Patricia Miss Parfaite

46

Juste après un contrôle rapide de mademoiselle Kelvin, mon portable vibra.

-«Dis, ça te fait plaisir de faire souffrir les autres ???»

Je connaissais pas ce numéro, mais je savais que ça ne pouvait pas être Patricia. Je regardai autour de moi et je vis les yeux de braise de Frizzy qui me fixaient, sans cligner. C'était donc elle. Mais que lui avais-je donc fait, bon Dieu ? À moins que...

-«C'est de Patricia dont tu parles ?»

-«Non»

-«De qui alors ? »

-«De moi»

-«Qu'est-ce que je t'ai fait ???»

-«Ça te fait vraiment plaisir de faire ça aux gens ? Tu pouvais juste me dire que tu connais mon vrai prénom au lieu de m'envoyer un SMS satirique signé Poney Blanc»

-«Mais de quoi tu parles ? »

-«Arrête ton cirque. Bye.»

Et voilà que Frizzy me parlait d'une histoire de prénom à la noix. Un coup de cet animal de Poney Blanc.

Plus tard, à la récréation, je demandai à Fresh:

-Frizzy est le vrai prénom de Frizzy ?

-Comment ça ?

-Fais pas celui qui sait pas, renoi. Je sais que tu sais quel est le prénom réel de Frizzy.

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose puis la ferma. Puis il dit:

-Je ne te le dirai pas.

Quelque chose, comme une sonnette, résonna dans ma tête.

-Donc tu le connais...

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Elle te l'a dit ???

-Non. Elle a reçu un message.

Je le fixai.

-Un message du Poney Blanc.

Fresh me regarda un moment puis compris ma crainte.

-Woh Woh Woh Woh, dit-il en reculant de quelques pas, les mains levées.

-Jake, je vois tout de suite où tu veux en venir, et je te dis tout de suite que NON, je ne suis pas le Poney Blanc.

-Fresh, tu es le seul au courant de son prénom, seul avec les profs. Tu ne vas quand même pas insinuer que le Poney Blanc est un prof ?!?!?

-Tout comme tu étais le seul au courant de Picasso.

Aïe. J'étais fait.

-Alors, Einstein ?

-Mais avoue que c'est quand même... étrange. Personne n'est au courant à part toi, même pas Patricia...

-Ah bon, parce que c'est pas étrange que toi tu aies su pour Picasso avant tout le monde, peut-être ?

-Et si c'était elle le Poney Blanc ?

-Elle qui ?

-Naomi Campbell.

-Non mais t'es timbré ou quoi ??? Fritch ??? Le Poney Blanc ???? Tu te fourre le doigt dans l'œil jusqu'au sacrum. C'est pas parce qu'on t'a accusé toi que tu peux accuser n'importe qui.

Quel idiot d'oublier que j'étais en présence de l'amoureux de Frizzy le plus affermi ! Quel idiot aussi d'oublier que Frizzy n'était pas assez fute-fute pour être le Poney Blanc.

-Bon, bon, désolé. Et Tasha ?

-Non, ce serait trop évident.

-Cody ?

-C'est une chiffe molle ! Moi je parie pour Lucy.

Je secouai énergiquement la tête, manquant de faire tomber ma snapback, les sourcils froncés.

-C'est mort.

-Ah ? Et pourquoi ?

-Parce que c'est mort, abruti !

-Ouais vas-y c'est bon...

-Eh, quand on parle du loup...

Justement, Lucy venait droit vers nous au pas de gymnastique, ses bottes faisant un joli bruit sur le pavement. Elle était vêtue d'un slim rouge, d'un débardeur blanc avec une croix cloutée noire, une veste noire en cuir.

-Ma petite chérie !

-Jake, il faut que te parle...

Elle lança un regard de braise à Fresh.

-...Seul.

Fresh ne se fit pas prier et s'éloigna, les écouteurs dans les oreilles.

-Pourquoi tu as l'air affolée ?

-J'ai un mauvais pressentiment... Je ne sait pas, mais ça ne sent pas bon, ça...

-Quoi donc ?

-Cody boit.

Je n'étais pas du genre à blesser Lucy mais là, franchement...

-Sans vouloir être vexant, je ne vois pas trop où il est, mon problème. Qu'il boive, je m'en ouf, et je me demande pourquoi tu...

Elle se gratta la tête et fit une grimace.

-Quelque chose va se produire. Tu verras. J'en ai le pressentiment.

Combien ma petite chérie avait raison...