W A R R I C K
Je fixais le lac calme, aux aurores. L'aube rendait le ciel rosé. L'odeur du feu rôdait encore dans l'air tout comme celle des sapins environnants. Ce tableau était admirable, surtout avant que Jordan ne décide de faire un carnage ici.
Je l'ai trouvé stupide de faire cela, sauf qu'il m'a expliqué quelque chose que je ne comprendrai jamais, mais je suis conciliant et je peux peut-être imaginer de me mettre à sa place. Heu... Non, ce n'est pas vrai. Moi, je ne prend pas plaisir à tuer des gens.
À New York j'ai... juste été prit sur le fait et j'ai manqué de tact et temps. Je m'en veux encore tellement. Je le regrette toujours. Fermer mes yeux est difficile. Je revois toujours le sang qui giclait derrière les gens que j'ai fusillés. Je me sens mal.
" Tuer m'a manqué. Tuer me fait sentir grand et puissant. Tuer, c'est mon essence, et je sens que je perds de mon contrôle." Voilà ce qu'il m'a dit, quasiment mot pour mot, l'Étranger.
En ce moment, je frotte toutes les pières possibles autour du feu. La moindre tache de sang ne doit pas être vue. Jordan ne veut pas, contrairement à ses autres meurtres, que les gens découvrent les corps et cherchent le tueur. Il va donc les répartir un peu partout. Nous allons faire une petite promenade en montagne, je crois, avec sa vieille bagnole.
Je terminai de frotter un dernier caillou avec une brosse de douche et retirai les gants de caoutchouc que l'Étranger m'a passé. Lui, il s'occupe de ses cadavres et de la moindre évidence. Cela devrait prendre des jours, voir des semaines avant que l'on ne cherche les jeunes morts.
Je mis mes gants dans la voiture, question de ne rien jeter sur le site et me dirigeai vers l'accueil, où Alexa était assise, à fixer le vide.
Pauvre fille. Elle n'a jamais vraiment vu l'Étranger à l'oeuvre. Cela doit être un choc. C'est pour ça que je vais attendre avant de tout lui dire sur mon passé. Il le faut. Et puis, hier j'ai... j'ai perdu le fil de mes pensées.
J'étais saoul et plus trop certain de ce que je désirais. Je regrette de l'avoir embrassé... En fait, non, mais je regrette de ne pas avoir attendu qu'elle veuille la même chose.
Je veux dire, je ne crois même pas qu'elle m'apprécie. Sauf que j'ai une longueur d'avance sur Jordan; elle le déteste à mourir.
- Nous partons d'ici, dis-je d'un ton doux.
J'enfilai des gants propres pour terminer mon travail. Alexa aussi en porte, mais depuis hier, elle ne dit rien et ne réagit pas. J'ignore si elle est traumatisée - sûrement - ou si elle m'en veut de n'avoir rien fait.
Sauf que ça ne va pas durer.
Je me dirigeai vers le comptoir d'accueil et ouvrit l'ordinateur. Je devais rentrer un code pour accéder. Je mis le nom du motel: Le Sleeman's Rest. Non, ce n'est pas ça. Je regardai un peu partout, dans des des piles de papiers, sur les étagères, mais je ne trouvai rien.
Je fixai un petit cadre avec désespoir. La photo qui gisait sur le bureau, tout près de l'ordinateur, représentait une famille au bord d'un lac; probablement celui derrière le Sleeman's Rest. Tout à coup, j'eus une idée.
Je soulevai le cadre et regardai en arrière de celui-ci. Je retirai le pied qui le soutenait et je souris lorsque je vis une série de chiffres marquée derrière la photographie.
Je rentrai les chiffres. 181910. On aurait dit deux dates; 1819 et 1910. Il s'agit peut-être d'événements marquants pour le motel. En fait, je m'en fiche. Le mot de passe fonctionnait.
Une page s'ouvrit automatiquement. Le registre. Je fixai la dernière donnée de l'ordinateur que Daphnie a écrite. Joey, deux nuits, trois personnes, 14 juillet 2013. Rien n'a été plus facile que de supprimer ces informations.
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L'Étranger rouge
HorreurAlexa, une jeune fille brillante qui mène une vie monotone, voit son monde basculer à l'arrivée de «l'Étranger». Sur ses victimes, ce cruel meurtrier laisse une signature qui explique la signification de son nom. Malgré ses crimes sanglants, il dem...