Chapitre 4

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Je n'aurais pas dû dire oui, mais rentrer chez moi. C'est ce que Jo aurait attendu de moi, tout comme mes parents et le directeur du club. Tout le monde attendait de moi que je sois parfaite, que je joue parfaitement au tennis, que tout soit lisse et propre autour de ma personne. Je voulais être une championne, et la publicité me poussait à être comme ça. Mais est-ce que quelqu'un était capable de me dire en me regardant dans les yeux qu'il savait ce que je vivais ? Est-ce que quelqu'un s'inquiétait de savoir si j'avais quelque chose de réel et de tout sauf lisse sous cette couverture ? On pourrait comparer ça à l'océan, on aime quand il est calme et quand l'eau est claire, mais personne regarde si les fonds marins contiennent des trésors ou de vieilles épaves. Personne ne me demande jamais de lâcher prise, même mes amies. Et pourtant ce type encore plus brûlant que la braise venait me demander de le faire et de sécher le tennis. Je n'aurais pas du le suivre mais ce soir j'avais envie de lâcher prise. On traversa donc le passage piéton devant le club et je ne me retournai pas, j'aurais pu changer d'avis si je l'avais fait, et je ne le souhaitais pas plus que ça. Il me conduisit dans un petit bar du centre ville. Il y avait peu de monde et du jazz était joué en fond sonore. Rafael avait l'air habitué. Il serra la main du serveur et me présenta à lui : 

-Clara voici Fred, Fred voici Clara. 

Je hochai la tête et le serveur me salua avec un fort, mais très bel accent espagnol. Mon compagnon me conduisit dans un petit coin où la lumière tamisée créait une ambiance chaleureuse. Près de nous il y avait une grande cheminée, au dessus il y avait deux tableaux. Un, avec une danseuse de flamenco à la chevelure très brune que faisait ressortir sa robe d'un rouge profond. Sur le deuxième on pouvait voir 3 trompettistes noirs habillés comme les crooners des années 50 à la Franck Sinatra. Je sentis un petit tapotement sur mon genou et je relevai la tête vers la personne en face de moi. Ses yeux marrons foncés avaient un éclat plus clair à la lueur des bougies posées entre nous. 

-Eh, sors de ta contemplation, et commande plutôt, que veux-tu ? 

Je remarquai alors la présence de Fred qui attendait notre commande.

-Quelque chose sans alcool. 

-Mujer, tu es sûre ? 

-Oui, oui. Un cocktail sans alcool vous pouvez ? 

-Si, El amor peut-être  ? Me proposa le serveur. 

-Qu'est -ce que c'est ?

-L'amour ? Si tu veux je te montre. Me dit Rafael avec un sourire plein de sous-entendus.

Je le regardai avec un regard noir,  et me tournai vers Fred.

-Grenadine, limonade et pamplemousse. Je hochai la tête et il se tourna vers Rafa. Comme d'habitude ? 

-Oui, mais enlève le gin. Je vais suivre l'exemple de ma compagne. 

Je le regardai, intriguée. 

-Tu prends quoi d'habitude ? 

-Gin tonic et toi ? 

-Je ne sors pas le soir en semaine. 

Il me regarda ahuri. 

-C'est vrai ? Quand il vit que je ne répondais rien, il s'exclama. Il faut que je te montre alors !

Fred arriva avec nos consommations. Et Rafael pris son verre. 

-Moi je ne commence jamais une soirée sans porter un toast. Donc à ta première soirée de semaine !

Et contre toute attente, car je ne voulais pas faire la fête un lundi soir, j'étais fatiguée, et il y a moins d'une heure je pleurais seule sous une douche. Je pris mon cocktail tout rose et trinquai dans celui de Rafael. Je goûtai une gorgée du liquide, il était sucré et  avait un petit goût amer, il était aussi légèrement pétillant. Je crois que j'aurais pu en boire éternellement. Je souris en sentant une nouvelle gorgée du liquide frais contre ma langue. Je relevai la tête et vis que Rafael m'observait avec un léger sourire sur les lèvres. Je l'interrogeai du regard. 

L'amour est sur le court d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant