Patricia Miss Parfaite

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En l'appelant ainsi, je venais de l'humilier en public. Les gens autour de nous ne comprenaient pas comment on pouvait se disputer entre autre pour un peinte mort il y a des lustres. Seuls elle et moi (et bien sûr Le Poney Blanc) savions ce qu'il en était réellement.

Confuse, la bouche ouverte, les muscles détendus, elle me regarda un moment dans les yeux. Nous nous fixions comme deux taureaux prêts à se battre. Puis, après quelques minutes qui semblèrent une éternité, elle murmura les mots qui avaient l'effet d'une bombe :

-Je veux rompre.

Je veux rompre... Je veux rompre... Je veux rompre...

Exactement comme... Tasha...

Ces mots tourbillonaient dans ma tête, affaiblissant chaque neurone de mon cerveau. Décision prise sur un coup de tête, sous l'effet de la colère...

J'avais été maladroit, d'accord. Je lui avais caché un fait important, d'accord. Mais il y avait moyen de s'asseoir tranquillement et discuter au lieu d'incriminer les gens sans raison. Elle n'avait pas non plus les mains complètement blanches. Elle m'avait menti et m'avait accusé à tort d'être Le Poney Blanc. Et c'était plutôt vexant.

-C'est comme tu veux.

Elle tourna les talons, renifla fortement et se fraya un chemin au milieu de la foule qui nous entourait. Frizzy me lança un regard perdu avant de courir rejoindre son amie. On me regardait. Les uns avec méchanceté et froideur, les autres avec compassion. Fresh posa sa main sur mon épaule.

-Jake...

-Non, ne dis rien. J'ai eu ma dose pour aujourd'hui.

Patricia avait pu avoir presque la majorité de son côté. Et franchement, beaucoup de gens pensaient à présent que j'étais Le Poney Blanc. Tout m'accusait. Cody ? Il n'avait jamais fait de mal à une mouche. Si on le connaissait, c'était parce qu'il "sortait avec l'ex de Jake", rien de plus. Moi je n'étais qu'un séducteur calmé.

En tout cas, vous me jugerez comme vous voudrez, j'étais certain d'avoir raison à au moins quatre-vingt-dix pourcents.

Tricky était devenue la risée de ses ennemis. Des gens prenaient leur pied pour se moquer d'elle sur les réseaux sociaux à cause de sa maladie, ils l'appelaient "PICAsso", la ridiculisaient avec des caricatures. Elle me faisait pitié, mais d'un autre côté je voulais que ça lui serve de leçon. Elle ne m'adressait même plus la parole, et Lucy m'avait informé que le jour même de notre rupture, Le Poney Blanc l'avait publié.

Il s'était formé des pro-Jake et des pro-Tricky à Bridges. Autre fait notable, chaque fois que Tasha surprenait quelqu'un entrain de se moquer de Patricia, immédiatement elle le remettait à sa place, pour prêter main forte à Frizzy. Même sur Facebook. Elle n'avait pas hésité à insulter le Poney Blanc.

Tasha n'était ni de mon côté, ni du côté de Patricia. Elle était impartiale, mais elle se rapprochait de plus en plus de Tricky, à mon grand étonnement. Elle avait changé, bon, mais quand même ! Mais je n'étais pas jaloux, attention.

Lucy se rapprochait encore et encore plus de moi, me voyant comme un confident et non comme un amoureux. Elle et moi nous avions au fil des jours une amitié de plus en plus nouée, un amour purement platonique.