Patricia Miss Parfaite

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Bridges avait une page Facebook, créée par un élève, depuis belle lurette. En fait, cette page existe depuis que j'y ai mis mes pieds. Il y avait dessus des renseignements concernant l'école, de citations, des photos, des dates clés et j'en passe.

Fresh et moi étions en train de discuter au sujet du match de basket-ball qui avait eu lieu la veille lorsque Fresh changea de sujet.

-Dingue !

-Quoi ?

-Le Poney Blanc vient de poster un message... J'y comprend rien.

Le Poney Blanc, vous savez qui c'est ? Certainement pas. Parce que, moi non plus. En fait, personne ne savait qui était Le Poney Blanc, si ce n'était le Poney Blanc lui-même.

C'était un stupide farceur qui s'amusait à poster sur la page Facebook de Bridges des "vérités", des scoops sur des élèves, parfois très gênants, sur un ton sarcastique. Lorsque j'ai rompu d'avec Tasha, Le Poney Blanc l'avait dit. On pouvait supposer qu'il s'agissait d'un élève de Bridges lui-même.

-Ça dit quoi ?

-"Certains aiment les tartes, d'autres le chocolat, mais certains raffolent de papier au dessert ! À suivre, la preuve en images."

Ce genre de post était suivi peu de temps après d'une photo de la personne attrapée en flagrant délit.

Oh Seigneur... Pourvu qu'il parle d'une autre personne que de Tricky parce que jusque là, rien de gênant n'avait été dit sur elle, depuis la naissance du Poney Blanc jusqu'alors.

-Dis-moi Fresh, si tu avais l'identité du Poney Blanc, tu ferais quoi ?

-Je lui filerai des baffes d'avoir posté que j'avais "brisé le cœur de Frizzy Cashmere". Et d'ailleurs, ils ont dit la même chose sur toi, en parlant de Tasha.

-Hmmm.

-Ce que j'ai aimé, c'est quand le Poney Blanc a posté que Tasha était ridicule juste après la battle avec Tricky. J'adore son sarcasme !... Sauf quand il parle de moi... Ou de toi.

J'avais l'impression que le temps avait décidé de partir en vacances. Franchement, c'était une journée des plus nulles. J'avais décidé de passer du temps avec Patricia après les cours, question de me redonner un peu la joie de vivre.

À la fin des cours, je me mis à sa recherche, sans la trouver. Frizzy me dit qu'elle était au petit coin. Super. J'allais l'attendre devant jusqu'à ce qu'elle sorte. C'est malpoli de faire ça, et voir une personne inattendue n'est sûrement pas la première envie d'une fille qui revient du "champ de bataille", mais j'avais vraiment envie de parler avec elle. Je m'en foutais du sujet.

Lorsqu'elle me vit, elle eut exactement la réaction à laquelle je m'attendais. La surprise.

-Jake ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

-Pourquoi mon prénom te semblait bizarre au début ?

Elle me regarda de façon étonnée et regarda autour d'elle. Je me reconnaissais bien, moi ! Un abruti. Je pouvais juste lui dire que je voulais l'entendre me parler, c'est tout.

-Jake, ça va ?

-Oui ça va. Mais je me rends compte que je n'ai jamais trouvé de réponse à cette question, alors je t'écoute.

Je ne savais même pas pourquoi je disais ça.

-Euh... Ben euh... Parce que je ne connais personne sous ce nom au Canada, mais pourquoi cette question... Ici ? Et pourquoi maintenant ? T'avais vraiment besoin de m'attendre devant les toilettes ?

Alors qu'elle parlait, je pus constater qu'elle venait d'avaler je ne savais quoi et qu'il y avait comme des miettes blanches dans sa bouche.

-Tu manges aux toilettes ?

Elle mit brusquement sa main sur sa bouche et devint toute rose.

-Non mais c'est quoi toutes ces questions bizarres ! Pour quelle raison je mangerais aux toilettes ?

-Oh mais je n'en sais rien, moi ! Les filles sont ce qu'elles sont.

-Il y a un problème ?

-Non, non... Pas du tout. Je voulais discuter avec toi, c'est tout. Dis, tu peux m'attendre dehors s'il te plaît ? Je fais un truc vite fait et j'arrive.

-Euh... D'accord.

Je la retins du bras.

-Patricia ?

-Oui ?

-Tu me promets que mademoiselle Kelvin ne fait pas son boulot sur toi en vain ?

Elle fit la moue.

-Quoi ? Mais oui, ne t'en fais pas. Ça va, elle est adorable. Bon je t'attend dehors.

Je fis mine de m'en aller et discrètement, je me dissimulai derrière un mur et je lorgnai Patricia. Je la vis regarder prudemment autour d'elle et fourrer rapidement quelque chose dans sa bouche, puis continuer pépère son chemin jusqu'à la sortie.

Pour la première fois, j'ai douté de Patricia.

Je me mis à la recherche de mademoiselle Kelvin. Mais où la chercher ? Dieu merci, après quelques mètres, je heurtai sans le vouloir sa meilleure amie, madame Valesco.

-Désolée madame, mais ne sauriez-vous pas où est mademoiselle Kelvin ?

-Oh eh bien, je viens de la laisser au laboratoire de chimie.

-Merci beaucoup, madame.

Pressant le pas car je craignais de ne pas la trouver, j'ouvris brusquement la porte du local de chimie. Elle sursauta. Elle tenait un écritoire et était en train d'écrire quelque chose au crayon. Elle me regarda au travers de ses lunettes.

-Bon Dieu !
 
-Désolée mademoiselle Kelvin, je ne voulais pas vous faire peur. Je voulais m'entretenir avec vous.

-Ah bon ?

Elle posa son écritoire et son crayon sur une table.

-Je t'écoute.

Je fermai la porte et je me dirigeai vers elle.

-Mademoiselle Kelvin, je sais que vous détestez parler de vos patients.

Elle fronça les sourcils.

-Mes patients ? Comment ça, mes patients ?

-Je vous considère comme un psy.

Elle éclata de rire.

-Jake ! Moi, psy ? Demanda-t-elle entre deux rires.

-Pourquoi pensez-vous que Rica et Patricia viennent vers vous ?

-Ah, Rica Earl ! J'avoue modestement que j'ai été une aide pour elle, mais de quelle Patricia parles-tu ?

-Patricia Weldon.

-Ah, ta charmante amie ?

Elle fronça les sourcils.

-Je donne volontiers de mes conseils à Patricia LaMontagne, mais je peux te garantir que je n'ai encore jamais eu l'occasion de le faire avec Patricia Weldon.

Je faillis m'évanouir.

-Vous... Vous êtes sérieuse ?

Elle hocha la tête.

-Elle n'est venue qu'une seule fois vers moi, disant qu'elle avait à me dire dans un avenir proche. Mais elle n'est plus jamais revenue. Je suppose que tout s'est arrangé.

-Attendez, on ne parle pas de la même Patricia il me semble. Celle dont je parle est belle, mince, blonde, elle a...

-Des yeux bleus, porte des lunettes et est très intelligente. Je sais qui est Patricia Weldon.

J'avais le vertige. Elle m'avait menti...