Sur le coup, j'ai cru qu'elle plaisantait, aussi je me mis à rire nerveusement.
-Elle est bonne celle-là !
Elle me regardait fixement.
-Jake, je suis sérieuse.
Je souris et regardai mon plat, heurtant nerveusement mon assiette de porcelaine en ratant une branche de brocoli avec ma fourchette.
-Jake, si tu as pu me présenter à elle, c'est parce que tu l'aimes beaucoup, je le sais, et moi aussi je ressens vraiment de l'affection pour elle...
-Mais alors, pourquoi tu es contre le fait que je sorte avec elle ? Qu'est-ce qui te trouble autant ?
Elle avala la salive, rouge de colère. Elle faillit dire quelque chose, quand le téléphone sonna. Elle se leva brusquement et alla décrocher pendant que je fixai mon assiette presque pleine.
-McAlester, je vous écoute... Bonsoir Georges... Oui, on le sait, que tu reviens demain... Oui, il va bien, on dîne... Merci... À demain.
Elle revint s'asseoir et me fixa des yeux.
-Si tu ne romps pas d'avec elle, je m'arrangerai moi-même pour vous séparer.
J'étais en colère, tellement en colère que je ne pus pas finir mon repas. Après avoir débarrassé et mis mon assiette dans le lave-vaisselle, je filai dans ma chambre.
Je ne comprenais plus ma mère. Elle était jalouse de moi, je le savais, mais à ce point ? C'était incompréhensible. Elle qui me taquinait souvent pour que je lui présente enfin une fille ! Le jour tant attendu venait d'arriver, et là elle me demandait de rompre ?
Quelque chose clochait. C'était anormal. Cela avait-il un rapport avec sa causerie avec Tante V ? J'avais des doutes. Mais rien n'était à exclure.
J'ouvris la fenêtre de ma chambre. Tout était calme. C'était relaxant, sentir l'air du Bon Dieu sur soi... Tellement relaxant qu'on pouvait lentement s'envoler au pays des rêves...
Je sursautai. Je m'étais assoupi sur le rebord de la fenêtre. Maintenant, le ciel était complètement noir, et il n'y avait plus personne. Je regardai ma montre : une heure du mat.
Je me grattai la tête et quelques mèches brun foncé tombèrent. J'avais de légères courbatures. Ce monsieur Cricket et ses exercices ! Ils étaient bon à jeter à la mer avec une corde au cou et un rocher au bout.
Soudain, quelque chose attira mon attention. Je vis une personne, vêtu de jeans et d'un pull à capuche en face d'un mur et en train de faire des graffiti avec une bombe aérosol.
Ah ça... Il n'allait pas s'en tirer comme ça. Et quelle idée de mettre un si gros pull par un temps aussi doux ?
Doucement, furtivement, je sortis de la maison par la porte de la cuisine et je me dirigeais lentement vers la personne raide. C'était risqué, les vandales de nos jours sont armés... Mais je détestait les gens qui faisaient des graffitis. C'était pareil pour ma mère. En fait, c'est parce qu'elle nourrissait une si grande aversion pour les graffiti que j'avais eu moi aussi la même haine. Je l'aimais tellement que je haïssais ce qu'elle haïssait.
-Eh, vieux !
Sans se retourner, la personne lâcha sa bombe aérosol et chercha à s'enfuir. Je le rattrapai et habilement, je lui fis un croc-en-jambe et il s'écroula lourdement au sol, sans un cri. Béni soit monsieur Cricket !
-Reste à terre, vandale... La prochaine fois, j'alerte la police, vu ?
Il releva doucement la tête et se retourna vers moi. Je faillis m'évanouir.
-Patricia ??? Purée, mais t'es conne ou quoi, qu'est-ce qui t'a pris de faire une bêtise pareille ???? J'aurais pu te blesser, merde !!!
Je m'empressai de la relever et de l'épousseter.
-Oh Jake...
Elle me pris dans ses bras. Sa joue et ses mains étaient légèrement écorchées suite à sa chute.
-Pourquoi tu fais ça, Patricia ? C'est du vandalisme, c'est indigne de toi...
Patricia avait de l'or dans les doigts. Elle avait dessiné un grand oeil qui pleurait, au milieu de plusieurs nuages, en dessous duquel elle avait écrit "PICAsso" et "CruellAlvina".
-Avec ma mère, c'est insupportable...
-Ta mère s'appelle Alvina ?Elle hocha la tête.
-Je comprend...
-Comment tu trouves mon art ?
-Patricia...-Non, ne me fais pas la morale... Sur un plan purement esthétique, comment c'est ?
-C'est magnifique...
-Regarde, fit-elle en me pointant quelque chose sur le mur.
Vers le bas, il était écrit "Forever SW". La signature de son œuvre...
-C'est magnifique... Tellement magnifique que je crois que je vais me joindre à toi.
Je ramassai une bombe bleue et j'écrivis gauchement en grands caractères : "Snapback aime Bonnet".
Pour une fois j'avais désobéi à maman, j'avais enfreint le code d'honneur... Je venais de commencer une douce rébellion qui, je dois dire, me fit vraiment du bien.
Je fis craquer les os de mon dos en observant attentivement les écrits que je venais de mettre maladroitement sur le mur. Vraiment, j'étais en forme.
Je posai la bombe au sol et revint vers Patricia, et je baissai sa capuche pour admirer sa longue chevelure blonde et soyeuse.
-Qu'est-il arrivé à tes cheveux ?
-CruellAlvina les a coupés.
Ses cheveux lui tombaient net sur les épaules à présent; plus jusqu'à la moitié de son dos comme avant.
-Mais pourquoi ?
-Pour me punir... De toi.
Je ne voulus pas lui dire la conversation que j'avais eue avec ma mère juste après son départ. Je ne voulais pas lui faire plus mal encore.
-Ne t'en fais pas, ma perle... Tant qu'il y aura la vie en toi, tes cheveux pousseront.Mon Dieu, bon sang de bon sang, Sacré nom de Mento, cette fille était belle... Une beauté tellement pure que j'en avais des frissons dans l'échine. Ses yeux brillaient comme des diamants dans les miens.
-J'ai un petit cadeau pour toi...
Elle sortit une casquette repliée de sous son pull, sur lequel était brodé en rouge "SW". Elle me le mit sur la tête.
-Je l'ai fait faire pour toi...
-Merci ma princesse, c'est adorable.
-Je t'aime, Jake... Aime-moi aussi, même si CruellAlvina me prend mes cheveux.
Et doucement, à la lueur faible du réverbère, nos deux ombres s'étreignirent...
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Patricia Miss Parfaite
Fiksi PenggemarLa nouvelle, Patricia "Tricky", est déjà la coqueluche du lycée et c'est l'une de ces filles pour qui tout semble aller bien. Cependant, pour cette "Miss Parfaite" très entourée, la vie n'est pas autant rose que tout le monde le croit... Inspiré des...