Une fois devant mon cahier d'histoire, sur mon bureau, impossible de se concentrer sur Napoléon Bonaparte.
La mère de Patricia avait, à ce qu'elle avait pu constater, un homme dans sa vie. Son père qu'elle chérissait tant était mort il n'y avait que quelques mois, et elle était déboussolée à l'idée qu'un autre le remplace aussi vite.
Deux verres de champagne, des fleurs, des cartes, des cadeaux... C'était indéniable. Fille unique, Patricia était très proche de sa mère. Elle aimait se confier à elle, et elles étaient très complices.
Le simple fait que sa mère lui cache un fait aussi important la troublait, quand bien même elle avait droit à une vie privée en tant que mère... Mais arès tout, il en valait aussi de sa vie, si un autre homme venait s'usurper dans leur famille, osant remplacer de si tôt un père autant aimé !
Dieu merci, j'ai pu finir de reviser mes notes. Soulagé, j'ai pris mon téléphone et passé mes messages en revue. Rien d'intéressant.
J'allumai mon ordinateur portable. Les réseaux sociaux... Qui a donc eu l'idée d'inventer ces machins-là? Le plus ironique, c'est que plus les gens sont sur les réseaux sociaux, plus ils se plaignent du manque de sociabilité. D'ailleurs, en parlant de réseaux sociaux... J'avais bien envie de me rendre sur Facebook.
Je le fis, via le compte d'un cousin, rien que pour voir si Patricia était autant populaire sur les réseaux sociaux qu'à l'école.Perte de temps, je trouvais, d'avoir une panoplie de comptes sur les réseaux sociaux. J'avais déjà Whatsapp et pour tout dire, cela me suffisait amplement.
Je tapais donc tout bonnement sur le clavier de mon ordinateur portable les lettres du nom qui faisait rage au Bridges.
Un seul résultat trouvé, et c'était bien elle. Sa photo de profil montrait le visage d'une jeune blondinette sur lequel était peint des vibrisses et un nez de chat. Elle était plutôt photogénique. Et, ce qui m'a le plus marqué, c'est le nombre de "J'aime" qu'elle avait dessus. Un nombre que je n'avais jamais eu à compter de ma vie.
Sans parler de ses autres photos ! Que de Likes et de commentaires, c'était affolant ! Cette fille était ce qu'on appelle popularité en personne. Elle était mignonne, certes, mais tout de même !
Non mais, quand je pense à toutes les photos cochonnes qu'elle a pu prendre et au maximum de "J'aime " et de commentaires qu'elle a eu en retour, c'était à se demander si ces "J'aimeurs" ne faisaient pas de la concurrence entre eux plus qu'autre chose.
Tenez, la photo du donut par exemple. Il s'agissait d'une photo d'elle (bien entendu) pris en selfie en train de manger un donut avec de la crème rose au dessus, comme celui qu'Homer préfère, dans les Simpsons. On a vu pire, je peux vous l'assurer, mais cette photo a eu plus de "J'aime" que vous ne pouvez l'imaginer; alors que ce pauvre con (mon cousin) qui venait de poster une photo de lui dans la Statue de la Liberté avait eu à peine vingt "J'aime".
Sans parler des commentaires ! Certains étaient d'une stupidité à vous faire perdre la tête. "Mon Dieu, elle tient un crayon !!!!", ça c'était sur une photo qui la montrait en train de se servir d'un crayon pour jouer aux mots fléchés.
"Il t'arrive de pleurer ???" , ça c'était- vous ne le devinerez jamais- sur une photo où elle était demoiselle d'honneur. Quel rapport cette question avait avec la photo? Aucun. Je pense que certaines personnes ne savent simplement se situer mentalement.
La preuve était visible. Tricky était star, et pas seulement au Bridges.
Mon portable vibra. C'était elle.
-«Il t'arrive de lire parfois ? »
-«Non maîtresse, juste mon prénom ! »
-«Morte de rire. Oui, je pouvais bien m'en douter. »
-«De quoi ?»
-«Du fait que tu regardes la série 'HyperBowlee', parce que c'est là que tu as tiré cette réplique. »
-«Hum, mademoiselle fourre son nez ailleurs que dans ses notes, à féliciter!»
-«Très drôle. Blague mise à part, il t'arrive de lire sur Wattpad?»
-«Oui, pourquoi ?»Idiot. Je me reconnaissais bien, là! Jouer l'intéressant alors que je ne savais même pas comment se présentait le logo de l'application.
-«Tu es sûr?»
-«Oui, pourquoi tu dis ça ? »
-«Tu me mens, j'ai l'impression.»Zut. J'avais les mains moites, comme à chaque fois que je mentais.
-«Ouais c'est vrai, tu m'as eu. C'est pourquoi la question au fait ? »
-«Oh... Eh bien, je suis en cours d'écriture d'un livre.»
-«Ah oui? Et c'est quoi le nom ? »
-«Fawn.»
-«Je vais chercher... Tu l'as écrit il y a combien de temps ?»
-«Bof un mois pratiquement...»Bon, installer une fichue application pour livres ne devait pas être terrible... Une inscription vite fait et le tour était joué. Quel était le titre déjà ? Ce titre m'avait rappelé Bambi, ce dessin animé qui avait bercé mon enfance... Mais quel était donc ce fichu titre... Forêt? Non... Mais cela commençait par F aussi. Furie? Fleur ? Fawn. C'était bien ça, Fawn... De quoi cela pouvait bien parler ? D'un petit faon qui avait pour ami un Pan-Pan renard ?
Eh bien non. C'était tout autre chose.
J'ai commencé par être étonné du nombre de vues qu'elle avait, en à peine un mois. Plus de vingt mille vues. Le nombre d'abonnés, ne m'en parlez pas... Je vous laisse imaginer ce nombre, de la longueur d'un numéro téléphonique. Comme pseudo, elle avait choisi WonderPearl. (Le mien c'était J-Snapback.)
Il s'agissait d'une jeune stagiaire en police, Melidra Fawn, très talentueuse, qui avait un faible pour son coéquipier marié, Anton Jeffrey, qui était un psychopathe dans l'ombre. En gros, c'était ça. Mais c'était très intéressant, dans le fond, dans les détails. Cette fille avait la plume... On pouvait aisément constater sa maturité en lisant posément ses vingt chapitres.

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Patricia Miss Parfaite
FanficLa nouvelle, Patricia "Tricky", est déjà la coqueluche du lycée et c'est l'une de ces filles pour qui tout semble aller bien. Cependant, pour cette "Miss Parfaite" très entourée, la vie n'est pas autant rose que tout le monde le croit... Inspiré des...