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Pitié, tout sauf ça... Ma mère qui avait une compassion que je ne lui connaissait pas, envers la fille de la voleuse de son mari ! Ça c'était fort.

Le coeur reste le coeur, on ne change pas, on fait juste semblant...

Sacremento avait totalement faux sur ce coup. Ma mère, quand elle mentait, je le savais. Je connais ma mère comme moi-même, et sur ce coup, elle était plus que sincère.

Mais pour quelle raison ? Rien ne se fait pour rien; mais m'a mère n'était pas sournoise.

Patricia était consternée et pâle, la bouche pendante. Son regard allait vers ma mère, puis vers tante Virginie, et rentrer à nouveau vers ma mère. Même moi j'étais bouche-bée.

Un silence de mort s'était installé un moment, et Patricia fut la première à retrouver la parole.

-Euh, madame McAlester, euh... Si je peux me permettre, avec tout le respect que je vous dois, pourquoi vous faites ça ?

Ma mère regarda au ciel et soupira. Ses yeux étaient pleins de larmes mais je savais qu'elle les refoulait de toutes ses forces.

-Il y a une chose que tu dois comprendre, Patricia. Mais cette chose, tu devras la comprendre seule.

De son sac, elle sortit un livre, ce livre si précieux à la famille, ce livre que je connaissais si bien de A à Z... Pensées d'Or.

-Tiens.

-Un livre ? Vous voulez que je lise ce livre ?

-Oui. Page trente-six. Surtout n'oublie pas.

Patricia baissa la tête. Ma mère me regarda et vint m'embrasser.

-Ça va, mon bébé ?

-Maman, tu...

-Non, tais-toi.

Elle savait que j'allais lui demander à coup sûr ce qui se tramait.

Elle se retourna vers Patricia.

-Tu vas adorer Virginie, je te l'assure.

Ayant jeté furtif un coup d'oeil intrigué à tante Virginie, Patricia lui rendit faiblement le sourire que celle -ci lui faisait.

-Bon, Jake et moi, on s'en va pour vous laisser le temps de sympathiser.

Patricia me lança un regard perdu. Elle était inquiète de rester seule avec cette femme qu'elle n'avait jamais vue de sa vie. Le moment serait terriblement gênant...

Je lui pris la main et lui fis une bise sur sa joue molle.

-Ça va bien se passer, t'inquiète.

-Et moi on ne me dis rien, hein ? Fit tante Virginie, d'un air faussement courroucé.

Je vins vers elle et lui fis un câlin très fort.

-Mais bien sûr que si, Virgi-Barbie, ma tante chérie !

-C'est ça... Allez, file !

Je suivis ma mère à l'extérieur malgré moi. Après quelques pas, je me retournai vers la chambre de Patricia, et je vis qu'elles discutaient tranquillement. Deux princesses face à face... J'esperai vivement qu'elles s'entendent, toutes les deux.

Une fois dans le parking de l'hôpital, ma mère chantonnait et essuyait discrètement les larmes qui avaient failli couler plus tôt.
Lentement, je m'assis sur le siège avant de la voiture.

-Maman, tu peux être sincère avec moi ? Dis-je lorsque ma mère s'installa confortablement sur son siège, prête à démarrer.

-Mmmm...

-Pensées d'Or, c'est un livre auquel tu tiens énormément... En dehors de ta Bible, c'est le second livre que tu préfères, et d'ailleurs, tu permettais rarement que moi ou papa y touche. Comment cela se fait-il que tu le cède aussi aisément à Patricia, même si ce n'est que pour un temps ?

Elle se contenta de sourire en mettant lentement sa ceinture de sécurité. Je profitai pour enchaîner :

-Et d'où te vient cette idée de chercher Tante V pour être la famille d'accueil de Patricia ? J'ai du mal à te saisir...

-Tu n'as pas besoin, Jake, dit-elle doucement.

Elle voulu démarrer, mais elle se rendit vite compte qu'elle ne le pouvait pas.

-Mais... Elle est où, la clef de contact ???

Je ne répondis rien. Elle me regarda.

-C'est toi qui l'as ?... Sois gentil, rends-moi cette clef !

-Réponds-moi sincèrement, maman. S'il te plaît.

Elle soupira.

-Jake... Alvina est une pourriture. Rien à y faire. Patricia, par contre, est une gentille fille. Dans toute cette histoire, elle n'y est pour rien du tout. Si tout le monde la rejette, elle deviendra aussi aigrie que cette sorcière d'Alvina... Or, c'est la dernière chose que j'aie envie de faire. Elle n'est qu'une victime, elle aussi... Et en plus, vous vous aimez, elle et toi... Je n'ai pas envie qu'entre elle et moi ton coeur balance... Surtout pas que les cent coups de bâtons me reviennent à moi !

Je voulus sourire, mais je me retins.

-Et le livre ?

-A la trentre-sixième page, l'auteur parle du pardon. Je veux lui montrer qu'en fait, je ne lui en veux pas.

Sans me retenir, je la pris longuement dans mes bras.

-Oh maman... Je t'aime, tu es la meilleure, la femme de ma vie...

Maman, pour toi je ferai tout...

Même si Patricia était ma princesse, ma mère était ma reine.

Sylvie, je t'aime...

Patricia Miss Parfaite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant