main se posa sur ma joue et son pouce passa sur mes lèvres dans un mouvement doux.

Je détournai la figure.

- Pourquoi tu fais ça? Tu penses que je vais t'aimer après ça?

- Non, et c'est pour ça que je fais ça.