Patricia Miss Parfaite

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Je n'arrivais pas y croire... Moi qui pensais que c'était fini... Il fallait qu'on en parle sérieusement. Et pour ça, pas question de le faire à la récré. On devait avoir tout notre temps. J'étais assez nerveux, je dois dire.

Lorsque la fin des cours arriva enfin, et que je me dirigeais d'un pas ferme vers Patricia, une personne me devança. C'était Tasha.

Je m'arrêtai net, attendant qu'elles finissent. Elles discutaient aimablement, comme s'il n'y avait jamais eu le moindre accrochage entre elles. Mais comme je détestai être sur le banc de touche, je vins les interrompre.

-De quoi ça cause, par ici ?

-Oh Jake ! Natasha est venue me souhaiter un bon rétablissement.

Je regardai Tasha. Elle avait un visage neutre, normal, pas sournois du tout.

-Quoi, c'est mal ? Me fit-elle en ramenant une mèche de ses cheveux en arrière.

Non. Trop de gentillesse, c'était suspect. Pour quelle raison viendrait-elle lui souhaiter une bonne guérison ; elle qui aurait toujours voulu la voir morte ?

Je la fusillai du regard, cette fille si belle mais si dangereuse en même temps...

-Eho ! Jake ? M'appela Patricia.

Sans tenir compte de ses paroles, je m'adressai à Tasha:

-Maintenant, tu dégages, sifflai-je méchamment entre mes dents.

-Jake !

-Non, laisse, dit Natasha. Il s'imagine que si je suis bien avec toi, c'est pour te tendre un piège. Je le connais.

Natasha s'en alla et Patricia me fit les gros yeux.

-Toi tu es vraiment un comble !

-Patricia...

-Bravo. Le record de manque de tact est battu.

-Je connais Natasha mieux que tu ne la connais, Patricia. Elle te déteste et n'a aucune raison de te souhaiter une bonne guérison, crois-moi.

-Et moi je crois que les gens peuvent changer !

-Natasha n'a pas changé. Méfie-toi d'elle.

-Et pourquoi je le ferais ? Jake, quelle raison aurait-elle de me faire du tort maintenant ? Parce que vraisemblablement, elle n'a aucune raison. Si c'était avant, j'aurai pu comprendre vu que vous étiez en couple, mais pourquoi maintenant, après autant de temps ? Elle est en couple avec Cody et heureuse en ménage... À moins que...

-À moins que ? 

-Ce matin, tu parlais avec Cody...

Elle me regarda.
 
-Tu me caches quelque chose.

-Patricia, je ne te cache rien.

Elle leva un sourcil.

-J'ai l'impression qu'il y a un problème.

-Exactement, il y en a. Et ce n'est sûrement pas de mon côté.

-Qu'est-ce que tu insinues ?

-Je t'ai vue.

-On est dans une même classe, c'est normal que...

-Patricia, je t'ai vue.

-Je ne vois pas ce que tu veux dire.

-Vraiment ? À la fin de l'heure de physique, tu te rappelles ?

Elle rougit.

-Non.

-Arrêtes, même ta peau sait que tu mens.

Elle pinça les lèvres et regarda ailleurs.

-Patricia, lui dis-je doucement en ôtant son bonnet.

Doucement, je touchai ses cheveux.

-My WonderPearl, regarde-moi s'il te plaît... Allez baby...

Son menton tremblait.

-Tu veux juste m'humilier ?

Je la pris dans mes bras.

-Non, non, non, pas du tout... Je veux juste comprendre pourquoi ça recommence.

Je l'avais attrapée en flagrant délit de consommation de papier. Elle avait profité du moment d'inattention générale alors que tout le monde riait de la blague de monsieur Chester.

-Quand je te dis que je suis maudite, pourquoi tu ne me crois pas ?

-Ne dis pas ça, mon bébé... Ça arrive. Tu sais tu pourrais voir un psychologue pour...

-Quoi, répète ?

Elle renifla et s'essuya les larmes, et tenta de me repousser.

-Tu insinues que je deviens folle ?

-Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, baby. Mais tu peux en parler à quelqu'un de qualifié tu sais ?

-Non, hors de question !

-Patricia, s'il te plaît, fais-le pour toi... Tu veux continuer sur cette pente et t'enfoncer toujours plus ? Ou en parler à quelqu'un ?

-Mais je le fais déjà avec toi !

-Je crains que ce ne soit pas suffisant, ma chérie... Je connais une femme vers qui tu peux aller pour te confier. Ce n'est pas une psychologue au sens propre du terme, mais en tout cas elle est très qualifiée.

-Ah ? Qui ?

-Mademoiselle Aretha Kelvin.

-La prof de Biologie ?

-Oui.

-Tu crois qu'elle saura m'aider ?

-Je mets ma main à couper. C'est une crème, cette femme. Je dois dire qu'elle a été d'une aide précieuse à ma cousine lorsqu'elle manquait de confiance en elle pour ses cours.

-Ta cousine ?

-Oui, Rica... Elle a quitté Bridges comme elle a aménagé en France avec sa famille. Je ne pense pas que tu la connaisse.

-Rica... Rica Earl ?

-Oui, comment tu la connais ?

-J'ai une cousine qui étudie avec elle en France.

-Le monde est petit, hein ?

-Très. Manque de confiance en elle pour ses cours, tu dis ? Mais ma cousine dit que c'est la meilleure de sa classe !

-C'est justement parce qu'elle a repris confiance en elle, grâce à mademoiselle Kelvin.

-Ah... Dans ce cas, je vais suivre ton conseil...