VIII Ensemble

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A L E X A

 Mes paupières se relevèrent avec difficulté. Une lumière douce était projetée sur le sol boisé délavé. J'étais perdue, confuse. Je me retournai lentement pour remarquer la présence de Jordan, couché à côté de moi. 

Mes yeux se retournèrent rapidement vers mon poignet qui me faisait un mal atroce. À ma grande surprise - et terreur - il était enchaîné et maintenu à une barre de métal qui définissait la tête du lit vraiment inconfortable. Ouch!

Puis, tout me revint en tête. Bon sang! J'avais dormi près de l'Étranger, qui avait visiblement un complice insoupçonné. Jordan et Warrick faisaient une équipe qui se trouvait hors des limites de l'imagination. 

Je jetai un coup d'oeil par la porte entrouverte. Je voyais le dos musclé de Warrick, qui dormait sur un divan. Son chandail blanc reflétait la lumière de ce matin plutôt jeune. Il ne devait pas être plus de six heures du matin.

Je fixai ma main en réalisant que j'avais peut-être la chance de me libérer. Je la repliai le plus possible sur elle-même et la fit glisser lentement vers le bas tandis que mon autre main tirait la chaîne métallique vers le haut. Je serrai les dents. C'était assez douloureux.

Finalement, ma main égratignée et mon poignet rouge se libérèrent. Je regardai encore une fois le joli visage d'un Jordan endormi. Il a l'air d'un ange; ce qui prouve que les apparences sont effectivement trompeuses.

Je me retournai et réussis à me retrouver debout sur un tapis délavé bleuté comme les draps du lit. J'inspirai un bon coup avant de m'avancer très doucement vers la porte.

Lorsque je l'eus passée, je fus frappée par la beauté de l'étang scintillant dans la douce lueur du matin. Je baissai la tête vers mes pieds nus et me dis qu'il s'agissait du moindre de mes soucis. Je fixai longuement Warrick, couché face au dossier du divan et à demi habrillé par une couverture en laine brune.

Mes yeux brûlaient et ma tête tambourinait sur mon cou. Je me dépêchai à rejoindre la porte d'entrée. Je l'ouvris et sortis en constatant que personne ne m'avait entendue. J'étais libre. J'étais vivante.

Je ne pouvais pas courir, j'avais trop mal à la tête pour cela. Je me contentai de marcher rapidement. 

Arrivée à la route, un énorme sentiment de soulagement m'envahit. Au moins, j'avais peut-être une chance de m'en sortir. Je parcouru le trottoir jusqu'à la falaise et m'arrêtai un instant pour admirer le lever du soleil.

Une voiture passa à toute allure près de moi et j'agitai les bras pour qu'elle arrête, ce qu'elle a eu la bonne conscience de faire. Je m'avançai vers le véhicule en constatant qu'il s'agissait de celui de ma mère.

Elle descendit en laissant la portière ouverte et en accourant vers moi. Elle me serra dans ses bras très fort en sanglotant.

- Oh mon dieu! Je t'ai cherché toute la nuit Alexa!!

- Maman...

Je me défit doucement de son étreinte en essuyant mes larmes nombreuses. Je pouvais probablement m'en tirer, après tout.

- Je sais qui est l'Étranger.

- Rentrons à la maison et on appellera la police.

J'acquiesçai en me dirigeant vers l'automobile grise de ma mère. Nous étions à nouveau ensembles. Au moins, je me sentais en sécurité à côté de ma famille. On appellerait la police et je dénoncerais Jordan. Tout le monde sera heureux, sauf peut-être les Cornwell.

Ma mère mis sa clé et démarra sa voiture. Mais juste au moment où elle posait ses mains sur le volant, un énorme bruissement retentit et fit éclater la vitre du côté conducteur. Je fermai les yeux, comme un réflexe, avant de les rouvrir, totalement paniquée.

L'Étranger rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant