45

34 3 0
                                    

Monsieur Chester savait jouer la comédie, certes... Mais c'était un homme. Des fois, je voyais l'émotion se peindre sur son visage quand il regardait Patricia. Il essayait de la dissimuler, mais je le savais. Patricia, la pauvre, ne savait même pas que ce prof si dévoué qu'elle aimait tant n'était nul autre que son père.

Patricia ne semblait pas avoir envie de se remettre avec moi, elle faisait vraiment abstraction de moi et je faisais pareil. J'étais toujours en colère contre elle, quand bien même je savais combien elle recevait des railleries et des insultes presque chaque jour depuis l'affaire "PICAsso".

Frizzy confia à Fresh qu'elle détestait Tasha, sous son visage adorable. Tasha devenait trop proche de Tricky et ça, c'était insupportable.

Lucy m'avait confié qu'elle ne savait plus quoi penser. Brody aimait les filles, mais en même temps disait qu'il ressentait quelque chose pour elle. C'était un dragueur, tout le monde le savait. Mais quant à savoir s'il était réellement amoureux d'elle, c'était un sujet à discuter. Brody n'était pas clair.

Moi, je l'aimais bien, Lucy. Elle était sombre et mystérieuse pour les autres, mais je l'aimais bien comme elle était. Voir son coeur souffrir me faisait souffrir. Mais que pouvais-je bien faire ? Je n'étais pas amoureux d'elle. Je ne pouvais pas sortir avec elle, juste par pitié, pour la consoler. Parler à Brody était hors de question. Il me ferait marcher. La solution "CyBro" était hétérogène.

Un soir, après avoir souhaité la bonne nuit à mes parents et être rentré tout seul regarder la télévision, mon portable vibra. Je n'y pris guère attention. Je regardais une série très intéressante, et j'avais en bouche du pop-corn au caramel. J'avais la flemme de regarder qui venait de m'écrire. Malgré le fait que je l'ai ignoré, mon portable vibra une deuxième,une troisième et une quatrième fois. Presqu'en colère, je pris mon portable et j'entrai sur Whatsapp. C'était Lucy.

-«Bonsoir Jake, y a urgence.»

-«Jake ! »

-«Jake, réponds !!! URGENCE»

-«Mais putain, tu vas répondre, oui ???»

Je fus tenté de la laisser jaser mais Lucy n'était pas du genre à faire de mauvaises blagues.

-«Je suis là ma petite chérie, désolée du retard, je regarde une de mes séries favorites»

-«Patricia a fait une déclaration sur FB»

-«Je m'en fiche»

-«Okay»

-«Tata, ma petite chérie»

-«Olé»

C'était notre façon de nous dire «Bonne nuit» à Lucy et moi.

Après dix secondes seulement, je ne tins plus.

-«Lucy ? »

-«T'inquiète elle ne parle pas de toi.»

-«Comment tu as su que je voulais te parler de la publication ?»

-«C'était assez évident. Tu l'aimes, Jake, même si tu fais ton gars.»

Elle avait raison. Quelques secondes après, la capture de la publication de Patricia me parvint. Il était écrit ceci :

Par où commencer ? Peut être par le commencement.
Vous savez tous, grâce au Poney Blanc qui a essayé de m'humilier avec succes, que je souffre du syndrome de Pica. Pour la petite histoire, il s'agit d'une maladie qui consiste à manger du non-comestible. Dans mon cas, c'est d'ordre psychologique.
Oui, c'est vrai. Je ne peux pas m'empêcher de manger du papier ordinaire, du carton ou du papier toilette. C'est en raison de cette maladie répugnante que j'ai eu le surnom de "Picasso", qui, en fait, est un mot codé, que j'avais adopté avec La Snapback. Lui seul, jusqu'à ce jour, était au courant de ce surnom rabaissant, ce qui m'a poussé à le soupçonner d'être le Poney Blanc.
N'empêche. Je tiens à notifier une chose : je sais que je suis malade, et cette maladie est pour le moins incurable (du moins, de façon médicamenteuse). Point n'est besoin de me rappeler chaque jour qui passe le malheur que j'ai eu de naître dans ce monde. Ce n'est pas comme si j'avais voulu souffrir de cette maladie. Je suis comme ça, un point un trait. À me prendre comme je suis ou à me laisser. Je sais que vous me détestez, mais faites au moins semblant de compatir. Et d'ailleurs, pour quelle raison vous me détestez ? Je n'ai jamais pris quoi que ce soit à personne, pas même la mine d'un crayon. Je n'ai jamais insulté qui que ce soit.
Ma mère est morte. Elle s'est suicidée. Malgré le fait qu'elle ait essayé de me tuer et qu'elle me détestait, je l'aimais. Alors, vous voulez bien, s'il vous plaît, me laisser porter mon deuil au moins une semaine, avant de recommencer à me déstabiliser psychologiquement en m'insultant ?
Mille fois merci au Poney Blanc. Du fond du cœur. Je refoulais ce que j'étais, je ne voulais pas admettre la vérité. Mais en fait, je me suis découverte grâce à lui.
Beaucoup ne savent pas ce que c'est qu'être seul. Être seul, ce n'est pas n'avoir personne à qui parler. C'est être avec des gens qui nous font nous sentir seuls.

#Picasso
#WonderPearl


Ça en avait coupé le sifflet à beaucoup. Ils étaient émus, il y avait beaucoup de commentaires, et les gens avouaient maintenant sans gêne qu'ils avaient aussi le Pica et qu'ils étaient de tout coeur avec Patricia; et à la fin de leur post, il y avait un hashtag PrayForPicasso. Le soir même, Frizzy avait créé une page spéciale "Réconfort" pour tous ceux qui souffraient du Pica, en l'honneur de Patricia premièrement.

Non mais, on aura tout vu.

Le lendemain, tout le monde se pressait autour de Tricky. Tout le monde voulait la réconforter, surtout lorsqu'elle a versé une petite larme, c'était le branle-bas-de combat. Tout le monde voulait la prendre dans ses bras. Tout le monde... Sauf moi.

J'aurai pu venir la consoler, mais mon égo avait pris le dessus. Et tout le monde, même Fresh, me le reprocha. Et cela augmenta la croyance des gens selon laquelle j'étais le Poney Blanc. Désormais, j'étais sur code rouge.

Patricia Miss Parfaite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant