XIII

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Une fois de retour à la maison, j'étais épuisé. Il était près de dix heures du soir. Il faut dire que je n'aimais pas rentrer tard; quelle que soit l'ambiance de la fête, je devais être de retour à la maison avant dix heures.

Je ne buvais jamais. Entre une mère infirmière qui vous rappelle les problèmes liés à l'alcool chaque fois que vos yeux se posent trop longtemps sur une chope, et un père très pointilleux sur la santé, c'était tout de même assez normal qu'une goutte de bière ne trouve pas sa place.

Mon père était au salon, entrain de lire un journal, avec une tasse de café à la main.

-Alors, bien amusé ?

Je haussai les épaules.

-Oui, si on veut... Ce n'était pas trop mal.

-Bien.
-Mais papa, il est tard...

Il me regarda par dessus ses lunettes.

-Et?
-Et tu prends du café ?

Il me fit un petit sourire.

-Va te coucher, docteur... Je suis sûr que tu t'es empiffré de toutes ces saletés que tu aimes...

En disant "saleté", mon père faisait allusion aux fast-food, et spécialement le McDo. Il me rappelait sans cesse Supersize Me, le film dans lequel un homme avait tenté une expérience sur lui même, qui consistait à se nourrir exclusivement au McDo pendant un mois... Comme on pouvait s'y attendre, il a eu des problèmes de santé.

-Maman est couchée ?

Il ajusta son journal.

-Certainement, dit-il entre deux gorgées de café.

Je me dirigeais vers la chambre de mes parents. La lumière était éteinte, mais il ne faisait pas noir au point de ne rien voir.

Sur la pointe des pieds, je me dirigeais comme un chat jusque vers leur grand lit. Doucement, je me penchai vers elle. Avant même que je ne pose mes lèvres sur sa joue, elle sursauta.

-Relaxe maman, ce n'est que moi !

Elle soupira. Toute moite qu'elle était, elle sentait si bon ! Je passai ma main dans ses cheveux huileux et elle me prit dans ses bras.

-Ça a été, mon bébé ?

Je lui fis une bise chaude sur sa joue molle.

-Oui, je t'aime maman... Tu es ma reine!
-Moi aussi mon bébé... Tu es mon prince.

Ma maman, c'était la première femme de ma vie.

Après ce petit rite, je me rendis dans ma chambre, après avoir souhaité bonne nuit à mon père. Je n'avais pas regardé mes messages depuis que j'avais quitté Bridges, aussi mon portable ne cessait de vibrer dans ma poche.

Une fois une sur mon lit, je me mis à les passer en revue. Certains venaient de mes amis, d'autres venaient des filles que je ne connaissais pas (un peu comme d'habitude). Mais ceux que je m'étais empressé de lire étaient ceux de Tasha.

J'ai vu les yeux que tu as lancé à cette sale gratteuse»

-«Si je la croise un jour en dehors des murs du Bridges, je la tue»

-«T'as le toupet de la causer après ce qu'elle m'a fait!!!!»

-«Okay»

N'importe quoi. Je n'allais certainement pas lui répondre...

Lorsque j'étais petit, quand je me battais contre un garçon de mon école et que j'avais perdu, le lendemain je venais le visage sombre, la visière de ma casquette abaissée plus bas que jamais, pour éviter que l'on ne m'embête.

Et ça a été exactement l'attitude de Tasha, lundi. Elle était toute rose, la mine renfrognée et ne voulait pas de questions au sujet du festival de Bridges. La seule mention du mot "festival" suffisait pour qu'elle devienne chèvre. Et en plus elle me faisait la tête. Et pour la première fois, je m'en foutais.

Certains se moquaient d'elle en cachette, d'autres venaient lui rire au nez, ce qui était assez méchant; mais il faut dire qu'elle l'avait cherché...

Tricky, quant à elle, était plus populaire que jamais. Certains avaient pris une vidéo d'elle pendant qu'elle dansait et l'avait postée sur Facebook et sur YouTube. Buzz total. Non mais j'vous jure que sa danse était tout à fait originale... De quoi faire rougir de jalousie certains danseurs.

Partout c'était Tricky par ci, Tricky par là. Mais il faut dire qu'elle s'en foutait, celle-là. C'était à se demander quelle genre de fille elle était.

Elle ne jouait pas la fausse modeste, mais elle ne trouvait juste pas l'intérêt de crier sur tous les toits qu'elle savait danser.

Pour ce qui est de Fresh et sa Fritch, c'était comme d'acoutumée.

Patricia Miss Parfaite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant